Continuons notre exploration du merveilleux texte de Jnaneshwar, si prisé par Nisargadatta et sa lignée. Après le premier chapitre qui relatait en détails l’identité de Shiva-Shakti, le second qui était un hommage vibrant au Guru, le troisième qui développait les quatre paroles fondamentales de l’hindouisme, le quatrième qui allait au-delà du vide et du plein, le cinquième qui décrivait finement les limites des mots Sat-Chit-Ananda, nous abordons maintenant un chapitre essentiel vertigineux métaphysiquement. Il débute innocemment par une apparente apologie du mot en montrant la force d’évocation puissante qu’il recèle puis il le détruit totalement, en même temps qu’il réduit à néant le concept d’ignorance. Les métaphores nombreuses et répétitives qui jalonnent son propos, emplis de poésie, savent toucher l’auditeur quelle que soit sa position, car leur nombre étant important, il y en a toujours au moins une qui touche en plein mille. La fin de sa démonstration est sans appel :
« Quand les nuages disparaissent, les pluies sont également finies ; de même, le mot est autant un concept que le monde est une apparition, et tout comme le monde, finit par disparaître en même temps que l’ignorance et la connaissance qu’il soutient. »
Jnaneshwar était un poète, philosophe et yogi Hindou très influent du 13eme siècle. Il a été influencé par la tradition Nath Yogi, mouvement philosophique de son temps. Il a écrit un commentaire éminent sur la Bhagavad Gita : le Jnaneshwari. La légende stipule que après avoir écrit ce texte, son Guru (par ailleurs son frère) le félicita grandement mais lui fit remarquer qu’il avait écrit un commentaire sur ce que quelqu’un d’autre avait dit et qu’il serait préférable qu’il écrive quelque chose venant de sa propre expérience, c’est ainsi que naquit l’ Anubhavamrita qui est considérée comme l’une des œuvres spirituelles les plus influentes au monde, très prisée par Nisargadatta et les sages de toute sa lignée.
____________________________________________
Selon la tradition Bodhidharma le grand patriarche zen s’est assis au pied d’un mur pendant neuf ans, son esprit vidé de toute agitation, muré dans un silence absolu, sans proférer un mot à l’extérieur de lui-même parce que les mots étaient devenus obsolètes et parce qu’il cherchait seulement avec passion et détermination la poignée de la porte de la Réalisation..
1- Ô, quelle chose utile que le mot, grâce auquel un simple son adopte la distinction de la signification ! Il indique la nature de ce qui n’est pas sensoriellement perceptible, et donc, n’est-il pas un miroir pour le non-manifesté ?
2- Le miroir commun ne permet qu’à celui qui a la vue de voir le reflet de son visage ; mais le mot permet même au non-voyant de voir son véritable Soi.
3- Le mot est né dans la famille unique du non-manifesté (Maya), et c’est le mot qui a donné le nom « ambar » à l’espace (le ciel). C’est comme le soleil qui met en évidence ce qui autrement serait resté invisible.
4- Le mot, tout comme la légendaire « fleur dans le ciel », n’a pas d’existence, mais il produit des fruits sous la forme de l’univers manifesté. Y A-t-il quoi que ce soit au monde qu’on puisse nommer « incommensurable », alors que ça peut être mesuré par les mots ?
5- C’est le mot qui transmet au monde les choses à faire et à ne pas faire (sur lesquelles toutes les religions mettent l’accent).C’est également le mot qui détermine l’existence des concepts de servitude et de libération.
6- Le mot, en prenant le parti de l’ignorance, fait passer la chose la plus illusoire pour réelle et, paradoxalement, fait passer l’unique réalité subjective pour illusoire ou irréelle.
7- Tout comme un tantrika (adepte pratiquant le tantra), à l’aide d’incantations, appelle l’esprit d’un défunt dans le corps d’un médium, et le fait parler, de même, le mot est capable de métamorphoser Shiva en individu.
8- L’individu s’identifie au corps en raison du mot, mais c’est aussi en raison du mot qu’il a l’aperception de sa Véritable Nature.
