Une profonde leçon de tolérance et de respect inter-religieux!

 

 

Dans ce texte fondamental, qui consiste en un échange avec une de ses proches disciples qui va partir en terre chrétienne : Ma Ananda Mayi, si nous savons l’écouter, nous livre une profonde leçon de tolérance et d’intelligence de l’être humain.

En ces temps troublés où beaucoup s’enferment dans la tour d’ivoire de leurs croyances, (certains allant même massacrer les autres qui ne pensent pas comme eux) et, où tant d’autres s’endorment dans un relativisme mou, elle redonne le véritable sens de la Recherche qui doit être passionnée, déterminée, mais en même temps, elle trace les contours d’un véritable respect entre les différentes religions et manières de voir les choses.

Ceci devient fondamental à notre époque dans laquelle beaucoup de gens sont en perte identitaire et ont besoin de s’en reconstruire une, trop souvent malheureusement dans des excès. Le retour parfois caricatural du religieux ou la mode envahissante des tatouages seraient déjà à eux seuls un lumineux exemple de ce que j’avance. Cette faille identitaire est due en partie aux différents bouleversements de civilisation : perte des repères traditionnels, refus des hiérarchies, incertitude sur le futur, désastres écologiques, etc…

Si l’on se réfère à mon article sur ce site : « Mise au point sur les textes religieux » on verra à quel point je suis sévère non seulement avec les religions mais aussi avec cette mode du « dialogue inter-religieux » que bien souvent je trouve désuet et hypocrite.

Et bien je dois dire et avouer que ce texte de Ma Ananda Mayi m’a réconcilié avec cette nécessité de pouvoir se comprendre et se respecter entre les êtres humains, car tant de sectes et de manières de voir pullulent à notre époque, qu’il est indispensable pour chacun de faire un pas « réel » en direction de l’Autre, pour le comprendre et le respecter dans sa démarche.

Mais ceci est exigeant et il ne faut pas faire semblant, comme je l’ai vu tant de fois, avec des gens qui du bout des lèvres acceptent les croyances de l’Autre mais qui au fond se disent : « s’il comprend un jour, il pensera comme moi ! ».

Il s’agit d’une véritable ouverture de cœur et du respect profond de là où chacun en est dans sa démarche.

L’ouverture de Ma Ananda Mayi est telle, qu’elle va même envisager que le fait de croire que l’on a le meilleur Dieu peut-être un tremplin pour certains en vue du renforcement de leur propre foi, beaucoup de croyants feraient bien de prendre modèle. Lisez et relisez ce texte car il contient aussi, bien d’autres points fondamentaux, et pour ceux que le mot Dieu gêne, qu’ils le remplacent par leur mot à eux !

« J’exposais à Shrî Ma, ma propre compréhension du christianisme disant que j’aurais à entamer le dialogue avec ses porte-parole. Je lui demandai :

Question : Ma comment peut-on expliquer la personnification de l’Être Suprême en tant que Dieu ?

Ma : Quoi que l’on puisse dire, personnel, impersonnel, le Seigneur est lui-même tel qu’il est. Il est la Réalité Absolue, omniprésente dans l’univers, autant que demeurant au plus profond de l’être. Il est au-delà de toute compréhension et en même temps il est le Soi intérieur en chacun, n’est-ce pas ? LUI SEUL EST (qu’on le considère comme inconnu ou à connaître). C’est celui qui est sans nom, sans forme. Cependant tous les noms sont siens ! Il est présent partout et universellement manifesté. Où n’est-il pas ? Quand on touche la main de quelqu’un, il dit : « Ceci est moi. » Même ses vêtements indiquent sa Présence. Toutes les religions reconnaissent sa Présence, elles prennent leur source en Lui. Comment saisir cette immensité ? Prenons l’exemple d’une personne seule dans le tourbillon des relations (irradiant de Lui) : il est le père, le fils, le mari, le frère, etc. Il en est ainsi dans toutes les religions. Ce sont toutes des relations intimes et chacune est unique en elle-même.

Question : Les chrétiens croient que le Christ est une incarnation, la seule incarnation envoyée pour sauver l’humanité. Selon eux, il est le seul médiateur entre Dieu et l’homme.

Ma : D’accord, il est certainement juste pour les chrétiens de croire cela, pourquoi pas ? LA FOI PERD DE SA VIGUEUR SPIRITUELLE SI ELLE EST UNIVERSALISÉE. MAIS CE N’EST PAS NÉCESSAIRE D’EN ARRIVER LÀ ! La miséricorde illimitée de Dieu est répandue partout. Lui seul sait ce qui est bon pour chacun de nous.
Si chaque individu regarde son propre voyage spirituel, alors il peut apporter l’aide la meilleure à ses compagnons de route. Chaque communication de la Vérité est un événement unique. Aucun de ces événements ne peut être comparé à un autre. En célébrant cette Vérité, les communautés religieuses se forment ou prennent tournure. Les communautés également sont nécessaires : elles fournissent la cohésion, l’unité générale des objectifs à atteindre, et elles donnent du courage à ceux qui ont un moral faiblissant. C’est une bonne idée que d’appartenir à une communauté et de marcher sous sa conduite pour aller vers la Réalisation. Il n’est pas nécessaire de se méfier de la foi de nos amis chercheurs de Vérité.

