Ma Rencontre avec Bernard Harmand.

                                                                                                                                                               Alain et Bernard.

Je désire réinsérer ci- après une partie du récit de ma Rencontre avec Bernard, qui faisait l’objet du premier chapitre de mon livre : « TOUT PAR AMOUR » mais qui avait été expurgée en partie par l’éditeur.Comme un ami m’en demande un exemplaire pour l’incorporer à son site, cela me permet de la réactualiser et de la placer ci-après. Je me rends compte à quel point ma vie a changé depuis cette Rencontre et je comprends d’autant mieux, plus le temps passe, pourquoi Bernard accorde une telle importance à ce genre de Rencontre qu’il appelle d’ailleurs « LA RENCONTRE » et qui va bien au delà d’une rencontre habituelle. Elle modifie la vie pour toujours et l’illumine. Qu’on l’appelle grâce du Guru, Rencontre, ou de quelque nom que ce soit : peu importe.

«  Le Vent souffle où il veut et l’on ne sait ni d’où il vient, ni où il va »

Depuis toujours et aussi loin qu’il me souvienne j’ai été attiré par ce « Vent »qui a revêtu différentes formes tout au long de mon existence, qui m’a souvent édifié et réconforté à certains moments et à d’autres : mis à terre et en morceaux, mais pour lequel mon Amour est toujours resté intact.
En 1987 je fus ordonné moine zen et peu à peu je devins conférencier, animateur de sesshin. J’étudiais à fond cette tradition y compris dans ses textes les plus abrupts mais parallèlement je ne pouvais m’empêcher de lire avec passion Ramana Maharshi et Nisargadatta Maharaj dont les enseignements me sidéraient littéralement. Je n’y voyais à l’époque aucune trahison avec ce que je pratiquais, même si mon Maître me mettait en garde contre les dangers que cela représentait

En mars 2008 (3 semaines environ avant ma Rencontre avec Bernard) je me réveillais un matin dans un étrange état. Je n’accorde guère en général d’importance à mes rêves et ne les ai jamais notés, ne les considérant que comme des alliés intelligents de purification et de régulation automatique de mon esprit. Je n’avais par ailleurs jusqu’à ce jour eu que des rêves anodins, souvent même ne m’en rappelant même pas le matin.
Or ce matin-là je sentis qu’il s’était passé quelque chose et sans vouloir rentrer dans des détails trop intimes je peux juste dire que cette nuit-là de toute évidence LE SOI sous les traits de MA ANANDA MAYI (auprès de laquelle j’avais séjourné en 1980) s’était emparé de moi. Ma m’avait susurré un mantra à l’oreille et m’avait projeté en l’air dans le vide, je me souviens encore non sans frissonner de ce moment dans le vide et devant mon inquiétude : de Ma qui me rattrapait au vol. Je fus tellement impressionné que pour la première fois de ma vie j’inscrivis ce rêve sur une feuille et pour être sûr que je ne délirais pas, j’en fis part à mon épouse qui s’en souvient encore !  J’enregistrais simplement le fait, ne sachant pas que quelques jours plus tard il allait résonner d’une manière bien étrange.

Quelques jours plus tard, en effet, une pratiquante du dojo, connaissant mon intérêt pour les Êtres Réalisés me dit « as-tu lu le livre de Bernard aux deux océans ? »  Je lui répondis : « non c’est peut être un des seuls que je n’ai pas lu » d’ailleurs (je dévorais en effet tout ce qui sortait en tradition indienne aux deux océans, depuis des années !) mais en lisant la quatrième de couverture j’avais vu qu’il était plutôt empreint de christianisme et je n’avais pas voulu m’encombrer de perturbations supplémentaires alors que j’étais très engagé dans la voie du zen.  Cette personne me glissa que Bernard avait également édité aux deux océans un CD d’entretien qu’elle me passa à tout hasard si cela pouvait m’intéresser.
Dans les jours qui suivirent, je fus littéralement « émerveillé » et passais en boucle le CD dans mes longs trajets en voiture.
Je commandais de suite les deux ouvrages de lui aux deux océans et les dévorais de la même façon.
Je devais de toute évidence rencontrer cet homme, dont à l’époque on ne connaissait que le prénom (car il désirait rester le plus discret possible)
Je franchissais les obstacles et trouvais une manière de le joindre
Nous eûmes un premier échange par courriel et ses premières réactions et réponses à mes questionnements me bouleversèrent au plus profond, car au-delà de leur extraordinaire justesse je pressentais chez cet homme une liberté de ton et d’esprit, sans concession à aucune forme de séduction que ce soit.
Après avoir tout mis en œuvre pour m’en dissuader, car il ne désirait plus guère recevoir quiconque,(et « encore moins des moines trop souvent imbus de leurs certitudes… » sic ! ) Bernard consentit devant mon insistance passionnée à accepter une rencontre qui eût lieu le 14 avril 2008(Je vis plus tard que par les hasards du calendrier cette date correspondait à la date anniversaire de la mort de Ramana Maharshi).
Comme tous ses rares visiteurs Bernard me reçut dans « sa pièce du bas », celle où il avait pratiqué sa sadhana .