9- Le soleil en apportant la lumière au jour, rejette simultanément la nuit ; donc, le soleil ne peut supporter la comparaison avec le mot qui, par lui-même, met en lumière :
10- Des concepts opposés, tels que les choses à faire et à ne pas faire, la servitude aussi bien que la libération.
11- Comment peut-on décrire la puissance et la grandeur du mot, qui (bien qu’il asservisse l’individu) finit par se sacrifier lui-même en menant l’individu à sa juste et véritable position ?
12- En bref, le mot n’est pertinent et utile que comme aide-mémoire, mais dans l’état de non-conceptualité, le mot n’existe tout simplement pas.
13- L’Atman, le Sujet Absolu, est inaccessible au mot, ou à quoi que ce soit d’autre.
14- Peut-il être question de se souvenir ou d’oublier dans le cas de la pure subjectivité ? Souvenir et oubli n’ont de pertinence que dans la dualité phénoménale (dans le cas) d’un objet.
NDLR : Une fois de plus j’attire l’attention sur le mot faux-ami qu’est « La pure subjectivité », employé par Jnaneshwar, car contrairement à nos interprétations habituelles, il n’est pas péjoratif et limitant. Bien au contraire il indique le pur et total retour sur le Soi et s’oppose à l’objectivité extérieure et illusoire. Ici la pure subjectivité a le sens du retour au Soi, au delà de la dualité.
15- La Présence absolue est éternellement ici-et-maintenant. Comment les mots « oublier » ou « se souvenir » pourraient-ils s’appliquer à ELLE ? Est-ce que les mots « goûter » ou « ne pas goûter » peuvent s’appliquer à la langue en ce qui la concerne elle-même ? (la langue peut-elle se goûter elle-même ?)
16- Quel sens a la question de savoir si une personne, qui est pleinement réveillée, dort ou ne dort pas ? De même, quel sens a la question de la Présence absolue se souvenant ou s’oubliant elle-même ?
17- Le soleil ne connait jamais la nuit, aussi n’est-il pas question de savoir si le soleil connaît le jour ; de même, les termes « se souvenir » ou « oublier » sont totalement inappropriés dans le cas de la Présence absolue.
18- La Présence absolue ne peut jamais s’oublier elle-même ; donc le terme « se souvenir » n’est pas approprié en ce qui LA concerne, aussi loin que la Présence absolue est concernée.
19- Il y a autre chose que fait le mot (est-on tenté de dire), mais ce serait :
20- Aussi stupide que de dire : le mot détruit l’ignorance, puis la vérité est révélée ;
21- Ce serait aussi stupide que de dire que le soleil détruit la nuit puisqu’il se lève, parce que le soleil est lui-même la source de toute lumière.
22- Peut-on dire d’un homme pleinement réveillé qu’il a détruit le sommeil ? Y a-t-il le moindre état de veille en lequel un homme qui est déjà réveillé peut être réveillé ?
23- De même, pour que le mot la détruise, est ce que l’ignorance existe vraiment ? Est-ce que la connaissance a besoin de quelque chose d’autre pour lui apporter la connaissance ?
24- L’ignorance n’a réellement aucune substance ou nature propre. C’est une illusion, comme l’enfant d’une femme stérile. Alors comment le mot (et la dialectique) détruit-il quelque chose qui n’existe pas ?
25- Si l’arc-en-ciel était réel, n’y aurait-il pas quelqu’un qui lui aurait attaché un fil ?
26- Si la soif du sage Agasthya avait pu être satisfaite par un mirage, alors le mot aurait pu détruire l’ignorance mythique (allusion au mythe où le sage Agasthya engloutit l’océan en entier).
27- L’ignorance a autant d’existence que les villes illusoires des gandharvas mythiques, qui autrement auraient succombé au feu (une calamité naturelle), comme d’autres villes réelles.
28- En présence de la lumière, y a-t-il la moindre obscurité sujette à la destruction ?
29- Y a-t-il besoin de la moindre lampe pour voir le soleil ?
30- S’il n’y a pas d’ombre, il n’est pas question de son existence ; mais même s’il y a une ombre, elle n’a toujours pas d’existence (indépendamment de la substance dont elle est l’ombre).
