La Ribhu Gita, littéralement « Chant de Ribhu », est la sixième partie du Shiva Rahasya, un texte mystique légendaire d’Inde. La totalité de la Ribhu Gita est censée représenter l’enseignement donné au Sage Ribhu par Dieu lui-même, sous la forme de Lord Shiva, l’aspect sans forme de la divine activité, en laquelle tous les êtres et choses sont déjà éternellement absorbés.
Bhagavan Sri Ramana Maharshi attribuait une valeur unique à cet exposé lucide de la vérité suprême.
C’est Paliniswami qui apporta à Ramana une copie du texte de la Ribhu Gita. Ce dernier racontait souvent à quel point il fut surpris d’y découvrir l’exacte description de sa propre Réalisation et de celle de tant de chercheurs.
Voici ci- après un condensé de 6 versets, choisis par Ramana, parmi le texte entier de la Ribhu Gita et il considérait que ces six versets représentaient le cœur de son enseignement.
Suite à ce condensé, je vous transmets le fameux texte du chapitre 26 de la Ribhu Gita au sujet duquel Ramana aurait dit que de le lire avec attention aurait suffi à faire rentrer en Samadhi et en état de Réalisation du Soi.
1) Le concept : « je suis le corps » provient de l’organe interne sensible (c’est- à- dire le mental).
Il fait partie du samsara illusoire.
C’est la source de toutes les craintes sans fondement ;
S’il n’en reste aucune trace : alors tout devient Brahman (le Soi) .
2) Le concept : « je suis le corps » est l’ignorance fondamentale.
On le connaît comme étant le nœud du cœur (hrdayagranthi).
Il donne naissance aux concepts d’existence et de non-existence.
S’il n’en reste aucune trace : alors tout devient Brahman (le Soi) .
3) Le Jiva (l’individu séparé) est un concept.
Dieu, le monde, le mental, les désirs, l’action, la peine et toutes les autres choses ne sont que concepts !
4) Le mental est irréel. Il est comme un spectacle de magie. C’est le fils d’une femme stérile.Il est absolument inexistant.
Dès le moment où le mental disparaît, il n’y a plus de concepts, plus de guru, plus de disciple, plus de monde, plus d’individu séparé.
Tous les concepts se résolvent en Brahman (Le Soi).
5) Le corps et toutes les choses ne sont que des concepts, l’audition, le raisonnement, les perspectives différentes ne sont que des concepts.
La recherche du Soi est un concept.
Toutes les autres choses sont également des concepts.
Les concepts donnent naissance au monde, à l’individu séparé et à Dieu lui-même.
Il n’y a rien qui ne soit en dehors des concepts.
En fait au bout du compte : tout est le Soi !
6) Demeurer sans concept est l’état indifférencié, qui fait Un avec le Soi.
C’est la Sagesse et la Réalisation.
C’est l’état Naturel.
S’il ne reste plus aucun concept : alors le Soi sera réalisé.
Chapitre 26 versets 1 à 45 de la Ribhu Gita.
1.
Je vais t’exposer maintenant la méthode pour demeurer dans la Réalité indifférenciée qui inclut tout. Cet enseignement est secret et difficile à comprendre
même avec l’aide de nombreuses Saintes Écritures. Même les êtres célestes et les praticiens de disciplines spirituelles qui l’ont tenue pour chère l’ont acquise avec difficulté. Suis ce que je dis, et en plongeant dans la Réalité, sois heureux.
2.
Mon fils! Les sages réalisés disent que l’inhérence absolue dans la Réalité signifie devenir un avec l’immuable, tranquille, non duel Être suprême absolu qui est Être-Conscience-Béatitude, et le Soi de tous, et faire du mental baladeur un avec Cela, comme l’union proverbiale du lait et de l’eau, absolument libre de tous les concepts.
3.
Quand on scrute la variété de la manifestation, on réalise qu’elle n’existe pas réellement et que tout est l’indifférencié Être Suprême Absolu qui n’est pas différent du Soi et de soi-même. Faites en sorte que cette connaissance devienne ferme par une pratique constante.
