101 questions essentielles à Bernard : Partie 11 : Purification- Travail sur les sens.

 

 

Dans les temps qui viennent j’ai décidé, vu la demande et l’assiduité de certains lecteurs de publier un ensemble de ce que j’appellerai « 101 questions essentielles à Bernard. » Ces 101 questions qui sont extraites soit d’entretiens oraux, soit de réponses à des mails ou lettres, couvrent à mon avis l’essentiel de ce dont a besoin un chercheur sérieux pour découvrir sa Nature Véritable.
Une petite mise au point est indispensable afin de préciser à chaque lecteur, à chaque chercheur, la nécessité de s’imprégner du sens profond des réponses qui vont suivre sans trop s’attarder sur la forme particulière donnée à chaque réponse.
En effet, la forme concerne spécifiquement la personne qui a posé la question et qui a obtenu la réponse qu’elle « pouvait entendre ». Ce qu’elle peut entendre est fonction de sa personnalité propre, de ce qu’elle est capable d’accepter, de son évolution à l’instant même où la question a été posée et d’autres facteurs plus subtils.
Le fond de la réponse va directement au Cœur et concerne tout chercheur sérieux et passionné. L’impact produit est alors fonction de la ferveur de chacun.
Il est indispensable que la réponse soit « absorbée » sans que l’intellect ait le temps d’interpréter ce qu’il a entendu. Plus tard la personne y réfléchira, retournera les paroles dans tous les sens et fera agir son sens critique.
La compréhension intellectuelle est utile pour prendre conscience de l’existence des concepts, mais elle est incapable de les dépasser tout simplement parce qu’elle en fait partie.
Il ne faut donc pas donner trop d’importance à la compréhension, et se souvenir avec passion que seule l’Expérience personnelle nous conduira au but tant désiré.
De nombreuses personnes pourront se dire : que de répétitions ! C’est vrai et tous les sages un peu sérieux ont répété des milliers de fois, sous des formes différentes les mêmes recommandations. Le mental humain a tellement tendance à se figer, à se scléroser, à se durcir, qu’il faut marteler sans cesse les mêmes évidences ,pour que par chance une ou l’autre arrive à pénétrer et transpercer la couche de notre ignorance (qui est rappelons le un des trois poisons du bouddhisme). En préparant ce travail, j’ai moi-même relu ce que j’avais lu tant de fois et à chaque lecture, un petit plus apparaît dans la compréhension et l’intégration de ces vérités de base.
Abordons donc ces pépites, gracieusement offertes, avec Amour et humilité, qu’elles nous accompagnent dans notre voyage merveilleux , à la découverte de notre Nature Véritable.

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Voici un ensemble de questions touchant un sujet important qui concerne tout chercheur sérieux de la Voie. Il est souvent mal compris et fait tomber dans des excès soit d’ascétisme doloriste, soit de complaisance néfaste. Bernard réussit à éviter ces écueils en revenant au point essentiel de tout son témoignage : le retour à LA BASE à partir de l’état témoin de la conscience. C’est un joyau précieux qui évite bien des impasses. Vous pourrez remarquer au passage, ce qui justifie bon nombre de mes mises en garde sur les réponses des Êtres réalisés, qui peuvent sembler contradictoires, puisqu’à certaines questions il répond qu’il n’y a rien à purifier et maîtriser et qu’à d’autres il conseille de le faire. Occasion de répéter inlassablement que les réponses sont faites à une personne donnée à un moment donné de sa recherche et qu’elles ne constituent en rien un enseignement dogmatique.

43) On parle souvent de purification de l’esprit ou de la psyché, comme une étape essentielle avant l’acquisition de la connaissance du Soi. De quoi l’esprit doit-il être purifié ? En quoi, cette étape est-elle nécessaire au cours de la quête du Soi ? Quel est le moyen d’effectuer cette purification ?

