LE DRESSAGE DU BUFFLE EN DIX ETAPES.

Le dressage du buffle en dix étapes : Version de Puming

Le chemin de l’éveil, illustré par le dressage du buffle dans le bouddhisme Chan  par Catherine Despeux

Ce dressage du buffle est un enseignement incontournable et célèbre des textes anciens chinois du chan et ceux du zen japonais. Il y en existe de multiples versions qui diffèrent entre elles sur quelques détails. Dans certaines versions du zen le buffle est noir du début à la fin pour exprimer qu’il n’y a en fait rien à nettoyer et que tout est immaculé même avant la recherche. Dans la version que je présente(celle chinoise de Catherine Despeux) il est noir au début et devient de plus en plus blanc jusqu’à sa disparition. Cela illustre le nettoyage qui se produit chez le chercheur. Certaines versions, comme celle que je présente se terminent par la disparition des deux protagonistes suite à l’ éveil, d’autres versions font revenir à la fin le bouvier sur le marché. J’ai même connu dans le zen des gens assez amateurs d’alcool, qui adoraient la version où le bouvier revient en ville avec une bouteille dans sa poche, illustrant par là que l’éveil, englobe les contradictions et est au delà du correct et de l’incorrect. Chacun essaie de voir midi à sa porte et choisit la version qui lui convient! L’essentiel est de saisir l’essence de cet enseignement au delà des variantes. Il parle de lui-même et s’exprime sous forme imagée et poétique.

 

Le dressage du buffle en dix étapes : Version de Puming

Le chemin de l’éveil, illustré par le dressage du buffle dans le bouddhisme Chan  par Catherine Despeux

1-Pas encore dressé.


L’animal rue, les cornes haut dressées,
Et galope, toujours plus loin, le long des torrents.
Un noir nuage obstrue l’entrée du val,
Que d’herbes tendres écrase-t-il à chacun de ses pas !

 

  1. Le début du dressage

Je possède une corde tressée passée dans ses naseaux,
Et le fouette sévèrement à chaque tentative de fuite.
Il a toujours été d’une nature vile et rétive,
Et le bouvier doit encore de toute sa force le tirer.

 

3-Le dressage

 

Peu à peu dressé et soumis, il cesse de gambader.
À travers rivières et nuées, pas à pas il suit le bouvier,
Qui tient d’une main ferme la corde, sans jamais la relâcher,
Et veille tout le jour, oubliant sa fatigue.

 

4-L’animal tourne la tête

Après un long travail assidu, il tourne la tête.
Son esprit fou s’assagit progressivement.
Mais le bouvier, toujours défiant,
L’attache encore avec la corde.

 

5-L’animal est dressé

 

Près de l’ancien torrent, à l’ombre du saule vert,
L’animal lâché se promène à son gré.
Au crépuscule, à travers les prés odorants et les nuées bleutées,
Le bouvier s’en revient, sans avoir à tirer l’animal.

 

6-Sans obstacle

Libre et apaisé, le buffle repose sur le champ humide de rosée.
Nul besoin désormais du fouet ni d’aucune sorte de contrainte.
Le bouvier est assis sous le pin verdoyant,
Jouant une mélodie paisible, expression de sa joie.

 

7-Suivre le naturel

Le soleil couchant illumine le saule et l’eau frémissante au printemps,
Dans la brume légère, la prairie verdoyante embaume.
S’il a faim, il mange, s’il a soif, il boit, ainsi passe le temps.
Sur un rocher, le bouvier dort d’un sommeil profond.

 

8-Oubli réciproque

lmmaculé, le buffle demeure au sein d’une blanche nuée,
Homme et buffle sont dans l’état de « Sans-Conscience »
La lune déchire les nuages blancs et projette son reflet d’albâtre.
D’ouest en est défilent la lune radieuse et les nuages blancs.

 

9-Illumination solitaire

Le buffle a disparu, le bouvier est serein,
Tel un nuage solitaire entre les vertes falaises.
Sous le clair de lune il bat des mains et chante à haute voix,
Mais sur le chemin du retour se trouve encore une passe difficile.

 

10-Disparition des deux

Homme et buffle ont disparu, sans laisser de trace.
Le clair de lune embrasse tous les phénomènes dans la vacuité.
Quel est le sens ultime de cela ?
Dans la prairie parfumée, les fleurs sauvages prospèrent spontanément.