Le Yoga Vasistha est un des sommets de la spiritualité, très vénéré en Inde , aussi bien pour sa teneur philosophique et mystique que pour sa qualité poétique.
Aucun spécialiste depuis des, siècles n’a pu se mettre d’accord sur sa date de rédaction et jamais une telle amplitude d’incertitude ne semble avoir eu lieu pour un texte sacré( les estimations s’étalent entre le 6ième et le 12ième siècle!!!!) et quant à son auteur(bien qu’ayant été attribué à Valmiki) tout le monde s’accorde à dire qu’il est inconnu et que c’est peut être l’œuvre de plusieurs rédacteurs.
Tout ce mystère qui l’entoure lui confère d’autant plus d’importance et en fait (comme beaucoup de grands textes) une œuvre intemporelle.Il crée une sorte de synthèse entre les enseignements du Yoga, des Upanishads et du Bouddhisme et il est un pur joyau de la non dualité.Tout au long de l’ouvrage, le sage Vasistha guide le prince Rama,fils du roi Dasaratha, sur la voie de la Réalisation et du Bonheur absolu.Aucune spiritualité particulière n’est prescrite mais le prince Rama est constamment invité à la connaissance de soi et partant à la Réalisation du Soi, toute cette recherche se déroulant à travers l’intelligence du cœur.Un des leitmotivs qui revient souvent (car comme tous les textes anciens la répétition est un artifice qui permet de faire mémoriser les points importants) c’est cette phrase fondamentale :
L’apparence de ce monde est une confusion : de même que le bleu du ciel est une illusion d’optique. Mieux vaut ne pas s’y intéresser et l’ignorer.Il n’est possible ni de se dégager de la souffrance ni de réaliser sa Vraie nature tant que l’on n’est pas convaincu de l’irréalité de l’apparence du monde.On acquiert peu à peu la ferme conviction que le monde objectif est le résultat de la confusion entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas
La première partie intitulée « le détachement »(Vairagya Prakaranam) relate essentiellement un monologue du prince Rama qui suite à un pèlerinage qu’il a entrepris ne voit plus aucun sens à sa vie et cependant comme il le dit « ne se sent pas encore totalement installé dans la sagesse » …. Comme c’est touchant et comme cela concerne tant de chercheurs sincères, qui réalisent de plus en plus la vanité du monde mais en même temps comme le dit Bernard : « ne sont pas encore allés jusqu’au bout »
Outre sa valeur poétique ce passage montre donc avec force ce qui se passe pour ce chercheur véritable et qui peut parfois être considéré à tort comme un état dépressif, alors qu’en fait toute évolution vers la Réalisation lui fait traverser ces moments où sa vie et la vie en général n’ont plus aucun sens et ceci est un des signes de la progression.
il est très important de constater que ce détachement qui est une phase importante vers la Réalisation n’a absolument rien à voir avec un dégoût du monde , une sorte de misanthropie qui ne serait encore qu’une réaction affective qui pourrait entraîner son contraire(l’avidité) à chaque instant : pas de dégoût donc, pas de dépression dans le sens psychiatrique du terme mais un détachement serein et un désintérêt des choses de ce monde.
Je me suis permis d’alléger et réduire considérablement le texte tout en préservant je l’espère l’essentiel.Le Yoga Vasistha est d’une ampleur considérable( près de 30000 versets), j’ai désiré le rendre accessible aux chercheurs qui n’ont pas nécessairement le temps ni la possibilité de le lire : pour ce long travail j’ai utilisé:la magnifique édition de SWAMI VENKATESANANDA parue aux éditions INNERQUEST , qui est à ce jour l’édition la plus complète en Français(Octobre 2016.)Elle comporte près de 800 pages!