 Bernard : Tout d’abord, précisons encore une fois, qu’il n’y a aucune connaissance à acquérir pour être le Soi, puisque nous le sommes déjà. Connaître le Soi, c’est tout simplement Être le Soi. Comme nous sommes le Soi, mais que nous ne le savons pas réellement, c’est ce que nous prenons pour le Soi, c’est-à-dire l’Ego qu’il faut éliminer.
Quant à purifier l’esprit, c’est-à-dire l’Âme ou l’Ego, cela fait partie des diverses techniques utilisées par les religions ou mouvements spirituels ou encore écoles de Yoga. Cette purification n’a aucun sens pour celui qui suit le chemin de Jnana.
Mais précisons tout de même que procéder à une éventuelle purification suppose que nous sommes, au départ, impurs. Comprenons très clairement et une fois pour toutes que nous ne sommes jamais à aucun moment impurs ! L’idée même d’impureté provient certainement, comme une foule d’autres conceptions, des multiples procédés de culpabilisation inventés par les religions. « je » n’est pas le corps, comment pourrais-je un instant être pur ou impur? Même le corps lui-même ne peut pas être pur ou impur, il est simplement provisoire et de ce fait soumis à des changements, à un début et donc à une fin, c’est tout. D’autre part, vous rappelez-vous avoir un jour sollicité un corps ? Est-ce vous qui avez demandé de venir dans ce corps qui pour le moment est votre forme physique ? Il n’existe absolument rien d’impur ni en l’homme ni en aucune autre forme en ce monde. Tout ce qui existe, arrive simplement. Les choses sont simplement ce qu’elles sont : c’est après l’apparition de ces choses, formes etc… que nous leur mettons des étiquettes : ceci est bien, cela est mal ; cette chose est pure, celle-ci est impure ; cet homme est blanc, celui-ci est noir etc… Tout cela n’est que simple conception ! Qui suis-je moi, lorsque dormant profondément le soir, ces idées, pensées, conceptions, convictions, certitudes, croyances, disparaissent ? Et si elles existent réellement, pourquoi ne sont-elles pas présentes dans le sommeil profond ?
Comme beaucoup d’autres mots, celui de la purification doit être effacé de votre vocabulaire.
Au lieu de vouloir purifier l’Ego, il est préférable de réaliser qu’il n’existe que parce que le Soi le permet. Découvrons ce qui se cache derrière l’Ego et le chemin sera accompli !

44) « À force de harceler le mental, de le forcer à se plier à notre volonté, à force d’efforts répétés pour devenir maître des sens : « nous deviendrons libres » : Qu’entend-on exactement par « maîtriser ses sens » ?

 Bernard : C’est vrai que cette maîtrise est indispensable et tous les ascètes du monde ont montré que cette voie était efficace. Maîtriser les sens c’est simplement aller au-delà des impressions sensorielles. Aller au-delà des impressions sensorielles, c’est prendre conscience que toute expérience ne peut être que sensorielle et qu’elle n’existe que dans la dualité. Notre Vraie nature ne peut jamais faire l’objet d’une expérience particulière et c’est justement lorsque l’expérience prend fin que l’on Est tout simplement. Malgré tout, l’homme est la plupart du temps esclave de ses sens et il est préférable d’inverser le processus.

45)  Annamalaï Swami dit : « Si vous voulez la pleine félicité du Soi, vous devez renoncer à tous vos désirs et attachements. » Faut-il même renoncer au désir d’une recherche spirituelle ainsi qu’à l’attachement au Guru ? Sont-ils eux aussi des obstacles à la reconnaissance de notre Véritable Nature ?