31- Quand on rêve, le rêve semble suffisamment réel, mais au réveil on réalise que ce n’était qu’un rêve, , et que les événements y étaient illusoires. Mais le rêve, dans tous les cas, que ce soit dans l’état de rêve ou dans l’état de veille qui suit, n’a jamais eu la moindre substance.
32- Cela ne fait aucune différence que les parures illusoires créées par l’illusionniste soient volées ou non.
33- Aussi copieux que soit le repas mangé par lui en rêve, l’homme continue d’avoir faim (au réveil).
34- Là où il n’y a pas de mirage, le sol est évidemment sec ; mais est ce que le sol est mouillé là où apparaît un mirage ?
35- Si la pluie dans un tableau était réelle, les gens seraient trempés.
36- Peut-on produire de l’encre à partir de l’obscurité noire ?
37- En résumé l’ignorance est aussi illusoire que le bleu du ciel.
38- Par son nom même d’avidhya (avidhya signifiant l’absence de connaissance) l’ignorance proclame sa non-existence.
39- L’ignorance montre par son nom même qu’elle n’existe pas ; son nom (avidhya) implique qu’elle ne peut même pas être décrite.
40- Il a été affirmé de manière convaincante que l’ignorance existe, et cette affirmation peut sembler logique ; mais elle ne l’est pas, parce que (l’ignorance n’existe pas, et) le néant ne peut pas être éprouvé. Si un pot ne peut pas être vu sur le sol, ça veut dire qu’il n’existe pas, et que le sol demeure sans pot.
41- Si quelqu’un disait que la vérité annihile l’ignorance, cette déclaration serait stupide, parce que la vérité est la vérité indépendamment de l’ignorance, tout comme l’existence du soleil ne tient pas compte de l’obscurité qu’apparemment il détruit.
42- Si nous pouvions dire que Maya n’est pas seulement illusoire, mais qu’elle dissimile son propre caractère illusoire, cela ne ferait que confirmer qu’il n’y a rien de tel que l’ignorance.
La vérité est que rien n’existe, excepté la vérité.
43- Ainsi, quelle que soit la manière dont vous considérez le sujet, le fait est qu’il n’y a rien de tel que l’ignorance. Si l’ignorance est totalement illusoire, sur quoi le mot va-t-il diriger son attaque ?
44- Si vous frappez sur l’ombre avec une hache, la hache va s’émousser en frappant le sol, mais rien n’arrivera à l’ombre . C’est la même chose si vous tentez de frapper le ciel.
45- Ou si vous essayez de boire l’eau d’un mirage, ou d’étreindre le ciel, ou d’embrasser l’image.
46- dans le miroir, votre effort sera vain ; tenter de se battre avec l’ignorance est comme ça.
47- Ainsi celui qui veut démolir l’ignorance peut tout aussi bien tenter de peler le ciel ;
48- Ou boire le lait des mamelles que le bouc a sous le cou, ou manger des tranches de crépuscule le soir ;
49- Ou écraser le jus d’un bâillement, y ajouter un peu d’oisiveté, et le donner à boire à une poupée d’argile ;
50- Ou faire baisser l’eau qui coule, ou supprimer l’ombre, ou faire tourner le vent ;
51- Ou battre un gobelin mythique, ou ranger le reflet dans un sac, ou coiffer les feuilles d’un palmier ;
52- Ou démolir une maison inexistante, ou cueillir des fleurs dans le ciel, ou tirer les cornes d’un lièvre ;
53- Ou faire l’encre à partir de camphre pur, ou tenir du noir de fumée sur un feu de diamants, ou épouser la fille d’une femme stérile ;
54- Ou nourrir l’oiseau chakora des régions du néant avec les rayons de la nouvelle lune, ou attraper un poisson dans les eaux d’un mirage.
55- Combien de temps devrai-je continuer ?
En résumé, comme l’ignorance est non existante, comment le mot pourrait-il la démolir ?
56- Dire que quelque chose qui n’a jamais existé a été détruit, est totalement absurde. Comment accorder du crédit au mot pour avoir détruit l’ignorance qui n’a jamais existé ? Est-ce qu’une zone spécifique de l’obscurité peut être délimitée dans la totalité de l’obscurité ?
