« Vous êtes morts et votre vie est cachée en Dieu avec Jésus Christ »
Saint Paul vient nous donner une lumière pour nous éclairer sur le sentier de l’abîme.
« Vous êtes morts ». Qu’est ce à dire ? Sinon que l’âme qui aspire à vivre au contact de Dieu dans la forteresse inexpugnable du saint recueillement, doit être séparée, éloignée, dépouillée de toute chose quant à l’esprit.
Cette âme trouve en elle même une simple pente d’Amour qui va vers Dieu, quoi que fassent les créatures ; elle est invincible aux choses qui passent, car elle passe au dessus d’elles visant à Dieu.
Je meurs chaque jour, je diminue, je me renonce plus chaque jour afin qu’en moi le Christ grandisse et soit exalté.
Je réside toute petite au fond de ma pauvreté, je vois mon néant, ma misère, mon impuissance, je m’aperçois incapable de progrès, de persévérance, je vois la multitude de mes négligences, de mes défauts, je m’apparais dans mon indigence.
Je me prosterne dans ma misère, reconnaissant ma détresse et je l’étale devant la miséricorde de mon Maître.
Je mets la joie de mon âme dans tout ce qui peut m’immoler, me détruire, m’abaisser, car je veux faire la place à mon Maître.
Ce n’est plus moi qui vis c’est Lui qui vit en moi.
Je ne veux plus vivre de ma propre vie mais être transformé par lui afin que ma vie soit plus divine qu’humaine, et que le Père en se penchant sur moi puisse reconnaître l’image du fils bien-aimé en qui il a mis toutes ses complaisances.
Notre Dieu est un feu consumant c’est à dire un feu d’Amour qui détruit, qui transforme en lui-même tout ce qu’il touche.
Les délices de l’embrasement divin sont renouvelés au fond de nous par une activité qui ne se relâche jamais, c’est l’embrasement de l’Amour dans une complaisance mutuelle et éternelle .
C’est un renouvellement qui se fait à toute heure dans le nœud de l’Amour.
Certaines âmes ont choisi cet asile pour s’y reposer éternellement, et voilà le Silence où elles se sont en quelque sorte perdues.
Délivrées de leur prison, elles naviguent dans l’océan de la divinité sans qu’aucune créature leur soit obstacle ou gêne.
Pour ces âmes, la mort mystique dont nous parle Saint Paul devient si simple, si suave !
Elles pensent beaucoup moins au travail de destruction et de dépouillement qui leur reste à faire qu’à se plonger dans le Foyer d’Amour qui brûle en elles,et qui n’est autre que l’Esprit Saint, ce même Amour qui dans la Trinité est le lien du Père et de son Verbe.
Elles entrent en Lui par la foi vive et là, simples, paisibles,elles sont emportées par lui, au dessus des choses, des goûts sensibles, dans la ténèbre sacrée et transformées en l’image divine.
Elles vivent selon l’expression de Saint Jean en société avec les trois adorables Personnes, leur vie est commune et c’est là la vie contemplative : cette contemplation conduit à la possession.
Or cette possession simple est la vie éternelle goûtée dans le lieu sans fond.
C’est là qu’au dessus de la raison nous attend la tranquillité profonde de la divine immutabilité.