J’ai extrait des lettres d’Élisabeth des passages magnifiques dans lesquels elle loue le Silence du Carmel et la solitude que l’on peut y vivre .
Même pour nous autres qui ne sommes pas nécessairement appelés à une vie de reclus, ces merveilleuses paroles nous donnent une direction et résonnent en nous qui, quelque soient nos engagements, avons tous besoin d’un Carmel intérieur et je dirais même que nous en avons d’autant plus besoin au fur et à mesure que nos vies deviennent encombrées par tant de sollicitations en tous genres.
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C’est si bon la solitude et le silence.
Je sais bien qu’au dedans on peut toujours avoir cela, car quand le cœur est pris qui pourrait venir le distraire ?
Le bruit n’arrive qu’à la surface mais tout au fond il n’y a que Lui.
Oh ! Faisons bien le vide, détachons-nous de tout, qu’il n’y ait plus que Lui, Lui seul…Que nous ne vivions plus mais qu’Il vive en nous….
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Oh ! Tout est délicieux au Carmel, on trouve le bon Dieu à la lessive comme à l’oraison, il n’y a que LUI partout. On le vit, on le respire.Si vous saviez comme je suis heureuse, mon horizon grandit chaque jour.
Pour moi la cellule c’est quelque chose de sacré, c’est son sanctuaire intime rien que pour lui et sa petite épouse. Nous sommes si bien tous les deux. Je me tais, j’écoute, c’est si bon de tout entendre de Lui. Et puis je l’aime tout en tirant l’aiguille et en travaillant à cette chère bure que j’ai tant désiré porter !
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Voyez- vous au Carmel le cœur se dilate et il sait encore mieux aimer…Dîtes à Monsieur le curé qu’il a un souvenir particulier dans mes prières et que je lui demande de bien prier pour moi afin que je sois tout à fait carmélite, c’est à dire sainte car c’est tout un !
Je vous écris pendant le grand silence du soir, je ne sais ce que je gribouille car je n’y vois guère avec notre petite lampe. Si vous saviez comme il fait bon dans cette petite cellule. Ah ! Voyez-vous le Carmel ce n’est pas encore le Ciel, mais ce n’est déjà plus la terre. Comme le bon Dieu est bon de m’avoir prise ici.Ne soyez pas jalouses, mon cœur est bien large et vous aurez toujours votre place. Je vous suis par la pensée et mon cœur est près de vous.
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(à sa mère)Vous devez trouver votre petite Élisabeth bien silencieuse. Si sa plume se tait, son âme et son cœur du moins ne se privent pas d’aller vous trouver en Celui qui demeure toujours tandis que tout passe et tout change autour de nous….
Je vis dans l’Amour, je m’y plonge, je m’y perds, c’est l’infini, cet infini dont mon âme est affamée……
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Une carmélite ma chérie c’est une âme qui a regardé le crucifié, qui l’a vu s’offrant comme Victime à son Père pour les âmes et, se recueillant sous cette grande vision de la charité du Christ, elle a compris la passion d’Amour de son âme, et elle a voulu se donner comme Lui !….
Et sur la montagne du Carmel, dans le silence, dans la solitude, dans une oraison qui ne finit jamais car elle se continue à travers tout, la carmélite vit déjà comme au Ciel de Dieu seul.
Le même qui fera un jour sa béatitude et la rassasiera dans la gloire se donne déjà à elle, il ne la quitte jamais, il demeure en son âme ; plus que cela tous deux ne font qu’Un.
Aussi elle est affamée de silence afin d’écouter toujours, de pénétrer toujours plus en son Être infini, elle est identifiée avec Celui qu’elle aime, elle le trouve partout, à travers toutes choses elle le voit rayonner!N’est ce pas le Ciel sur terre !
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Au fond ma profession de Foi n’est qu’une aurore, et tout commence, chaque jour ma vie d’épouse m’apparaît plus belle et plus lumineuse, plus enveloppée de paix et d’Amour..
En la nuit qui précéda ce grand jour(de sa prise d’habit) j’ai compris que mon Ciel commençait sur la terre…….
Toute mon ambition est d’être la proie de l’Amour et il me semble qu’au Carmel cela est si simple de vivre d’Amour ; du matin au soir la règle est là pour nous exprimer instant par instant la volonté du bon Dieu.
Si vous saviez comme je l’aime cette Règle qui est la forme en laquelle il me veut sainte. Je ne sais si j’aurai le bonheur de donner à mon Époux le témoignage du sang, mais du moins si je mène pleinement ma vie de carmélite , j’ai la consolation de m’user pour Lui, pour Lui seul.
Alors qu’importe l’occupation en laquelle il me veut, puisqu’Il est toujours avec moi, l’oraison, le cœur à cœur ne doivent jamais finir !
JE le sens si vivant en mon âme, je n’ai qu’à me recueillir pour le trouver au dedans de moi et c’est cela qui fait tout mon Bonheur.
Il a mis en mon cœur une soif d’infini et un si grand besoin d’aimer que Lui seul peut rassasier ; alors je vais à Lui comme le petit enfant à sa mère, pour qu’il comble, qu’il envahisse tout et qu’il me prenne et m’emporte en ses bras ; il me semble qu’il faut être si simple avec le bon Dieu !
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Élisabeth avec délicatesse indique à une amie qu’elle aime mieux partager le silence avec elle:
Ne trouvez vous pas qu’il faisait bien bon de prier l’une près de l’autre?
Il y a longtemps que je n’avais eu le bonheur de communier près de vous et je remercie le bon Dieu pour cette attention !
Je puis bien vous confier quelque chose, je ne voudrais pas cependant vous faire de la peine.
Oh ! Voyez-vous ce matin à la chapelle près de vous, je trouvais que c’était meilleur encore que nos bonnes causeries et, si vous le voulez bien désormais nous passerons près de LUI, l’une à côté de l’autre,le temps que nous passions ordinairement dans le jardin devant la chapelle.
Est-ce que je vous fais de la peine ? Chère petite sœur, n’avez vous pas senti comme moi?Il me le semble.Oh ! Dîtes le moi tout simplement, vous savez qu’à votre Élisabeth, vous pouvez tout dire