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Le chambellan du roi Dasaratha père du prince Rama dit au sage Visvamitra
« Seigneur depuis son retour de pèlerinage , le prince est en proie à un grand changement. La baignade ne semble pas plus l’intéresser que la dévotion. Il n’apprécie nullement le commerce des gens qui habitent le palais et les bijoux et les pierres précieuses ne retiennent pas davantage son attention. Même lorsqu’on lui offre des objets charmants et agréables, il pose sur eux un regard triste et indifférent. Il renvoie les danseuses du palais en qui il voit des persécutrices !Qu’il mange, se promène, se repose, se baigne ou bien demeure assis, il exécute tout comme un automate, ou un sourd-muet.Il se répète souvent à voix basse : « à quoi riment la richesse et la prospérité, l’adversité ou la maison que l’on habite ? Tout cela est irréel ! »Il passe presque tout son temps en silence et les distractions ne l’amusent pas. Il ne goûte que la solitude. Il est sans cesse abîmé dans ses réflexions. Nous ignorons ce qui arrive à notre prince, ce qu’il contemple dans son esprit ou ce qu’il recherche.Il est chaque jour plus émacié.On l’entend maintes et maintes fois se dire à lui-même :
« Hélas, nous gaspillons notre existence de mille façons au lieu de nous efforcer d’atteindre le suprême !Les gens se plaignent haut et fort qu’ils sont dans la détresse et le dénuement, mais nul ne se détourne sincèrement des sources de sa souffrance et de sa misère »
A le voir et à l’entendre, nous ses humbles serviteurs, sommes dans l’affliction et nous ne savons que faire. Il est privé d’espoir et dénué de désir ; il n’est attaché à rien et ne dépend de rien. Il n’est pas victime d’illusions, il n’a pas perdu la raison et il n’est pas non plus illuminé. Il donne toutefois par moments l’impression d’être envahi de pensées suicidaires générées par son abattement.
Le sage Visvamitra déclara alors :
« Si tel est bien le cas, que l’on prie Rama de venir ici : son état est dû à la sagesse et au détachement. Il ne relève nullement de la dépression mais indique qu’il est sur la voie de la Réalisation..
Rama arriva donc à la cour et s’inclina aux pieds du roi son père qui lui demanda :
« Qu’est ce qui te chagrine mon fils : le découragement est une porte ouverte à toutes sortes de souffrances ?
Rama lui répondit :
« Père vénérable, je vais te répondre avec précision. J’ai grandi heureux au palais où j’ai eu pour instructeurs des Maîtres remarquables. Il y a peu j’ai entrepris un pèlerinage pendant lequel le cours de mes pensées s’est infléchi dans une direction qui me prive de tout espoir en ce monde et mon cœur commence à s’interroger :
« qu’appelle-t-on bonheur et peut-on le goûter dans les objets toujours changeants du monde ?
Tous les êtres qui peuplent ce monde ne naissent que pour mourir, et ils meurent pour naître !
Je ne trouve aucun sens à tous ces phénomènes éphémères qui constituent la racine de la souffrance. Des créatures sans lien de parenté s’assemblent et le mental forge des liens entre eux. Tout ce monde est tributaire de l’esprit et de notre attitude mentale. A l’examen l’esprit lui-même apparaît irréel ! Mais nous subissons l’emprise de son charme. Pour étancher notre soif nous donnons l’impression de courir en plein désert après un mirage !
Sire, s’il est vrai que nous ne sommes plus des esclaves vendus à un maître, nous n’en vivons pas moins en servitude et ne disposons en fait d’aucune liberté.
Ignorants de la vérité, nous errons sans but au sein de cette forêt touffue appelée le monde. Qu’est ce que ce monde ? Qu’est ce qui voit le jour, qui grandit et qui meurt ? Comment cette souffrance prend-elle fin ?
Le cœur me saigne de tristesse, même si je ne verse pas de larmes par respect pour les sentiments de mes amis.
Toute aussi inutile est la richesse qui abuse l’ignorant, qui fait naître de nombreux soucis et un désir insatiable de posséder toujours davantage.Richesse et bonheur ne logent pas à la même enseigne. Rares sont les riches qui n’ont ni ennemis, ni rivaux désireux de leur causer du tort.En présence de la richesse, le bon côté d’un être se dessèche et au vrai elle recherche celui qui a déjà été choisi par la mort.
De même est la longueur de notre séjour sur terre.La durée de notre existence fait penser à une goutte sur une feuille.L’homme s’efforce en vain d’accroître sa durée de vie et, ce faisant, il gagne plus de peines et ne fait qu’allonger le temps de ses souffrances.
