Le corps serait découpé en mille morceaux, que le Soi ne serait pas blessé. Si le pot est pulvérisé , l’espace qu’il contient n’est pas détruit. (Yoga Vasistha 5)

galet-parfume-en-terre-cuite-556810

les-experts

Dernier extrait du Yoga Vasistha, qui parle de lui-même et que je n’ai guère envie de commenter sauf à dire avec force le message d’espoir qu’il contient et qui est exprimé dans mon titre à cet article et cet intense message à la fin que le Soi n’apparaît que lorsque l’on est libéré de tous les points de vue et que même le mot Soi n’est qu’un modeste outil pour communiquer une Vérité qui dépasse toute description !

Quelle merveille !

______________________________________________

La stupidité et l’ignorance sont seules à l’origine de toutes les souffrances de ce monde. Cette création n’a été engendrée que par l’ignorance et la stupidité. Bien qu’ils le sachent, il est assurément étrange que des êtres vivants cherchent à renforcer cette non-entité fausse et irréelle.

Cette illusion du monde peut se comparer à l’imagination du héros qui se croit attaché par les chaînes invisibles projetées par les yeux de son ennemi et se sent harcelé par l’armée invisible créée à la seule pensée de l’ennemi. Ce monde chimérique ainsi manifesté par le mental inexistant est également détruit par un autre mental tout aussi inexistant.

Cette apparence du monde illusoire n’est autre que le mental

Ne te laisse pas égarer, ô Rama, par les discours interminables et creux de ceux qui se disent instructeurs et n’ont pas d’expérience directe.

Le mental est le moyeu autour duquel tourne ce cycle pervers, créant des chimères dans le mental de ceux qui sont les jouets de l’illusion. C’est en contrôlant fermement ce moyeu au prix d’un intense effort sur soi et grâce à une vive intelligence qu’on parvient à immobiliser cette roue toute entière.Une fois le mouvement du moyeu arrêté, la roue ne tourne plus. Qui ignore cette astuce et ne la met pas en pratique, subit une souffrance interminable.

(NDLR : on pourrait penser que ce passage s’oppose à ce que dit Bernard sur le fait que ce n’est pas la peine de maîtriser le mental et qu’il sera de lui-même maîtrisé dans le cercueil.Là encore il est nécessaire au chercheur de bien s’imprégner des apparentes notions contradictoires(parfois émises par le même Être Réalisé d’ailleurs)et de ne pas juger trop vite à l’aide de quelques concepts conditionnés. Car cela ferait passer à côté de merveilles. Ce passage sur le mental est fondamental et amène à une grande hauteur de vue . Il ne s’agit pas bien sûr de briser le mental à coup d’ascèses et de volonté égotique(il est d’ailleurs dit plus loin que quand on s’interroge sur lui le mental disparaît)mais de bien en comprendre le fonctionnement et la capacité énorme de mystification dans laquelle il englue le chercheur.)

La maladie de la perception de l’illusion de ce monde n’est guérie que par la maîtrise du mental. Abandonne donc toutes les autres activités telles que les pèlerinages, dons divers et austérités et, pour ton bien ultime, rends-toi maître de ton mental.Cette apparence du monde loge dans le mental, à la façon dont l’espace occupe l’intérieur du pot. Si l’on brise le pot, la division illusoire de l’espace disparaît ; et si le mental cesse, le concept du monde à l’intérieur du mental, cesse du même coup.

Ainsi qu’un insecte prisonnier du pot recouvre sa liberté de mouvement une fois le pot brisé, tu goûteras aussi la liberté quand le mental cessera d ‘être en même temps que l’illusion du monde qu’il contient.

Vis dans le présent avec ta conscience extériorisée momentanément, mais sans effort : alors quand le mental tranche ses liens avec le passé et l’avenir, il devient non-mental, rempli de pureté.

Ce n’est que tant que le mental continue à être agité qu’il fait l’expérience de la diversité de sa propre projection ou expansion, de même que la pluie ne tombe que quand il y a des nuages, et ce n’est que tant que l’infinie conscience se mêle au mental fini, que pareille agitation et pareille expansion se produisent.Si la conscience cesse d’être le mental fini, sache alors que les racines mêmes de l’illusion du monde cyclique( de la naissance et de la mort) sont brûlées, et il y a perfection.

Le mental disparaît toujours quand on s’interroge sur sa vraie nature.

Et tous les jours dans le sommeil profond le corps essaie de détruire le mental.

La conscience libérée des limitations du mental porte le nom d’intelligence du dedans : c’est la nature essentielle du non mental et elle n’est donc pas souillée par les impuretés des concepts et des perceptions. C’est la réalité, c’est le bien souverain, l’état appelé Soi suprême et cette vision est impossible quand fonctionne le mental malfaisant.