 Bernard : La seule pensée qu’il puisse exister des obstacles à la réalisation du Soi est à elle seule le plus gros obstacle. Si le Soi était éloigné, il y aurait un chemin nous permettant de l’atteindre et sur ce chemin, nous pourrions rencontrer de nombreux obstacles comme dans la vie de chaque jour. Mais comme le Soi se trouve là où nous sommes, et que nous n’avons donc aucun chemin à parcourir, où pourrait-il y avoir des obstacles ?
Pour être le Soi, il n’y a rien à faire de particulier puisque nous sommes déjà le Soi. Et c’est en ce sens que l’on dit qu’il n’y a pas besoin de recherche. Mais puisque, pour le moment, nous pensons être un individu particulier, dans un corps, dans le monde et qui, de plus agit, travaille, est attaché à une famille, à des pensées particulières etc… il convient de rechercher pourquoi, bien que nous soyons convaincus au plus profond de nous-mêmes de ne pas être que cela, nous continuons à nous complaire dans ce rôle qui s’achève inévitablement par la mort de l’individu.
C’est là que réside le problème : pourquoi persistons-nous à nous identifier à notre corps, sachant qu’il ne peut rien nous apporter de durable ?
La question n’est donc pas de savoir comment être le Soi. Ce genre de question peut être posé par un débutant. Mais lorsque l’on ressent fortement que nous sommes certainement autre chose qu’un simple corps, la question essentielle est la suivante : si je ne suis pas cet ensemble corps- mental, Qui suis-je ?
La recherche est indispensable, l’introspection est nécessaire puisqu’elle nous conduit à poser cette question essentielle sur notre véritable nature : Qui suis-je réellement ? Mais comprenons bien que cette fameuse recherche concerne l’individu et qu’elle se fait avec l’aide du mental. Nous ne pouvons donc pas rechercher le Soi, ni donc Le trouver : qui pourrait bien Le trouver ? mais cette recherche va constituer à examiner tout ce qui à priori, nous fait croire que nous sommes autre chose que le Soi. C’est en fait une longue enquête qui procède par élimination. Lorsque nous aurons éliminé tout ce que nous ne sommes pas (l’impermanent), il ne restera plus que ce qui est permanent : le Soi, l’Être simplement, pure présence, existence infinie que le mental ne pourra jamais  « comprendre ».
Les attachements sont les résultats d’impressions laissées dans le mental par le plaisir et la souffrance et concernent l’individu. Si l’on cherche sérieusement l’origine de l’attachement, on constatera à la fin qu’en fait, c’est à nous-même que nous sommes attachés et donc tout simplement à la Vie. L’attachement est le résultat des peurs que nous accumulons par nos habitudes mentales, la plus grosse peur étant la peur de ne plus être que l’on appelle la mort. Au lieu de renoncer à nos attachements, comprenons ce qu’ils signifient, quelle est leur origine et enfin qui est concerné par ces attachements. Ne peut être attaché que celui qui est lié. Je suis le Soi et le Soi est libre. L’individu ne peut être libre et restera toujours esclave des attachements des sens. Libérons-nous une fois pour toutes de l’identification erronée à l’individu que nous ne sommes que par intermittence et les attachements disparaîtront comme ils disparaissent au moins une fois par jour, au cours du sommeil profond.
Quant à l’attachement au Guru, c’est un peu différent, on ne peut pas parler d’attachement si l’on comprend bien que le Guru, l’Être Réalisé, n’est pas un corps. Si le disciple n’a pas encore compris que lorsqu’il parle avec le Guru, il n’a pas en face de lui un individu mais l’unique Soi qu’il est également, l’attachement peut effectivement exister. Avec le temps, la confiance et la persévérance, tout s’arrangera. Et même s’il y a attachement, il est certain que celui-ci n’est pas mauvais et qu’il cessera de lui-même en temps voulu.