Seul vit celui qui tâche d’obtenir la connaissance du Soi, laquelle est le seul bien qu’il vaille la peine d’acquérir en ce monde, mettant par là même un terme aux naissances ultérieures ; les autres mènent ici des existences d’ânes.
Le rat du temps ronge la durée de l’existence sans répit. Le termite de la maladie détruit peu à peu les organes vitaux de la créature. De même que le chat fait preuve d’une vigilance extrême et ne lâche pas des yeux le rat qu’il a l’intention d’attraper, la mort a l’œil et ne quitte pas un instant cette vie.Je suis abasourdi et effrayé quand j’observe la naissance du redoutable ennemi de la sagesse connu sous le nom d’égoïté. Elle prend forme dans les ténèbres de l’ignorance et prospère dans celle-ci.
Il ne fait pas de doute que toute souffrance tourne autour de l’égoïté. C’est le « je » qui souffre et l’égoïté est l’unique cause de la détresse mentale.Je sens que l’égoïté est ma pire maladie!Elle déploie les filets des objets de plaisir de ce monde et prend les êtres humains au piège.Toutes les calamités du monde proviennent d’elle et annihile le sang-froid, détruit la vertu et dissipe l’équanimité.Renonçant à la notion égotiste « je suis Rama » et renonçant à tout désir, je souhaite reposer dans le Soi.
Je me rends compte que tout ce que j’ai accompli dans une optique égotiste, est nul et non avenu.
Privé de la grâce acquise au service des êtres Réalisés, le mental impur demeure aussi fébrile que le vent.Jamais satisfait de ce qu’il trouve, son agitation ne fait que croître de jour en jour.On ne remplira jamais le tonneau des Danaïdes et on aura beau multiplier les biens terrestres, le mental ne connaîtra jamais la plénitude.Il se répand sans cesse aux quatre vents mais ne trouve jamais le bonheur nulle part.Ainsi qu’un lion en cage, il ne connaît jamais le repos, car il a perdu sa liberté et ne se satisfait jamais de la situation du moment.
Ce mental est l’unique cause de tous les objets du monde ; les trois mondes existent du fait de la substance du mental : quand celui-ci s’évanouit, les mondes disparaissent aussi.Vous devriez faire tout votre possible pour trouver un traitement qui éradique ce mal.Bien que nous disposions d’ailes pour voler, comme les oiseaux pris dans le filet de l’oiseleur, nous sommes incapables d’atteindre notre but, ou notre demeure qui est le Soi.
Ce désir qui me tient ne peut jamais être assouvi, dussé-je boire du nectar jusqu’à plus soif.La caractéristique de ce désir, c’est qu’il n’a pas de visée précise et me tire à hue et à dia ; tantôt il m’emporte dans une direction et l’instant d’après, il me précipite dans une autre comme un cheval fou.Il déploie devant nous un vaste filet, de fils, ami, épouse et autres membres de la famille.Même si ce désir paraît pousser à goûter au bonheur, il n’y conduit nullement, pas plus qu’il ne procure jamais la plénitude. Au contraire, il fait déployer de vains efforts et génère toutes sortes d’événements fâcheux.Même lorsqu’il occupe la scène appelée vie, sur laquelle apparaissent diverses situations heureuses et malheureuses, ce désir obsédant-telle une vieille actrice se montre incapable de rien jouer de bon et de noble. Il subit à chaque fois défaite et déconfiture, et pourtant cela ne lui ôte pas l’envie de danser et de s’exhiber sur scène ! S’il lui prend l’envie de monter au ciel, l’instant d’après il plonge au tréfonds de l’enfer.Il ne connaît pas le repos car il a pour fondation le vide du mental.
Si l’éclat de la sagesse brille bien un moment au sein du mental, l’instant d’après y règnent l’erreur et l’illusion.C’est miracle que les sages arrivent à l’anéantir avec l’épée de la connaissance du Soi.
Ce corps pitoyable composé de veines, d’artères et de nerfs est aussi source de douleur. Inerte il paraît être intelligent mais il n’engendre qu’illusion.Ce n’est qu’un vaisseau qui nous est donné afin de traverser cet océan de naissance-et- de- mort, mais nous ne devrions pas voir en lui ce que nous sommes.Il abrite la maladie, il est le théâtre de la détresse mentale et des émotions changeantes.Toute honte bue, il se livre sans cesse aux mêmes actions ! Tout ce à quoi il semble se destiner, c’est qu’il va finir par brûler ! Et pourtant , peu soucieux du vieillissement, il recherche la fortune et le pouvoir.
