Une fois de plus comme tout grand mystique Farid Attar dans un passage du cantique des oiseaux nous emmène aux limites de la parole pour aller vers la seule chose qui compte ,dont Bernard parle sans cesse et qui doit être le but de tout chercheur « sérieux » : LA FUSION DU CHERCHEUR EN CE QUI EST CHERCHÉ, LA FUSION DU PARTICULIER DANS L’IMMENSITÉ, LA FUSION DE L’ AMOUR LIMITÉ ET PARTICULIER DANS L’AMOUR TOTAL!
Cette fusion ne peut s’apprendre dans aucune école,aussi belle soit-elle, elle ne peut partir que de l’étincelle de son propre cœur parfois revivifiée au contact de l’AMOUR TOTAL DE L’ÊTRE RĖALISÉ, qui lui a fait le chemin et qui rayonne de Sa lumière.
Mais cette fusion n’est pas un concept de plus pour touristes de la spiritualité,elle nécessite une passion de chaque instant et surtout comme le dit ATTAR, de SE PERDRE SOI-MÊME, et rien que cette évocation en décourage plus d’un.
Pourquoi faudrait-il perdre alors que tout ce monde nous pousse à amasser et à faire de notre « ego » une forteresse ?
Voilà pourquoi ,pour prendre des forces et revivifier notre recherche il est bon de tourner le regard vers ces Êtres Rėalisės qui sont un ferment précieux pour la recherche, aussi bien par leur présence ou que par la simple lecture avec notre cœur, de leurs paroles!
Nous ne savons pas toujours à quel point ces Êtres sont une chance immense pour le monde et du cadeau qu’ils font à chaque instant à celui-ci , que nous en soyions conscients ou pas!
Hélas! Personne ne peut soutenir sa Vision
Le monde n’est que Soleil, mais les yeux sont aveugles.
Oui si tu Le voyais tu perdrais la raison
Tu te perdrais toi-même en ne voyant que Lui
Comme il est étonnant de voir que tant de gens
Tout en courant,s’excusent,et ne cherchent qu’à fuir
Ô Toi, si invisible à force d’être visible
Le monde entier est toi, rien d’autre n’est visible
Elle est cachée dans le corps,l’âme,et Toi dans l’âme
Ô Toi caché dans le caché,Âme de l’âme!
Toi qui fus avant tout et qui est plus que tout
Toi qui as tout donné et qui nous est donné
Que faire avec ces sentinelles sur Ton toit
Et à ta porte?Mais comment accéder à Toi?
L’âme ni la raison n’accèdent à Ton Essence
Et personne ne peut saisir Tes attributs
Tu es le trésor caché dans l’âme et pourtant
Dans le corps et dans l’âme tu es si apparent
Si la raison parfois entrevoit ta présence
Jamais elle ne saura pénétrer Ton Essence
Tu n’es pas ce que je dis et tu l’es aussi
C’est par toi que je vois l’univers tout entier
Et dans tout l’univers,aucun signe de Toi!
Mais que dire de Toi que nul ne peut décrire ?
Comment parler de Toi,quand moi,je ne sais rien?
Regarde ces chercheurs parvenus à Sa porte
Ils sont venus ensemble,unis les uns aux autres
Chaque atome du monde ouvre un portail nouveau
Chacun conduit vers Lui,par une voie nouvelle
Que sais-tu du chemin, que toi tu devras suivre?
Que sais tu de la Voie qui te mènera à Lui?
Ce que tu dis, ce que tu sais, ce n’est que toi
Connais-toi donc toi-même pour être cent fois toi
Mais Lui connais-Le par Lui-même et non par toi
Car Lui ouvre vers la voie vers Lui, pas ta raison!
Lui, inatteignable par ceux qui Le décrivent
Qui est inaccessible aux manants ignorants
Si impuissance et connaissance sont sœur de lait
C’est qu’Il ne peut ni être décrit,ni pensé
De Lui les créatures n’ont part qu’aux illusions
De Lui tout ce qu’on dit se perd dans l’impossible
Qu’on dise tout le bien ou tout le mal que l’on pense
On ne dira de Lui que ce que l’on est,soi
Il est au dessus des sciences,hors évidence
Et rien ne peut se voir de sa Sainte Majesté
Aucun signe de Lui n’existe hors le sans signe
Il n’y a pas d’autre issue que Lui donner sa vie!
Chaque atome des mondes n’est pour toi qu’illusion
Ce que tu sais n’est jamais Dieu, mais ton idée !
Là où Il est, Il est à personne à jamais
Là où Il est, qui pourra L’atteindre jamais?
Ni la raison n’atteint le trésor de l’union
Ni l’âme pure qui n’est plus, si elle est en ces lieux!
Qu’est ce que l’âme ? Une amante en errance de Lui
Et le cœur? Un souffrant, ensanglanté pour Lui!
Mais cesse ces analogies, chercheur du Vrai!
Le « sans pareil » échappe à toute analogie.
Qui suis-je donc pour me flatter de le connaître ?
Celui-là le connaît, qui ne connaît que Lui.
Comment la description peut rendre compte de l’Être?
Crois-tu vraiment qu’il soit si facile d’en parler?
Ne dis pas « Lui », tu ne saurais le désigner
Ne souffle mot, puisqu’il ne saurait être dit
Il ne tient dans les mots, ni dans les allusions
Personne ne le connaît, et nul n’en sait les signes
Toi annihile -toi, c’est la seule perfection
Toi, perds toi à toi- même,car c’est cela, l’Union.
De toi, perds-toi en Lui, car. C’est cela la Fusion
Tout autre que cela n’est que vaine prétention !
Ce passage du cantique des oiseaux est toujours issu de la traduction de Leili Anvar que je trouve pour ma part lumineuse et poétique,elle est éditée chez Diane De Selliers.