Question : Mais les chrétiens restent très fortement attachés à l’unique événement historique de l’incarnation du Christ et de ce fait envoient leurs missionnaires !

Ma : Pourquoi devrions- nous poser des limites à L’Infini, ou des restrictions de temps à ce qui est intemporel, c’est-à-dire l’Éternel ?L’INFINI A DES MOYENS INFINIS POUR SE RÉVÉLER LUI-MÊME.PERSONNE N’A LE DROIT DE DIRE : « C’EST SEULEMENT AINSI ET PAS AUTREMENT. »

Bien que à proprement parler un tel credo soit aussi admissible, car chaque optique est concevable. Après tout, à l’intérieur de l’ensemble de la Vérité, quelle est l’étendue de ce que l’on peut rejeter ? Réclamer l’exclusivité est une façon de renforcer sa propre foi et sa dévotion, mais dénigrer la loyauté des autres est déplacé et injustifié. Le véritable pèlerin devrait apprécier les efforts de ses amis grands voyageurs.

Question : Si quelqu’un croit en une unique incarnation, comment peut-il comprendre la Vérité des autres manifestations ?

 Ma : L’incarnation est vraiment seule, unique, c’est une descente, une venue, une approche, un avènement, chacun étant unique à sa façon. Comme je l’ai déjà dit, il n’y a rien, ni personne à part Dieu. Le vrai nœud de la question est qu’il faut aller de l’avant ! Pour avancer dans une direction, il est exigé un effort suprême, constant, déterminé, sans faille. Se détourner de ce but par comparaisons et contrastes, équivaut à ralentir, à moins que certains ne soient habitués à un renforcement de leurs objectifs dans un esprit d’unité et de communion. L’Un englobe tous les chemins menant à La Réalisation de cette Vérité.

Question : Ma, on ne peut pas croire en l’Un, en l’Unique seulement car une créature, un être humain sont séparés de Dieu pour toujours ?

 Ma : Oui bien sûr ! Comme Dieu ne peut pas être saisi par l’esprit il est séparé pour toujours.

ÊTRE HUMAIN VEUT DIRE HABITER DANS LE MONDE DES IMAGES MENTALES. LE MENTAL LIMITE LA COMPRÉHENSION.DIEU EST SÉPARÉ DE L’ÊTRE PARCE QU’IL DEMEURE AU-DELÀ DES IDÉALISATIONS DU MENTAL. CE QUI EST SUPRÊME EST PAR CONSÉQUENT AU-DELÀ ENCORE. Aussi est-il juste de dire : « Dieu et sa créature ».

La compréhension de la séparation est elle-même la ligne de partage.

Il est votre Soi le plus profond, votre témoin le plus intérieur, votre vous le plus intime.

Question : Est-ce qu’un médiateur est nécessaire pour connaître Dieu ?

Ma :  Oui, mais Dieu lui-même se révèle comme le Guru. Le Guru est Dieu lui-même et Lui seul connaît les exigences du vrai disciple. Pour invoquer la présence du Guru on doit devenir un vrai disciple.

Question : Est-ce que tous les chemins ont la même valeur ?

Ma : Oui pour autant qu’un chemin soit suivi de façon concentrée, sincère et persévérante. Cependant il existe des chemins et sentiers qui se révèlent être des déviations.Quelqu’un naît avec certaines prédilections(samskaras) qui façonnent les attitudes. La façon de vivre est un amalgame d’actions, de croyances et de connaissances. La façon dont on organise sa vie déterminera le chemin à suivre. Dans la sphère de la Recherche de Dieu, l’aide fixe de façon inévitable, même si quelqu’un est ignorant et ne distingue pas clairement la voie juste, notre chemin est réorienté dans la bonne direction par le Guru qui apparaît immanquablement de façon à apporter de l’aide et à montrer la route. Ce sont les propres efforts de chacun qui doivent être évalués, pas les faits.

Question : Comment peut-on savoir si l’on n’est pas en train d’errer sans but ?

Ma :  Quiconque est sur le chemin en quête de Cela est touché par la paix de la vérité. Dans ce domaine, où celui qui cherche trouve, il n’y a aucune possibilité pour qu’un véritable effort soit fait en vain, ou qu’un manque de sincérité produise des résultats.  L’effort est requis parce que l’homme utilise sa volonté pour atteindre des buts matériels. Ainsi la volonté peut également devenir comme des courroies qui conduisent l’homme au-delà de ses limites. En réalité seule la miséricorde de Dieu prévaut. Quand on fait un pas vers lui, il en fait dix vers nous. En fait il est constamment avec nous. La Recherche en elle-même devient, par conséquent, la conclusion. »