ne serions nous que des mickeys?
Une fois de plus et en quelques vers le cantique des oiseaux invite le chercheur véritable à se tourner vers l’intérieur.
Ce monde qui paraît si réel à tes yeux
En un clin d’œil se perd, disparaît de la vue
Tu as beau être fier d’être un roi glorieux
Tu n’es rien qu’un enfant qui joue aux marionnettes
Si tu n’es pas un âne, ne cherche pas le monde
Il n’est qu’une pâture propre à nourrir les bœufs
Qui n’a pas renoncé aux tambours de la gloire
Et à ses étendards, est comme un homme mort
Tout cela n’est que bruit, que du vent, rien de plus
Le tapage du tambour, le vent dans l’étendard
N’ont portant aucun poids ni aucune valeur
Cesse de galoper sur tant de vaine gloire
Et de t’enorgueillir de ton rang élevé !
On finit bien un jour par écorcher le tigre
Sache que toi aussi, tu finiras ainsi
Puisqu’il est impossible d’être vraiment dans l’être
Il vaut bien mieux se perdre ou bien s’anéantir.
Il ne t’est pas possible de marcher tête haute
Mieux vaut donc la baisser!Jusques à quand jouer ?
Laisse donc de côté le pouvoir et la gloire
Ôte ce poids de ta tête et puis n’y songe plus !
Ton palais, tes jardins se sont faits ta prison
Hélas ! Ils empoisonnent et ton âme et ta vie.
Jusqu’à quand, impatient, cheminer en ce monde ?
Renonce à cet amas de boue et d’illusions !
De la grandeur de l’âme, ouvre l’œil, vois la Voie !
Mets le pied dans la Voie et vois le Seuil céleste !
Une fois que ton âme aura atteint ce Seuil
Auréolé de gloire, tu deviendras si grand
Que tu ne tiendras plus place dans tout l’univers.
L’amour des formes, vois-tu, n’est pas l’amour mystique
Et les plaisirs charnels ne sont que jeux de bêtes
Toute beauté qui peut passer et se détruire
N’est pour les hommes vrais qu’un substitut d’Amour
Si pour une beauté qui n’est pas éternelle
Toi, tu te meurs d’amour, tu es blasphémateur
Tu nommes pleine lune une forme formée
D’un corps fait d’un mélange d’humeurs et de sang
Enlève les humeurs et retire le sang
Rien ne sera plus laid que lui dans l’univers
Ce qui tient sa beauté : du sang et des humeurs
Sais-tu bien à la fin, quel sera son destin ?
Combien de temps encore tourneras-tu ainsi
Chercheur d’imperfection autour d’un corps visible ?
La beauté véritable est dedans l’invisible
Et c’est dans l’invisible qu’il te faut la chercher.
Si le voile se levait de ce mystère premier
Tout s’anéantirait, le monde et tous les êtres
Les formes de ce monde seraient anéanties
Les choses de valeur en seraient avilies
L’amour des formes est vain et ainsi cet amour
Se changera en haine des uns envers les autres
A l’inverse l’Amour pour les êtres invisibles
Est un Amour sans faille, sans fin, et sans défaut
En dehors de cela, le reste ne sera
Qu’obstacle sur la Voie, que regrets et chagrins.
QUI SERA PRIS AU PIÈGE D’AIMER UNE FORME
SERA, PAR CETTE FORME EN PROIE A MILLE MALHEURS
TRÈS VITE CETTE FORME LUI SERA ARRACHÉE
ET LUI DANS SA STUPEUR, SERA ENSANGLANTE !
Et dans le même ordre d’idées ce passage terrible sur la vanité de nos vies :
Le début de la vie n’est que du temps perdu
Inconscience infantile, faiblesse, insouciance
Le milieu de la vie t’aliène à toi-même
Et la jeunesse passe en folies incessantes
Et puis quand vient la fin, quand la vieillesse arrive
L’âme devient sénile, le corps faible et débile
Lors d’une telle vie, tout ornée d’ignorance
Comment ce chien en toi peut-il se purifier ?
Si tout n’est qu’insouciance du début à la fin,
Que récolterons nous de la vie ? Que du vent !
Ce chien a dans le monde nombre de serviteurs
Et pourtant qui voudrait être esclave d’un chien ?
Être est un grand malheur avec cela au cœur
Car le moi impérieux est un enfer brûlant
Tantôt un feu liquide de désirs charnels
Tantôt un froid de glace et d’apathie mortelle
Oui, c’est bien tout cela, les délices de l’enfer
Cette double nature : feu et glace mêlés
Innombrables les cœurs qui sont morts de chagrin
Mais ce chien infidèle, hélas, jamais ne meurt !
Nous sommes tous gouvernés par ce moi mécréant
Et tous nous cultivons en nous la mécréance
Et il est si enclin à ne pas obéir
Qu’il n’est pas si facile de le faire périr
Comme il est assisté de différents côtés
Ce serait étonnant que l’on pût le détruire
Tel un cavalier, le cœur parcourt le royaume
Et ce chien nuit et jour reste son familier
Le cœur va au galop, chevauchant sa monture
Et ce chien, pas à pas, le suit comme à la chasse
Ce que le cœur obtient de la Source de Vie
Le moi impérieux l’arrache au cœur d’autant
Mais celui qui saura, viril, lier ce chien
Prendra dans les deux mondes un lion à son lasso
Qui pourra asservir ce chien à son vouloir
Personne n’atteindra la poussière de ses pieds
Qui pourra l’enchaîner d’une chaîne solide
Son argile vaudra plus que le sang des autres.
(NDLR:Mais dans ce noir apparent réside l’espoir car ce que nous appelons nos tentations sont en fait un domaine où nous aimons nous accrocher mais en fait personne ne nous y retient !
Cela me fait penser à une phrase de Lanza Del Vasto qui m’avait toujours beaucoup frappé :
« Si nous craignons d’entreprendre une lutte sérieuse contre nos sens, ce n’est pas que nous désespérions de l’entreprise
Mais c’est que nous savons la victoire assurée et que nous craignons cette victoire . » )
Tentations.
Un immature un jour alla voir un ascète
Et se plaignit à lui des actions du diable
« Sa ruse m’a trompé et elle m’a dévié
Dit-il, du droit chemin de la religion . »
L’homme lui répondit : « Sache mon cher ami
Qu’avant toi le diable s’est présenté à moi
Pour se plaindre de toi car tu l’as affligé
Et il est ulcéré de ta grande injustice
Voici ce qu’il m’a dit : « Ce monde est mon domaine
Qui est son ennemi ne fait pas mon affaire
Va donc dire à untel de passer son chemin
De se laver les mains de ce monde qui est mien
Si j’ai pris, sans pitié, sa foi comme ma cible
C’est qu’il s’est accroché au monde, mon royaume
QUI SORT DE MON DOMAINE ET RENONCE POUR DE BON
JE N’AI PLUS RIEN A FAIRE DE LUI ET JE LE LAISSE. »