De nombreux chercheurs sont interpellés par cet apparent paradoxe qu’un chercheur de la voie soit appelé à laisser tomber ce qu’il a mis des années à construire.
Certains d’entre eux en arrivent même à se demander : « à quoi bon tout cela, cette vie qui de toutes façons finit entre 4 planches ! »
C’est une question qui n’est pas si idiote et romantique qu’il puisse y paraître : je dirais même qu’elle est pratiquement à la base de toute recherche et qu’elle en est le catalyseur.
Évidemment si on ne construit pas son ego c’est la porte ouverte à la folie et à la déstructuration et bien que certains l’idéalisent, « la folie » n’a rien d’enviable et tous ceux qui comme moi ( « soignants » )ont été en contact avec la souffrance psychique des hôpitaux psychiatriques comprendront bien ce que je veux dire.
Mais d’un autre côté ,cette carapace que l’on construit peu à peu a aussi pour effet de nous éloigner de « l’état naturel » et de LA VIE.
Ce qui protège à un certain moment étouffe : c’est une loi incontournable que l’on peut vérifier dans tous les domaines de la vie.
Un tuteur permet la pousse d’un arbre mais si on le maintient cela lui enlève sa force
les parents sont indispensables pour la croissance du petit d’homme mais s’ils ne savent s’effacer à temps ils l’étouffent et l’empêchent de développer toutes ses potentialités. : etc.
Évidence me direz vous à juste titre :
oui mais alors en quoi consiste la démarche du chercheur ?
Il me semble que bien souvent il y ait une corrélation entre la protection nécessaire que l’on recherche et un étouffement progressif
Et le « business spirituel » (terme qu’emploie UG Krishnamurti )en est un exemple de plus en plus probant.
Les gens les plus honnêtes possibles dans leur recherche se trouvent peu à peu enfermés dans une série de « concepts »qui les étouffent et les éloignent de la vraie vie.
Et pour couronner le tout ils pensent que leur démarche est bien supérieure à celle de leurs frères humains et qu’ils font partie de l’élite.
Alors faut-il construire ou détruire?
Pourquoi construire puisque c’est pour finir entre quatre planches ?
Comment se sortir de cet apparent paradoxe sans vouloir trouver des tas de sens à notre vie simplement pour nous rassurer ?
En fait il s’agit simplement d’aimer avec passion la recherche que l’on a mise en route suite à ce pressentiment profond, cette intuition qu’il y avait autre chose que ce « sac de chair ,de sang et d’os » comme disait si joliment le Bouddha !
Et si bien sûr un chercheur garde un certain bon sens concernant les nécessités de base du quotidien(il faut se nourrir, se loger etc…) il n’en reste pas moins persuadé que ceci n’est pas l’essentiel.
Il assume cette base relative pour ne pas devenir déstructuré(on pense peu en effet à sa recherche si on meurt de faim et de froid),mais en même temps il met tout en œuvre pour laisser tomber peu à peu tout ce qui le sépare de CE QUI EST.
Si nous n’y prenons pas garde,la somme des concepts, des sécurités générés par notre peur,qui s’installe peu à peu dans nos vies , devient étouffante et chaque jour nous rajoutons un verre coloré aux lunettes déjà fort obscures qui assombrissent notre perception.
DONC FONDAMENTALEMENT UN CHERCHEUR N’A ABSOLUMENT RIEN A CONSTRUIRE mais au contraire à déposer ses valises déjà bien chargées dans le filet à bagage du train de LA VIE qui lui ne s’arrête jamais qu’il le veuille ou non.
S’il fait confiance en son pressentiment profond il saura échapper à tous les pièges de la voie et retournera sans cesse et avec une détermination sans faille à LA SOURCE JAILLISSANTE , à la BASE UNIQUE : LA VIE.