Problème de décalage entre la conscience et ce qui est : l’état témoin.

 

 

 

Il ne faut pas se fier au peu de mots qu’il y a dans cet échange avec un chercheur, car il est en effet plus important qu’il n’y paraît et Bernard ne s’y trompe pas et note le fondamental de la question posée. Tout le questionnement autour de la conscience et de l’état témoin y est posé, avec ce sentiment parfois désagréable pour le chercheur d’avoir toujours « un train de retard », comme si persistait toujours ce décalage entre observer et être et Bernard nous rappelle l’exigence de vouloir revenir à la Base car l’intellect ne suffira pas. : un grand moment à méditer et relire !

 

A.: Il y a quelque chose que je ne comprends pas ! La conscience me semble toujours décalée par rapport à ce qui a été, elle vient après ce qui est vécu ! Elle n’est donc pas immédiate ! …Ou alors le devient-elle ?

B.: Les deux ! Dans le sens où comme je dis quand vous faites le point c’est cette conscience qui observe, et puis lorsque l’on nous dit de cultiver l’attitude témoin, à ce moment-là c’est plus dans la conscience de dire JE SUIS, que dans le processus mental : je suis le corps, avec les événements qui arrivent. On peut alors être plus dans le JE SUIS, c’est-à-dire plus dans la conscience que dans ce qui arrive. C’est pour cela que je distingue toujours la conscience d’avec le processus mental. Soit vous le voyez en même temps soit vous le voyez après : oui.

A. : C’est-à-dire que moi j’essaie de voir par rapport au « ici et maintenant », et j’essaie de réduire le plus possible le décalage, d’être toujours en conscience dans l’instant…

B. : Toujours dans l’instant…Oui parce que tout ce que l’on expérimente c’est en ce moment.

A. : C’est difficile !

B. : Oui ce n’est pas facile !

A. : Ce qui vient juste après c’est le mental qui l’interprète. Mais la conscience elle est là ! A un moment donné, il nous faudrait enlever notre conscience en fait.

B. : C’est comme dans le sommeil profond. Oui il faut Réaliser, c’est ce que vous dîtes, et c’est vrai : mais enlever la conscience de fait c’est impossible car humainement il n’y a que la conscience.

A. : J’ai l’impression que c’est toujours courir après…Enfin suivant ce principe là….

B. : Oui c’est une très bonne impression, c’est vrai, c’est ça. Mais il faut que vous voyiez que vous êtes la Base qui vous permet de dire cela. Et ça c’est le SOI, pas avant. C’est pour cela que je dis tout le temps cette phrase fondamentale : « Je préexiste à la conscience que j’ai de moi-même. » C’est fort ça, donc ce que vous dîtes là et c’est bien, oui vous avez toujours l’impression que vous courez après et que ça va être sans fin, sauf si vous vous arrêtez sur LA BASE qui permet qu’il y ait ce jaillissement-là. Ce que vous dîtes-là vous ne pouvez pas le dire si vous ne le vivez pas : c’est très important. C’est une illusion en fait par rapport à ce que l’on appelle La Réalité. La Réalité en fait c’est vous et tout ce qui va se passer en dehors : vous aurez toujours l’impression que vous courrez tout le temps après. Mais je trouve que c’est une bonne impression parce que c’est vrai. Ça peut paraître anodin mais c’est extrêmement important cela. Donc vous êtes celui qui regarde, vous constatez qu’il y a ça.

A. : Enfin je ne sais pas si c’est cela l’Êtreté : mais vraiment être dans le moment présent dans la conscience c’est pratiquement impossible…

B. : Oui c’est vrai et bien ce que vous dîtes là…Vous me faîtes des frissons, alors que ça paraît anodin c’est très important. Mais au lieu de voir que, effectivement vous avez l’impression que ça ne s’arrêtera pas, regardez que vous n’êtes pas ce que vous constatez et là vous serez dans l’Êtreté comme on dit. Vous voyez ce que je veux dire ?

A. : Je vois oui.

B. : Vous n’êtes pas ce qui est constaté, vous êtes la Base qui permet que la conscience le constate, en plus. Donc vous préexistez à cet instant-là. Même l’instant présent : on n’expérimente que dans l’instant présent et pourtant vous préexistez à l’instant présent.

C’est donc important ce que vous exprimez là et Il faut rester là-dedans en ne voulant être que LA BASE en fin de compte et puis en le désirant, parce que l’intellect ne suffira pas.

(Long silence).

B. : J’ai répondu ?

A.  Oui ! Je pense que c’est à vivre. C’est conseillé de le vivre et courir après jusqu’au moment où ça va se Réaliser…