57- Quand il n’y a rien de tel que l’ignorance, est-il nécessaire d’avoir une preuve logique de sa non-existence ? Ce serait aussi stupide que d’avoir une lampe en plein jour (pour prouver l’existence du soleil).
58- Ceux qui partent pour récolter, alors qu’ils n’ont rien planté, que vont-ils mériter, si ce n’est un fardeau de stupidité ?
59- Une tentative d’attaquer le ciel serait stupide ; dire que le mot a détruit l’ignorance serait tout aussi stupide (dans aucun de ces cas quelque chose n’a été fait).
60- Se passe-t-il quelque chose quand des trombes d’eau se déversent dans l’océan ? Le mot est tout aussi inutile pour détruire l’ignorance.
61- Une règle de mesure n’est utile que quand on ne l’utilise pas pour mesurer le ciel ; une lampe n’est utile que pour montrer des choses dans l’obscurité, mais elle ne l’est pas si l’intention est de montrer l’obscurité même.
62- Cela pourrait-il être la fonction de la langue d’essayer de goûter des aliments faits du vide de l’espace ?
63- Quand le mari est mort, est-il approprié que sa veuve se pare et agisse comme si son mari était toujours en vie ? Si quelqu’un décidait de manger le cœur d’un bananier, il resterait sur sa faim (parce qu’il n’y a pas de cœur dans le tronc d’un bananier).
64- Durant le jour, il est possible de voir tous les objets, petits et grands, mais la lumière du soleil peut-elle permettre de voir l’obscurité ?
65- Dans l’état de veille, les yeux peuvent voir toute chose, mais peuvent-ils voir l’état de sommeil ?
66- Les efforts de l’oiseau chakora pour manger les rayons de lune ne seraient-ils pas inutiles durant le jour ? (l’oiseau chakora est censé goûter les rayons de lune).
67- Est-ce que même le lecteur le plus vorace peut lire une page blanche ?
Est-ce que même un coureur de marathon peut courir dans l’espace ?
68- Donc, quand la non-existence de l’ignorance est évidente, tous les mots pour la prouver sont vains.
69- la lune est-elle capable d’éliminer l’obscurité par une nuit de nouvelle lune ? Il en va de même avec l’idée que le mot peut détruire l’ignorance. (Si la lune brillait, ce ne serait pas du tout la nouvelle lune ; si le mot pouvait détruire l’ignorance, l’ignorance aurait existé, mais l’ignorance est réellement non existante).
70- Dîner d’une nourriture qui n’est pas là signifie ne pas dîner du tout ; voir avec des yeux qui ne peuvent pas voir, c’est ne pas voir du tout.
71- Si le mot pouvait décrire quelque chose qui n’a jamais existé, le mot et sa signification seraient tous deux infructueux.
72- De combien de façons devrai-je répéter que l’ignorance n’a jamais existé ?
De plus, le mot qui survient pour la détruire, se détruit lui-même.
73- Si la pensée se tient face à l’ignorance en opposition avec elle, elle disparaît en elle-même ; (C’est la pensée elle-même qui a créé l’ignorance illusoire, et en tentant de détruire l’ignorance, la pensée se détruirait elle-même).
74- Donc, si l’on considère que le mot (la pensée) pourrait avoir une certaine importance en tant que destructeur de l’ignorance, ce ne serait pas correct, parce que le mot ne peut pas détruire quelque chose qui n’a jamais existé.
75- Il serait fallacieux de dire que le mot (la pensée) montre à la conscience sa véritable nature.
76- Est-il jamais arrivé que quelqu’un s’épouse lui-même ? Ou y a-t-il jamais eu une éclipse en laquelle le soleil s’est lui-même éclipsé ?
77- Est-il jamais arrivé que l’espace s’enveloppe lui-même, ou que l’océan entre en lui-même, ou que la main se soit refermée sur elle-même en elle-même ?
78- Peut-il jamais arriver que le soleil s’éclaire lui-même, ou qu’un fruit se fructifie lui-même, ou que le parfum se savoure lui-même ?
79- Il peut être possible de fournir de l’eau à tous les êtres sensibles et à tous les êtres insensibles en même temps, mais serait-il possible de faire boire de l’eau à l’eau elle-même ?