Alors détournant ton regard de tout, devient un avec la Réalité Suprême Absolue, et demeurant en Cela, sois heureux.
4.
Demeure en tant que Cela qui ne montre, après être scruté, aucune dualité dans la forme de ces objets variés ou sans la moindre trace de cause et d’effet, Cela en quoi, quand le mental est absorbé en Cela, il n’y a aucune peur de la dualité, du tout et sois toujours heureux, inébranlable et libère la peur montant de la dualité.
5.
Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a ni pensées, ni imaginations, ni paix ou self-contrôle, ni mental ou intellect, ni confusion ou certitude, ni être ou non-être, et aucune perception de dualité et sois toujours heureux, inébranlable et absolument libre de la peur qui monte de la dualité.
6.
Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a aucun défaut ni aucune qualité, ni plaisir ou douleur, ni pensée ou silence, ni misère, ni austérités pratiquées afin de se libérer de la misère, ni idée « je-suis-ce-corps », ni objet ou n’importe quelle perception -et sois toujours heureux, libre de toutes les traces de la pensée.
7.
Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a aucun effort, ni physique, ni mental, ou verbal, ou de n’importe quelle sorte, ni péché ou vertu, ni attachement avec ses conséquences et sois toujours heureux, libre de toutes les traces de la pensée.
8.
Demeure en tant que Cela où il n’y a ni pensées ni penseur, ni création, préservation ou dissolution du monde, rien à aucun moment et sois heureux, libre des traces de la pensée.
9.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucun pouvoir d’illusion limitant le Soi, ainsi que ses effets, ni connaissance ou ignorance, ni âme séparée ou Seigneur de la Création, ni être ni non-être, ni monde ni Dieu et sois heureux, libre de toutes les traces de la pensée.
10.
Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a pas de dieux et leur adoration, ni aucun des trois aspects divins du Créateur, Préservateur et Destructeur, ou méditation sur eux, ni Dieu sans forme Suprême, ni méditation sur Lui et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.
11.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y aucun esclavage mûrissant vers des bonnes œuvres, ni recherche de dévotion au Divin, ni sagesse consciente, ni fruit de l’action à savourer, ni état suprême séparé de lui, ni moyens d’obtention, ni objets à atteindre, et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.
12.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a ni corps, ni sens, ni forces vitales, ni mental, ou intellect ou imagination, ni ego ni ignorance, ni personne qui s’y identifie, ni macrocosme ou microcosme et sois heureux toujours, libre de toutes les traces de pensée.
13.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a ni désir ni colère, ni cupidité ni illusion, ni mauvaise volonté ou orgueil, ni impuretés de l’esprit, ni les fausses notions d’esclavage et de libération et sois heureux, libre de toutes les traces de pensée.
14.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a ni commencement ni fin, ni sommet, ou bas, ou milieu, ni lieu sacré ou dieu, ni offrandes ou actes pieux, ni espace ou temps, ni objets de perception et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.
15.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune discrimination entre le réel et l’irréel, aucune absence de désir, aucune possession de vertus, aucun espoir de libération, aucun maître compétent ou disciple, aucune connaissance établie, aucun état réalisé, aucune libération de son vivant ou après la mort, rien de tel à aucun moment et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.
16.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a pas de Saintes Écritures, ou de livres sacrés, personne qui pense, aucune objection ou réponse, aucune théorie à établir ou rejeter, rien d’autre que un Soi et sois toujours heureux, libre de la moindre trace de pensée.
17.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucun débat, succès ou échec, aucun mot et son sens, aucun discours, aucune différence entre l’âme et l’Être suprême, aucune des multiples causes et conséquences et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.
18.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucun besoin d’écouter, réfléchir ou pratiquer, aucune méditation à pratiquer, aucune différence d’égalité, inégalité, ou contradictions internes, ni mots et leurs significations et sois heureux toujours, libre de la moindre trace de pensée.