46) Je ne suis pas poète, mais il y a des moments où seule la poésie, le chant ou le silence, porte témoignage des choses que l’on ressent. Naturellement ce texte issu de Ramana Maharshi : l’homme de lumière, je le mets au présent en te disant avec tout mon cœur que ce texte parle de toi, uniquement de toi.
« Et pourtant tu ne donnais rien, tu ne vendais rien. Il y avait ta personne, ta vision si claire, ton sourire. Tu étais pure Réalité, au-delà de nos vicissitudes. À tous tu apportas ta compréhension et la foi en cela que tu incarnais. Pas de miracles, pas de spectacles. La seule vérité plus que divine : Éblouissante. Bien des visiteurs en ont reconnu l’étincelle. »
Ces quelques mots sont des remerciements pour cette écoute qui réchauffe le cœur de celui qui cherche…mais plus en vain.
Je n’ai pas fini, je dois te poser quelques questions, ce sont des questions qui me tiennent à cœur. Je te pose la première en l’introduisant par un texte de Ramana du 8 Janvier 1946 :
«  Il y a quelques jours, une dame qui était arrivée ici récemment s’approcha de Bhagavan et lui dit sans peur ni hésitation :
Swami je n’ai qu’un seul désir, puis-je vous dire ce que c’est ?
-Oui dit Bhagavan, que désirez-vous ?
-Je veux Moksha (la réalisation) dit-elle.
-Vraiment ?
-Oui Swamiji, je ne veux rien d’autre. Si vous me donnez Moksha cela suffira !
-Oui, oui, c’est bien, c’est bien dit Bhagavan en réprimant un sourire
-Mais ne me dites pas que cela sera pour plus tard, vous devez me donner Moksha sur le champ.
-très bien.
-je dois partir, me donnerez-vous Moksha maintenant ?
-Bhagavan fit un signe de la tête
Et dès qu’elle fut partie, il éclata de rire et se tourna vers nous :
-Elle dit qu’elle se contentera de Moksha, qu’elle ne veut rien d’autre !
-Nous sommes tous ici dans ce but dit alors Subbalakshmamma, nous ne désirons rien d’autre que Moksha.
‘SI VOUS RENONCEZ À TOUT : CE QUI RESTE EST MOKSHA dit Bhagavan. Que peut vous donner quelqu’un d’autre ? Moksha est toujours présente, elle Est. Tous ces gens veulent que je leur donne la libération. N’est-ce pas là un désir ? Si vous renoncez à tous vos désirs, ce qui reste est Moksha. Et pour vous débarrasser de tous ces désirs, vous devez faire une sadhana.
Renoncer à tous ses désirs ? Ramana et d’ailleurs bien d’autres réalisés ont énoncé cela. Le désir de Réalisation est aussi un désir. L’individu qui cherche ne peut qu’avoir ce désir, seul le Soi est sans désir, alors comment faire ?