80- Lors de chaque jour de l’année, y a-t-il eu un seul jour où le soleil a pu se voir lui-même ?
81- Il est possible pour le feu élémentaire de brûler l’univers entier, mais peut-il se brûler lui-même ?
82- Est-il possible, même pour le Seigneur Brahma, de se voir lui-même sans l’aide d’un miroir ?
83- Est-il jamais possible à la vue de se voir elle-même, ou au goût de se goûter lui-même, ou à l’homme :
84- Qui est déjà réveillé de se réveiller lui-même, ou au bois de santal de s’oindre lui-même de pâte de santal, ou à la peinture de se peindre elle-même, ou aux perles de se parer elles-mêmes de perles ?
85- Est-il possible à l’or de se parer lui-même d’or, à la lumière de s’éclairer elle-même ou au jus de s’écouler en lui-même ?
86- Shiva s’est paré de la lune au sommet de son crâne, mais la lune peut-elle se porter elle-même sur sa propre tête ?
87- De même, comment l’Absolu, qui est pure connaissance, peut-il se connaître lui-même ? Si la connaissance s’étreint elle-même, cela signifie l’existence de deux connaissances !
88- Tout comme l’œil peut voir toute chose sauf lui-même, de même l’Absolu, étant notre subjectivité, ne peut pas devenir son propre objet, et donc, il ne peut pas se connaître lui-même.
89- Si le miroir pouvait se voir lui-même, alors l’Absolu se verrait lui-même.
90- La dague peut percer n’importe quoi, aussi éloigné soit-il, mais peut-elle se percer elle-même ?
91- la langue peut goûter n’importe quoi sauf elle-même. Mais cela ne signifie pas que la langue elle-même est ce qui goûte (ou que goûter soit sa nature) :
92- Que la langue a perdu sa capacité de goûter. Tout ce que vous pouvez dire est que la langue elle-même est ce qui goûte (ou que goûter soit sa nature).
93- Ainsi, l’Absolu est complet et autosuffisant en lui-même. Qu’est ce que le mot peut donner en plus à l’Absolu (comme la connaissance) ?
94- la conscience ( que ce soit au repos ou en mouvement) est elle-même la cause de son êtreté et elle ne dépend pas du mot (ou de quoi que ce soit d’autre) pour son êtreté ou sa non-êtreté, pour sa connaissance ou sa non-connaissance ( parce qu’ils sont tous deux des opposés interreliés dans la dualité).
95- Donc, le mot ne peut pas s’approprier le crédit de montrer à l’Absolu sa Véritable Nature.
96- À midi, la lampe allumée ne dissipe pas l’obscurité, et elle ne révèle pas non plus la lumière du jour. De même, le mot ne dissipe pas l’ignorance, et il n’entraîne pas non plus la connaissance. Dans les deux cas, le mot ne sert aucun objectif.
97- L’ignorance n’a jamais existé, alors comment peut-elle être détruite ?
Et le plenum potentiel est l’éternelle vérité qui n’a besoin d’aucune aide, d’où qu’elle vienne.
98- Dans tous les cas, le mot étant totalement inutile, il se perd comme un courant dans le déluge à la fin du monde.
99- Donc, il est clair que le mot n’a aucun rôle à jouer, que ce soit pour détruire l’ignorance ou pour apporter la connaissance de la vérité.
100- Il n’y a réellement pas de gobelin (pour effrayer les enfants). Y a-t-il la moindre vérité à dire que le ciel peut-être maintenu sur les paumes de la main de quelqu’un ?
101- De même, le mot est juste un concept. Aussi impressionnant que soit un tableau, c’est seulement une peinture. Ainsi est le mot, comme une vaine gloriole, même très impressionnant, il n’a aucune véracité.
102- Donc cette ignorance et cette connaissance qui dépendent du mot pour exister n’ont, comme un tableau, aucune existence indépendante ou nature propre.
103- Quand les nuages disparaissent, les pluies sont également finies ; de même, le mot est autant un concept que le monde est une apparition, et tout comme le monde, finit par disparaître en même temps que l’ignorance et la connaissance qu’il soutient.
________________________________________
La traduction est issue du livre: Ramesh Balsekar : l’Expérience de l’immortalité : éditions Acarias L’Originel.