19.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune peur de l’enfer, ni joies célestes, ni mondes du Dieu Créateur ou d’autres dieux, et rien qui puissent être obtenu d’eux, ni autre monde ou univers de n’importe quelle sorte et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.
20.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune trace des éléments ni aucun iota de leurs dérivés, aucun sens du « je », ou « mental », aucune imagination mentale, aucun défaut d’attachement, aucun concept quel qu’il soit et sois heureux toujours, libre de la moindre trace de pensée.
21.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune des trois espèces de corps (corps physique grossier, subtil interne, ou sans forme et plus subtil encore), le rêve et le sommeil, rien des trois sortes d’âmes (celles qui sont pleinement préparées à l’avancement spirituel, celles qui sont moins préparées, et celles qui ne sont pas préparées du tout), aucune des trois sortes d’afflictions (celles du corps, celles causées par les éléments, et celles causées par les êtres subtils et les pouvoirs spirituels), aucune des cinq couches fonctionnelles (physique grossier, vital, psychique-émotionnel, mental, et celle de béatitude sans forme), et personne pour s’identifier à elles- et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.
22.
Demeure en tant que cela en lequel il n’y a objet sensible, ni pouvoir de masquer la Réalité, ni différence d’aucune sorte, aucun pouvoir de projeter des objets irréels, aucun pouvoir d’aucune sorte, aucune notion fausse à propos du monde et sois heureux toujours, sans la moindre trace de pensée.
23.
Demeure en tant que Cela en lequel il n’y aucun organe des sens ni personne pour les utiliser, Cela en lequel la grâce transcendante est expérimentée, Cela qui est absolument immédiat, qui donne l’immortalité quand on le réalise et qu’on l’atteint, et le devenant, on se libère du cycle des naissances et des morts et sois heureux encore, sans la moindre trace de pensée.
24.
Demeure en tant que Cela, en en réalisant et expérimentant la grâce, toutes les joies apparaissent comme les joies de Cela, qui, clairement connu pour être soi-même, montre qu’il n’y a rien qui soit séparé de soi-même, et le sachant, toutes sortes d’âmes séparées sont libérées et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.
25.
Demeure en tant que Cela, ne réalisant qu’être soi-même, il n’y a rien d’autre à connaître, tout devient connu et tout but est accompli et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.
26.
Demeure en tant que Cela qui est atteint facilement quand on est convaincu de n’être pas différent du Suprême Absolu, d’où résulte, quand la conviction devient ferme, l’expérience de la Suprême Grâce du Réel, ce qui produit un sens de satisfaction incomparable et complète quand l’esprit est absorbé en Lui et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.
27.
Demeure en tant que Cela qui conduit à la complète cessation de la misère quand la conscience est absorbée en Lui, et à l’extinction de toutes les idées de « je », « tu » et « l’autre », ainsi que la disparition de toutes les différences et sois heureux toujours, sans la moindre trace de pensée.
28.
Demeure en tant que Cela en lequel, quand l’esprit est absorbé en Lui, un demeure sans un second, rien d’autre que soi n’est vu comme existant et l’incomparable grâce est expérimentée et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.
29.
Demeure en tant que Cela qui est Être indifférencié, conscience indifférenciée, Grâce indifférenciée, absolument non duelle, la Réalité Absolue indifférenciée:
Et avec la ferme conviction que tu es Cela, sois toujours heureux.
30
Demeure en tant que Cela qui est « je » aussi bien que « tu », aussi bien que « tous les autres », qui est LA BASE de tout, L’UN SANS SECOND, extrêmement pur, totalité indifférenciée :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
31
Demeure en tant que Cela où il n’y a plus ni concept ni quoi que ce soit d’autre, là où l’ego cesse d’exister et où les désirs disparaissent et où le mental et toutes les confusions arrivent à extinction :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
32
Demeure en tant que Cela où il n’y a plus ni conscience du corps, ni les diverses fonctions de l’existence manifestée, ni aucune perception des objets.