 Bernard : C’est toujours le même problème, les chercheurs lisent Ramana ou Nisargadatta et perçoivent leurs paroles comme faisant partie d’un « enseignement ». Tous me parlent de l’enseignement de Ramana, de Nisargadatta et d’autres. La vérité est que ni Ramana, ni Nisargadatta n’ont jamais rien enseigné et Bernard n’enseignera jamais non plus.
Ramana a-t-il donné des conférences, s’est-il adressé à des foules pour leur transmettre un enseignement quelconque, pour pratiquer une recherche spirituelle ? A-t-il jamais parcouru le monde pour enseigner et donner divers modes d’emploi pour parvenir à ce fameux éveil ?
Non, il n’y a pas d’enseignement possible mais simplement témoignage parce que je suis le témoin direct d’un vécu qui n’est pas une hypothèse, un on-dit, une éventualité, mais ma propre expérience de l’être.
Cela pour dire que la réponse faite par Ramana dans l’exemple que tu cites s’adressait spécifiquement à la dame avec laquelle il s’entretenait et qui n’eut comme réponse qu’un signe de tête . Puis les commentaires qui suivent sont faits également pour les quelques personnes qui entouraient Ramana lors de cette entrevue.
Il est vraiment souhaitable de ne jamais perdre de vue que lorsque tu lis des « questions-réponses » ce n’est jamais un enseignement mais des conseils donnés à la personne qui pose la question. Les réponses données tiennent toujours compte de l’évolution de cette personne et de tout ce qu’elle pense posséder comme « bagages » que ceux-ci soient spirituels ou non. Les réponses sont faites également en fonction de ce que cette personne est capable d’entendre dans l’instant précis où la question a été posée, et enfin de l’interprétation inévitable qu’elle en fera.
Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas intéressant pour un chercheur de lire ces textes, mais de ne jamais oublier que, par exemple, tu aurais pu obtenir une réponse totalement différente que celle que tu es en train de lire. La forme est particulière à chaque chercheur, mais le fond est pour l’évolution de tous.
Quant à ces fameux désirs on a tout dit dans de nombreux livres, mais surtout n’importe quoi ! les désirs existent-ils d’eux-mêmes, te réveillent-ils pendant la phase de sommeil profond ? Non, ils ne peuvent apparaître qu’après le réveil, chaque matin selon le processus que chacun expérimente tous les jours : je dans le corps, dans le monde et pour cet exemple précis : avec des désirs Tout cela est totalement naturel, il n’y a pas lieu de toujours vouloir changer la nature. Pour exemple, constate simplement que l’homme, ce complexe corps-mental, s’est mis un jour en tête qu’il était « maître de la nature » et il s’est mis à vouloir la changer, la modifier et paraît-il l’améliorer : regarde le résultat ! Quelle misère ! L’homme n’est en fait qu’un simple élément de la manifestation et rien de plus pour ce qui est de cette vie particulière.
Les désirs étant donc naturels ils ne peuvent poser aucun problème, mais c’est tout simplement l’attachement aux désirs qui pose problème aux chercheurs sérieux.
Il n’y a pas lieu de renoncer aux désirs, ce serait leur donner une importance qu’ils n’ont pas et n’auront jamais et là, le mental se régale !
Alors la solution (ce n’est que la mienne bien entendu) ce n’est pas de renoncer à quoi que ce soit puisque tout cela, désirs y compris, finiront avec l’individu dans une caisse, c’est-à-dire qu’ils finiront de toute façon. La solution qui ne peut connaître l’échec n’est pas dans le renoncement à quoi que ce soit, mais au contraire dans le désir intense, animé d’une passion inconditionnelle, avec le moteur extraordinaire d’une ferveur à tout casser et tout cela baignant dans un Amour total de ce merveilleux but que je désire atteindre de tout mon être (et peu importe si les mots sont parfois impropres) simplement parce que je ressens dans le plus profond de mon cœur, un sentiment d’éternité, un Amour qui me dépasse mais me fait de plus en plus vibrer et cela je le désire de toutes mes forces !
Le véritable chercheur vivant dans sa passion totalement n’a pas à pratiquer autre chose que d’alimenter ce feu qui brûle en lui à chaque instant et, j’en suis témoin, tu verras si quelque chose( que ce soient les désirs, les peurs ou autres phénomènes) vont résister à ce typhon qu’est une véritable passion ! Rien ne peut résister à la ferveur totale, rien. Totalement impliqué dans ce que l’on appelle « la vie intérieure », les diverses sensations quotidiennes seront vues à leur toute petite place et telles qu’elles sont en réalité, c’est-à-dire tout simplement provisoires. Et ce qui est provisoire ne peut en aucun cas m’apporter le bonheur ! N’est-ce pas évident ?

Cet article ne pouvait se terminer sans cette réponse extraordinaire de Bernard concernant ce sujet et entendue sur le CD un après-midi avec Bernard, dont le texte intégral est également sur ce site.

