De nombreuses personnes sont incommodées lorsqu’elles entendent prononcer le mot « AMOUR » et faisant fi de ces réserves Bernard l’utilise énormément.
Au début de ma rencontre avec lui j’ai eu à subir pas mal de sarcasmes plus ou moins sympathiques de la part de personnes qui trouvaient ce langage désuet , inadapté, superficiel.
Mais peut- on affirmer que parce qu’un mot a été galvaudé, la Réalité de ce qu’il recouvre n’existe pas pour autant?
Bernard parle d’AMOUR parce qu’il le vit et en est un exemple merveilleux: voici ci après quelques réponses de Bernard à un chercheur sur ce sujet:
Vous parlez tant d’Amour : ce mot est tellement galvaudé que parfois il peut irriter pas mal de gens !
Mais c’est quoi au juste l’Amour dont vous nous parlez sans cesse ?
C’est l’Amour TOTAL, l’Amour pour rien, simplement pour l’Amour de l’Amour parce qu’être en état d’Amour est le BONHEUR ABSOLU, le Bonheur Éternel qui est notre nature véritable, ce n’est pas rien !
En quoi cet Amour est-il si différent de l’Amour humain ?
C’est une différence de Nature : d’une part, il y a le SOI qui est la Vie dans sa totalité et d’autre part ce qui se manifeste à partir de cette Base qu’est le SOI.Pour bien expliquer, parce qu’après tout c’est intéressant de comprendre ce qui peut l’être, donnons au SOI les qualificatifs de :
ETRETE (la Vie permanente, éternelle)
BONHEUR(le fait de réaliser la permanence de cette Vie)
Et AMOUR (impersonnel, être en état d’Amour, notre état naturel)
Le SOI qui est AMOUR-BONHEUR-ETRETE, en se manifestant permet l’apparition de cette vie particulière qu’est l’individu dans un espace-temps.
Mais ce qui apparaît, disparaît également et vous l’expérimentez chaque jour.
Le Soi est éternel et c’est la Vie tout court.L’individu est une vie particulière et donc éphémère, provisoire et de cela également vous avez l’expérience.C’est parce que cet individu est provisoire que tout ce qui dépend de lui ne sera jamais parfait, jamais l’idéal dont l’homme rêve tant.
Et nous arrivons à l’Amour humain, un Amour relatif à l’individu et donc lui aussi provisoire !Vous voyez bien que cet Amour fait ce qu’il peut, mais il est comme l’individu : fragile tout simplement, comme tout ce qui est perçu par les sens.
Alors comment trouver cet Amour dont vous témoignez ?
La bonne nouvelle c’est de voir que cet Amour humain, si fragile, si éphémère, de l’individu, ne provient de nulle part : il est la manifestation de l’Amour Total ou BONHEUR ou encore Vie éternelle qu’est LE SOI. Il ne peut exister sans la BASE d’où il s’élance, de même que les plaisirs ne peuvent exister sans Bonheur dont ils sont la manifestation également provisoire.
L’Amour qu’éprouve l’individu est un Amour particulier : il aime quelqu’un ou quelque chose. Le sujet et l’objet sont tous les deux provisoires. Si l’on va au-delà de la particularité de l’Amour nous découvrirons, nous serons absorbés par cet Amour Total, inconditionnel, pour rien, sans objet, sans but, l’Amour complet en lui-même, ne dépendant de rien et c’est tout simplement une merveille !
Vous citez très souvent Elisabeth de la Trinité comme exemple de l’Amour Total, que pouvez vous ajouter à ce sujet ?
Il y a de très nombreux exemples d’êtres totalement passionnés par leur recherche et le mien c’est vrai, prend la forme et surtout le cœur d’Élisabeth : quel Amour ! Quelle Passion !
Mais c’était une religieuse et vous ne semblez pas conseiller aujourd’hui les pratiques religieuses ?
Toutes les religieuses ne sont pas Élisabeth, mais comme tous les chercheurs ne sont pas RAMANA ou NISARGADATTA….Les chercheurs sont particuliers, pas ce qu’ils RÉALISENT !
Qu’est ce qui vous a le plus frappé chez Elisabeth de la Trinité ?
Son AMOUR justement ! Élisabeth est une excessive, elle est née comme ça. SA mère disait à ce sujet : « Elle sera un ange ou un démon ! » C’est dire le tempérament qu’elle avait, et comme tous les excessifs, tout ce qu’elle faisait était de même. Alors quand il s’est agi d’aimer, ce ne pouvait être que grandiose, total, fou, et cela prit toute sa vie : une vie courte physiquement, mais une Éternité d’Amour qu’elle réalisa en moins de 26 ans..Quelle merveille !
J’insiste un peu, mais comment peut on aimer quand on est carmélite, c’est-à-dire cloîtrée, retirée du monde ? C’est tout de même incroyable !
Mais la solitude n’est qu’une attitude mentale ! Pensez vous qu’Élisabeth se soit sentie un seul instant entre quatre murs ?
Physiquement son espace était restreint, mais en conscience, et au plus profond de son être, elle vivait l’immensité de l’ÊTRETE et son AMOUR inconditionnel de l’Absolu qui, pour une carmélite prend le visage de Jésus-l’Epoux mystique- ne pouvait à aucun moment être perturbé, ni par la forme, ni par le temps et l’espace dans lequel elle évoluait… En réalité dans son Cœur, elle ne vivait que l’Éternité et cette Éternité est cet instant présent, là, en ce moment unique qui demeure et n’est jamais en devenir
Pas simple tout de même à comprendre…..
Voilà bien le problème ! Il ne s’agit pas de comprendre, mais simplement de vivre ! C’est différent. N’essayez pas de comprendre Elisabeth, mais soyez édifiés par son témoignage. Vibrez à son contact si brûlant, et pour rependre ses propres termes : ensevelissez vous en Elle pour qu’elle s’ensevelisse en vous ! Que c’est beau et quel programme !
Mais que devons nous faire ?
Arrêter de vouloir tout comprendre et encore plus lorsqu’il s’agit d’Amour !
Dans cet Amour Total et inconditionnel, le processus mental n’a aucune prise, il ne peut participer à ce qu’il n’expérimente pas.
C’est pour cela que l’on parle d’AMOUR FOU, l’Amour n’a rien à voir avec la raison et de ce fait, il ne peut pas être « raisonnable », il est au-delà de ce qui est perçu, au-delà des sens bien qu’il passe également par eux.
Il faut « travailler » à la dé- particularisation de l’Amour et nous arriverons à un Amour sans objet, complet en lui-même, Total, Fou, inconditionnel, résultat de l’alchimie de celui qui Aime en Ce qui est Aimé, l’ensemble fusionnant en cet extraordinaire « État d’Amour » qui brûle toute particularité.