Je restais quelques heures auprès de lui sans aucune notion du temps, en tête à tête.Je passerai bien sûr sous silence l’intimité de cet échange, dont d’ailleurs les « mots prononcés » n’ont eu qu’une importance relative. Et pour le coup toute description de ce moment serait énormément réductrice et ne saurait donner une idée de ce qui se passa réellement.
Ce que je sus avec la force de l’évidence et l’intuition du cœur, c’est que cet Être avait effectivement fait la bascule définitive, qu’il rayonnait d’un AMOUR ABSOLUMENT GRATUIT, et je ressentis une grande ouverture dans mon cœur conjointement à un sentiment de liberté immense que je n’avais jamais ressenti à un tel niveau.
Lorsque nous fûmes sur le point de mettre un terme à notre entrevue, je lui exprimais avec une sincérité et une familiarité dont je ne perçus guère l’impertinence sur le coup :
« Un énorme merci du fond du cœur cher Bernard pour tout : mais tu m’as bien foutu dans la M.…! »
Et avec un sourire si doux et malicieux il répondit « pourquoi dis-tu cela ? »Et je m’exclamai :
« LE ZEN C’EST FINI, JE NE ME RESSENS PLUS DU TOUT DE POUVOIR CONTINUER A L’ENSEIGNER » Et poursuivant sur le même mode malicieux « Mais non ce n’est pas si mal d’apprendre aux gens à méditer ! »

Jamais à aucun moment il n’émit un jugement ou une réserve sur mon engagement et ne fit preuve de quelque influence de pouvoir que ce soit. En partant je ressentais que j’avais reçu le choc de ma vie, que j’avais rencontré le Ma, ou Le Ramana d’occident mais que j’étais dans une liberté vertigineuse.
En effet Je ne sentis chez Bernard et c’est un fait extrêmement rare aucune attente, aucun besoin d’avoir des « disciples », ce n’était certes pas un enseignant, un prédicateur, un homme en besoin de fonction de pouvoir ou de représentation, mais un homme de cœur, partageant son expérience réelle et non des concepts sur l’expérience hypothétique qu’il eût pu avoir.
Je compris alors au plus profond de mon cœur que je ne désirais pas devenir Maître, que seule la relation d’AMOUR et non de maitrise m’intéressait.
Dans un état second et après six heures de route je rentrais à ma demeure où m’attendait mon épouse. Elle qui me connait bien vit à mon expression qu’il s’était passé quelque chose de très fort et d’essentiel.
La regardant au fond des yeux je lui dis calmement mais avec une telle énergie qu’elle perçut tout de suite que les mots que j’allais prononcer étaient sans appel :
« LE ZEN C’EST FINI ! »
Au moment même où je prononçais ses mots je sentis tout de suite le poids de ce qu’ils allaient entraîner dans la Réalité : j’allais devoir m’expliquer avec mon Maître, avec tous les gens qui m’entouraient depuis des années, dont certains étaient devenus « des disciples »et attendaient que je sois intronisé Maître pour se faire ordonner par moi.
Dans les semaines qui suivirent je quittais définitivement tous mes engagements, tout en mettant tout en place afin que le dojo puisse perdurer au-delà de mon départ pour les personnes qui en avaient besoin et je dois dire qu’une telle épreuve fut fort adoucie par l’AMOUR IMMENSE que Bernard me prodigua par ses courriels et sa Présence continuelle au fond de mon cœur : place qu’il occupe toujours à ce jour.
Je me rendis compte rapidement qu’au fond je ne quittais pas le zen volontairement mais qu’il tombait de lui-même et Bernard me confirma qu’il en avait été de même pour toutes ses croyances au fur et à mesure de sa progression.

Donc à 60 ans après plus de 40 années de recherche : j’avais rencontré « mon Guru »terme que Bernard n’aime pas (il préfère de loin le mot AMOUR) mais que j’utilise parfois pour le taquiner car au fond il correspond bien à une certaine réalité et n’est pas employé dans ma bouche avec sa connotation négative.