Souvent l’évolution spirituelle est associée à une purification du mental ?
Vouloir purifier le mental ça voudrait dire que c’est le mental qui va réaliser quelque chose. Quoi que tu fasses dans le mental ce n’est qu’un processus, la conscience que tu en as est importante par contre, mais purifier le mental, maîtriser les sens (ils vont se maîtriser tout seul les sens dans la caisse !)À la mort tout sera maîtrisé hein, ça n’a aucun intérêt quoi ! Mais on le pense parce que oui on habite dans le corps, donc il prend une importance importante pour lui, mais c’est lui qui dit ça !
Pourtant il y a vraiment cette idée que plus on va purifier le mental, plus on a de chance de développer l’état témoin et de réaliser, c’est complètement faux ?
 Non ! Ce n’est pas totalement faux, non ! Ça dépend des personnes ! Personne n’a la même conscience, c’est extraordinaire aussi à constater ça !
Mais à défaut de purification, peut-être qu’il est intéressant de s’entraîner au détachement, c’est à dire à prendre du recul par rapport aux événements, aux impressions….
Nous ne sommes ni les impressions, ni les événements, mais ce qui permet que tout ça soit possible, ce qui permet que ça arrive le matin, la conscience, dans le corps, dans le monde.
Le passionné encore une fois il a son but c’est l’écran à atteindre au bout. Il ne va se détacher de rien, il va aimer par-dessus tout le but qu’il veut atteindre va-t-on dire.
Mais peut être que certaines pratiques… comme la méditation par exemple, peuvent aider…
Là-dessus on a tout dit n’est-ce pas ?  Alors moi qui en ai tant fait évidemment je dis qu’il n’y a pas à faire tout ça, et d’un autre côté il faut tout faire.
Elles ont quand même joué un rôle peut être ?
Tu parles ! (avec humour) As-tu vu dans quel état je suis ! (Rires)
Évidemment mais quand tu as ça et que ça te brûle de partout, alors évidemment !
Quand tu es dans une religion,  tu vas prier, tu vas en faire sans arrêt, ça va être les chapelets, ça va être tout quoi, les lectures. Tant qu’on est identifié à un corps, on prie quelqu’un d’autre .Petit à petit ça tombera aussi pour celui qui est passionné : Ça va être des méditations, ça va être tout…
Mais tout cela ce sont des moyens…Oui des pratiques comme on les appelle ! Mais en fait la vraie pratique : ( ce n’est pas que les autres soient fausses)  la plus importante :
 c’est la vie de tous les jours de l’individu, vécue dans la conscience que j’en ai et qui change sans arrêt.
 Donc c’est à chaque chercheur de chercher les moyens qui vont lui permettre de le vérifier ?
Tout à fait ! Ce qui est bon pour un va pas être bon pour l’autre. Tout peut devenir pratique : un oiseau qui passe c’est une pratique. Tout participe de notre recherche puisqu’on est déjà ce qu’on cherche. Il y n’ a que la conscience qu’on en a qui n’ était pas tout à fait ça : ça tient à rien et ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat, avec tous ces livres qui se plaisent à compliquer tout, c’est horrible ! Quel dommage !
D’accord ! Mais pourquoi n’arrive-t-on pas à le voir si c’est si évident, si ça tient qu’à un fil ,si ce n’est qu’une idée….
 Parce que tu es con ! (Éclats de rires)
C’est forcément une question que l’on se pose quoi…à force de se cogner la tête…
Oui, bien sûr,  tout le monde…Tu lis sans arrêt qu’on est déjà ce qu’on cherche et tu finis par te dire : si je suis déjà ce que je cherche, je suis con quoi ! Tu finis par te dire ça.
Ou alors plus sérieusement à force de lire que l’on est déjà ce qu’on cherche on peut conclure qu’il n’y a rien à faire
Oui on entend souvent cela, c’est un peu la mode aussi. Ne faîtes rien, pas de recherche, pas de pratique. Si tu écoutes Poonja, il dit , ne faîtes rien, restez tranquille…