Demeure en Cela où le mental est mort et où l’âme devient une avec la réalité, les pensées dissoutes et , vide de toute croyance :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
33
Demeure en tant que Cela où il n’y a plus aucune pratique méditative, plus aucune ignorance ou connaissance ou activité d’aucune sorte.
Demeure en Cela qui est la Réalité suprême :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
34
Demeure en tant que Cela où, lorsque l’on y a complètement fusionné, on éprouve le Bonheur pur et plus jamais la misère, dans Cela où l’on ne voit rien, dans Cela où l’on ne renaît plus, dans cela où l’on ne se prend jamais plus pour un individu séparé et où l’on devient le SOI :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux!
35
Demeure en tant que Cela qui est vraiment la Réalité absolue et suprême , Dieu sans forme, l’Être absolument pur, l’État suprême, la Conscience absolue, la vérité suprême en SAT-CHIT- ANANDA :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
36
Demeure en tant que Cela qui est l’Être suprême absolument pur, le Bonheur absolu, l’Être profondément subtil, brillant par lui-même, non-deux et indifférencié :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux!
37
Demeure en tant que Cela qui est la vérité absolue, la tranquillité suprême, l’Être éternel sans attribut, LE SOI, l’Être suprême indifférencié :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
38
Demeure en tant que Cela qui est tout du point de vue empirique et rien du point de vue absolu , le SAT-CHIT ANANDA toujours tranquille avec rien de séparé de Lui, l’Être existant par lui-même :
Et avec la ferme conviction que tu es CELA : sois toujours heureux !
39
je t’ai ainsi clairement expliqué ô Nigadha comment être un avec le SOI, en te rappelant constamment que tu es un avec Lui, tu peux atteindre cet état de Bonheur permanent.
Et après avoir fusionné avec le SOI, tu n’éprouveras jamais plus la misère provenant de l’identification avec la naissance et la mort.
40
Tout est l’Être suprême qui est SAT-CHIT-ANANDA et je suis Cela en cultivant sans cesse cette pensée pure et en me débarrassant des pensées impures.
Puis mon fils, te débarrassant même de cette ultime pensée et résidant sans cesse dans l’état de Plénitude : tu Réaliseras l’état non duel et indifférencié.
41
Les pensées pures et impures sont une des caractéristiques du mental ;
Il n’y a aucune pensée errante dans le SOI.
Demeure par conséquent en tant que Cela et libère -toi des pensées impures du mental.
Reste tranquille comme une pierre ou un rondin de bois : ainsi tu seras toujours heureux.
42
En pensant constamment au SOI et en oubliant toutes les pensées, y compris les pensées sur le SOI, tu deviendras le SOI.
Même un grand pécheur qui entend et comprend cet enseignement va être délesté de ses péchés et devenir le SOI.
43
Les nombreux textes spirituels ont déjà largement prescrit la méditation comme moyen de purifier le mental.
Pour que ceux qui ont déjà atteint la purification du mental puissent atteindre aisément la Réalisation et le Bonheur absolu et illimité:il suffit de rester tranquille comme une pierre au sein de l’indifférencié et du « Dieu » sans forme.
J’ai déjà exposé la nature de cette Réalisation.
44
Par conséquent, après avoir atteint la pureté du mental en pensant constamment que tout ce qui est connu est le Soi,et que le Soi est en fusion totale avec la Réalité absolue : la Réalisation peut être obtenue ICI ET MAINTENANT
Moi, le sage Ribhu, j’ai parlé de la Vérité de cette manière et je l’ai exposée ainsi que le plein état d’Être à Nigadha.
45
Lorsque l’on est convaincu que l’on est toujours celui qui est SAT-CHIT-ANANDA et que l’on réside en Cela dans un état de fusion complète, on se débarrasse des liens illusoires de l’identification avec la naissance et la mort et on atteint la libération.
Ceci est la résultante de la danse totalement heureuse de notre « Dieu » indifférencié.