Et quant à l’enfance– période de vie, que dans leur ignorance, les gens jugent agréable- c’est un tissu de peines et de chagrins.Le manque total d’autonomie, les mésaventures, les désirs insatiables et les grands besoins, l’incapacité à s’exprimer, la pure sottise,l’espièglerie, l’instabilité, la faiblesse, voilà autant de traits caractéristiques de l’enfance.L’enfant est exposé aux mille événements dont il est témoin. Ceux-ci le plongent dans la perplexité et la confusion, provoquent chez lui diverses peurs et engendrent des idées fantasques.Il doit se soumettre à l’autorité des adultes et accepter les punitions infligées.Même s’il peut donner l’impression d’un être innocent, au vrai l’enfant recèle toutes sortes de défauts, de penchants fâcheux et de comportements névrotiques qui dorment chez lui à l’état latent, exactement comme un hibou passe la journée caché dans une cavité obscure.
Ô sage je plains les idiots qui s’imaginent que l’enfance est une période de bonheur.
Rama poursuivit : l’être humain quitte l’enfance pour rentrer dans la jeunesse, mais il ne laisse pas le malheur derrière lui pour autant. La vie se remplit alors de désirs et d’inquiétudes. Si la fraîcheur juvénile semble être souhaitable pour le corps, elle est nuisible à l’esprit. Dans la jeunesse, l’homme est tenté par le mirage du bonheur, et, à sa poursuite, il tombe dans le puits de l’affliction.C’est également la période pendant laquelle on est souvent esclave de l’attirance sexuelle : si la beauté était permanente, pareille fantaisie se justifierait, mais hélas elle ne dure guère ! C’est cette attirance sexuelle qui en fait maintient la création, consume en même temps le corps et la sagesse de l’homme.Quand l’enfant n’est pas satisfait de ses tendres années, c’est la jeunesse qui prend le relais et quand la jeunesse s’empoisonne peu à peu par l’insatisfaction et la frustration, c’est alors la vieillesse qui prend le dessus. Que la vie est cruelle !
la vieillesse détruit le corps aussi facilement que le vent détache une goutte de rosée d’une feuille. Tout comme l’infime quantité de poison qui, en pénétrant dans le système, ne tarde pas à s’insinuer en ses moindres parties,la sénilité, qui envahit aussi sans tarder le corps tout entier et le brise,en fait un objet de risée.Bien que le vieillard ne soit pas en mesure de satisfaire physiquement ses désirs, ceux-ci n’en sont pas moins florissants et se multiplient et il commence à se demander : « qui suis-je ? Que devrais-je faire ? »Mais il est déjà bien trop tard pour changer le cours de son existence, modifier son mode de vie ou rendre sa vie plus sensée!Avec la sénilité apparaissent tous les lamentables symptômes de la déchéance physique : la toux s’installe, les cheveux blanchissent, la respiration se fait plus difficile.Même celui qui ignore la défaite et est allé vivre au sommet d’une montagne inaccessible n’a pu échapper à la loi de la démone du nom de sénilité et de dégénérescence.
Rama poursuivit :
Tous les délices de ce monde sont duperies, comme le plaisir que prend le fou à goûter des fruits réfléchis par un miroir.
Tous les espoirs que l’homme nourrit en ce monde sont constamment anéantis par le Temps, qui à lui seul ruine et achève tout en ce monde. Rien de ce qui a été créé ne lui échappe.C’est le roi des supercheries, le plus grand magicien. Il ne peut être analysé car , même divisé à l’infini, il survit toujours indestructible. Il crée sans arrêt des univers et pourtant ne s’en lasse pas et ne s’en réjouit pas non plus. Chaque époque se pare pour ainsi dire des créatures comme on se pare de bijoux pour le plaisir du temps, lequel s’amuse à les exterminer tous et toutes !.
La puissance mystérieuse qui gouverne cette création, détruit tout y compris ce à quoi on a cru pouvoir attribuer une permanence immortelle ! Elle tue même les immortels : alors dans ces conditions, subsiste-il le moindre espoir pour des simples gens comme moi ?