Bon c’est vrai dans un sens : il n’ y a rien à faire pour être, mais puisque pour le moment je me prends pour cet individu là et que ça ne me satisfera jamais, il faut que je regarde de plus près et à partir de là, selon chaque individu : parce que personne n’a la même conscience ni de lui ni du monde et donc du chemin à faire, de ce qui nous semble bien ou mal ou de ce qui nous semble qu’il faudrait faire, de ce qui semble nous gêner. Tout le monde va avoir un cheminement et va être complètement différent bien sûr !
Et il évoluera en fonction de la conscience qu’on en a. Tout existe en fonction de la conscience qu’on en a, c’est valable pour tout et évidemment pour les pratiques.
Ce qui fait qu’un jour il y aura cet événement important : c’est la dernière expérience mais c’est la plus importante, ce tomber de scène, ce déclic extraordinaire, ce feu d’artifice, ce volcan, enfin tout ce que l’on veut comme mot, qui est le fruit de la culture assidue de l’ attitude témoin. L’attitude témoin c’est être plus dans la conscience c’est : j’existe, alors que dans le processus mental : je suis un individu.
Je vais observer ça de plus en plus, de plus en plus fort, avec de plus en plus d’intensité et je vais voir, d’abord le comprendre(la part de compréhension est nécessaire, ce n’est pas mal !) Voir que je ne suis pas que ça.
C’est important de constater et d’expérimenter chaque jour avec le sommeil profond que l’idée d’être un individu s’arrête et que ça repart tous les matins.  Qu’est-ce que je suis entre temps dans le sommeil profond ? Je ne suis pas mort, j’existe ! Il y a d’abord tout cela à comprendre, mais après il y a à vouloir…à fusionner là-dedans ! Le comprendre seulement ne me rend pas heureux !
Car la plupart des chercheurs sérieux, c’est-à-dire passionnés, qui veulent vraiment ça, l’ont constaté, l’ont compris, pourtant ne l’ont pas encore réalisé donc ça ne suffit pas de comprendre.
Ensuite il est nécessaire de l’intégrer, il ne faut faire plus qu’un avec ça. Je veux réaliser ce dont transpire RAMANA , je veux ce dont vibre Elisabeth à chaque mot qu’elle dit. À aucun moment elle ne veut comprendre, elle veut fusionner et ça quand je le lis pourquoi ça me plaît ?
Parce que ça me parle de ce que je recherche le plus au monde quoi !
Ce trésor c’est quelque chose d’extraordinaire, et ça nous fait vibrer, des frissons, des larmes tout ça, c’est pas le mental qui fait ça, c’est la reconnaissance du plus profond de nous-mêmes qui vibre à ce qu’il est en train de lire, parce qu’on parle de lui.
C’est ce qui m’a plu dans NISARGADATTA et un peu choqué, quand il dit : « dans la Gita c’est de moi dont on parle ». Alors évidemment, il y a très longtemps je me disais mais oh là ça fait bizarre. Mais en fin de compte c’est ça : on parle de nous ! Sans le nous ! De LA BASE. C’est cette BASE qui permet que le reste vive, qui permet tout d’ailleurs, que la vie particulière apparaisse.
Donc : retour aux sources en fait ! RAMANA le dit si bien à Ganapatimuni quand il lui demande :« Qu’est-ce que tapas ? » « Si on observe d’où surgit la notion de je, le mental est absorbé en cela ».
C’est fort, ce ne sont pas des mots ça ! Qui c’est qui observe le mental ? Qui c’est qui observe ? Pas le mental : Le mental peut pas se voir. C’est la conscience que j’en ai. Alors le mental voyant qu’on s’occupe de moins en moins de lui (les mots sont impropres mais ça ne fait rien !) comment pourrait-il tenir ?
Mais en faire un problème, vouloir le purifier, vouloir le maîtriser, il se régale, sans le comprendre puisqu’il ne peut pas le comprendre mais il se régale, il est alimenté, il vit là, tandis que si je suis dans la conscience et que je l’observe, il ne tiendra pas ! Voilà comment ça marche.