Lorsqu’il y a mental, désirs et espoirs prospèrent, et les expériences de douleur et de plaisir apparaissent. La conscience éveillée à la vérité ne chute pas dans les concepts et les perceptions ; et donc même si elle paraît subir des expériences psychologiques diverses, elle ne génère pas l’illusion du monde et le cycle de l’apparence du monde.

Le Soi est la seule aide pour la Réalisation du Soi suprême. C’est notre Soi qui s’efforce d’abandonner notre propre souffrance ; et pour ce faire, il n’est d’autre moyen que la Réalisation de notre propre Soi par nous-mêmes.

Le corps serait découpé en mille morceaux, que le Soi ne serait pas blessé. Si le pot est pulvérisé , l’espace qu’il contient n’est pas détruit.

Le Soi infini n’est pas davantage en mesure de se glisser dans la peau du mental qu’on ne saurait faire tenir un éléphant dans le fruit d’un pommier sauvage.

En conséquence Rama, tout en demeurant actif dans ce monde, sois sans mental et saisis que tu es pure conscience.

Abandonne des notions du type ; « c’est à moi »- « c’est lui », « je suis cela » et demeure établi dans la conscience de l’indivisible unité. Tant que dure le corps, envisage présent et avenir d’une conscience égale. Sois constamment établi dans la conscience du Soi dans tous les états-jeunesse, âge adulte, vieillesse, plaisir et douleur- ainsi que dans la veille, le rêve et le sommeil profond

Abandonne l’impureté de la perception objectivée des espoirs et des désirs. Renonce aux notions d’événements bénéfiques et malencontreux. Renonce aux visions de l’indésirable et du désirable. Sache que tu es l’essence de la Conscience. Comprends-bien que sujet, objet et action ne t’affectent pas. Connais en toi : « je suis le Tout » et vis l’état de veille comme un profond sommeil.

Sois dégagé des conditions appelées dualité et non- dualité, et demeure dans un état d’équilibre qui est un état de pure conscience et de liberté absolue. Comprends bien que ce Soi n’est pas divisible en « je » et en « l’autre ».

Le cristal de cette infinie conscience qu’est le Soi reflète sa propre clarté de conscience présente dans toutes ces combinaisons de particules atomiques ; après quoi celles-ci acquièrent une apparente conscience individuelle et pensent : « je suis » etc.… En réalité la Présence inhérente à toutes ces combinaisons ne diffère en rien du Soi, il n’existe pas entre elles de relation sujet-objet.

Par conséquent : ON NE FAIT PAS L’EXPÉRIENCE DE L’AUTRE, ON N’ACQUIERT NULLEMENT L’AUTRE, PAS PLUS QU’ON NE LE CHANGE OU LE MODIFIE.

Toute cette diversité des substances matérielles, des « je », des « tu », apparaît pour la satisfaction de l’ignorant ; celui-ci ne voit en tout et pour tout que ce qu’il imagine au sein du Soi.

On doit donc toujours se demander dans son propre mental : « Que sont ces humeurs, ces dispositions et ces sentiments qui se manifestent en moi ? »En s’interrogeant de la sorte le mental s’élargit. Il abandonne passé et avenir et du même coup, son mode de fonctionnement fractionné.Quand il a acquis la connaissance de soi et que sa conscience s’est élargie à l’infini, il ne retombe plus dans le cloaque de ce monde.

Le renoncement total est indispensable ; La connaissance de soi ne s’obtient qu’à ce prix.

Une fois abandonnés tous les points de vue, ce qui reste est LE SOI .

CELA QUI EST L’OBJET DE LA CONNAISSANCE OU DE LA COMPRÉHENSION, N’EST PAS LE SOI, IL EST DONC NÉCESSAIRE D’ABANDONNER CE QUI EST CONNAISSABLE OU L’OBJET, ET IL RESTE MAINTENANT LA PURE CONSCIENCE, LE SOI, LIBRE DE L’OMBRE DU DOUTE.

MAIS MÊME LE MOT SOI N’EST EMPLOYÉ QU’AFIN DE COMMUNIQUER : LA VÉRITÉ DÉPASSE TOUTES LES DESCRIPTIONS.

NB : Je me suis permis d’alléger et réduire considérablement le texte tout en préservant je l’espère l’essentiel.Le Yoga Vasistha est d’une ampleur considérable( près de 30000 versets), j’ai désiré le rendre accessible aux chercheurs qui n’ont pas nécessairement le temps ni la possibilité de le lire : pour ce long travail j’ai utilisé:la magnifique édition de SWAMI VENKATESANANDA parue aux éditions INNERQUEST , qui est à ce jour l’édition la plus complète en Français(Octobre 2016.)Elle comporte près de 800 pages!