On ne connaît donc le bonheur ni dans l’enfance, ni dans la jeunesse, ni dans la vieillesse. Aucun des objets du monde n’est destiné à procurer un bonheur durable à qui que ce soit ! Le mental s’escrime en vain à chercher le bonheur dans les objets de ce monde.
Seul est heureux celui qui s ‘est libéré de l’égoïté et de la quête irrépressible des plaisirs que procurent les sens, mais des êtres semblables se comptent sur les doigts de la main ! Au vrai pour moi, un homme capable de vaincre une puissante armée n’a rien d’un héros.
Je n’accorde ce titre qu’à un être capable de traverser l’océan du mental et des sens.Je ne vois nul gain dans ce qui ne tarde pas à être perdu.
Le comportement de l’être humain me laisse pantois. Apparemment occupé du matin au soir, il court ça et là, sans cesse pris par des activités égoïstes, et bien qu’il n’ait rien accompli qui en vaille la peine, il arrive quand même à trouver le sommeil pendant la nuit. Dans son ignorance l’homme s’attache à sa femme, à son fils, sa famille et ses amis.Il ne sait pas que ce monde ressemble à un gigantesque lieu de pèlerinage où des millions de gens se retrouvent fortuitement, et ceux qu’il nomme son épouse, son fils ou ses amis font partie du nombre !Tout ce qui me paraît permanent ou éphémère en ce monde est en fait de la nature du rêve : ce qui est cratère aujourd’hui était montagne hier, ce qui est montagne ne tarde pas à devenir trou dans la terre. Ce qui est de nos jours forêt touffue sera vite changé en ville immense. Ce qui est à présent terre fertile deviendra un jour désert aride. Une semblable évolution s’opère dans notre corps, notre vie et notre destinée.
Cette conscience des imperfections du monde a détruit les penchants indésirables de mon esprit et la recherche des plaisirs des sens ne s’y manifeste donc pas plus qu’un mirage ne peut apparaître à la surface de l’eau.
Je souhaite demeurer en paix au dedans de moi-même et je me pose sans arrêt la question suivante : « Comment sevrer complètement mon cœur, le délivrer de la moindre pensée relative à cette chimère en changement perpétuel qui s’appelle le monde ? »
Je n’aspire pas à la mort et ne souhaite pas non plus particulièrement vivre.Si je ne m’établis pas dans la sagesse maintenant, quand se présentera une autre occasion de le faire ?
Par conséquent ô sage je t’en prie instruis -moi afin que sois à jamais libéré de l’angoisse, de la peur et de la détresse. Que la lumière de ton enseignement détruise dans mon cœur les ténèbres de l’ignorance !Ce monde n’est que souffrance et mort , c’est évident ! Comment devient-il donc source de joie permanente sans plus égarer le cœur ?
Quand je pense au sort pitoyable des êtres humains ainsi tombés dans l ‘épouvantable enfer de la souffrance, j’éprouve une immense peine, je suis parcouru de frissons et à chaque pas je suis dans la crainte.
Bien qu’ayant renoncé à tout je ne suis pas encore établi dans la sagesse, ce qui explique que je sois en partie pris au piège et en partie libéré.
Je te supplie de me révéler cette condition ou cet état dans lequel on ne souffre plus.
Tu es un être éclairé, instruis-moi afin que je ne sombre plus dans l’affliction.
Qui sont ces héros qui se sont libérés de l’illusion ? Quelles méthodes ont-ils adopté pour se délivrer ? Si tu estimes que je ne suis ni digne, ni capable de comprendre cela, je jeûnerai jusqu’à ce que mort s’ensuive !
AYANT PARLE AINSI RAMA DEMEURA SILENCIEUX : LES SAGES RÉALISÉS QUI SE TROUVAIENT DANS L’ASSEMBLÉE PRIRENT LA PAROLE : « LA RÉPONSE AUX GRAVES QUESTIONS ESSENTIELLES DE RAMA QUI VA ÊTRE DONNÉE PAR VASISTHA MÉRITE D’ÊTRE ENTENDUE PAR TOUTES LES CRÉATURES QUI PEUPLENT L’UNIVERS ! »