101 questions essentielles à Bernard : Partie 9 : Déterminisme.

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Dans les temps qui viennent j’ai décidé, vu la demande et l’assiduité de certains lecteurs de publier un ensemble de ce que j’appellerai « 101 questions essentielles à Bernard. » Ces 101 questions qui sont extraites soit d’entretiens oraux, soit de réponses à des mails ou lettres, couvrent à mon avis l’essentiel de ce dont a besoin un chercheur sérieux pour découvrir sa Nature Véritable.
Une petite mise au point est indispensable afin de préciser à chaque lecteur, à chaque chercheur, la nécessité de s’imprégner du sens profond des réponses qui vont suivre sans trop s’attarder sur la forme particulière donnée à chaque réponse.
En effet, la forme concerne spécifiquement la personne qui a posé la question et qui a obtenu la réponse qu’elle « pouvait entendre ». Ce qu’elle peut entendre est fonction de sa personnalité propre, de ce qu’elle est capable d’accepter, de son évolution à l’instant même où la question a été posée et d’autres facteurs plus subtils.
Le fond de la réponse va directement au Cœur et concerne tout chercheur sérieux et passionné. L’impact produit est alors fonction de la ferveur de chacun.
Il est indispensable que la réponse soit « absorbée » sans que l’intellect ait le temps d’interpréter ce qu’il a entendu. Plus tard la personne y réfléchira, retournera les paroles dans tous les sens et fera agir son sens critique.
La compréhension intellectuelle est utile pour prendre conscience de l’existence des concepts, mais elle est incapable de les dépasser tout simplement parce qu’elle en fait partie.
Il ne faut donc pas donner trop d’importance à la compréhension, et se souvenir avec passion que seule l’Expérience personnelle nous conduira au but tant désiré.
De nombreuses personnes pourront se dire : que de répétitions ! C’est vrai et tous les sages un peu sérieux ont répété des milliers de fois, sous des formes différentes les mêmes recommandations. Le mental humain a tellement tendance à se figer, à se scléroser, à se durcir, qu’il faut marteler sans cesse les mêmes évidences ,pour que par chance une ou l’autre arrive à pénétrer et transpercer la couche de notre ignorance (qui est rappelons le un des trois poisons du bouddhisme). En préparant ce travail, j’ai moi-même relu ce que j’avais lu tant de fois et à chaque lecture, un petit plus apparaît dans la compréhension et l’intégration de ces vérités de base.
Abordons donc ces pépites, gracieusement offertes, avec Amour et humilité, qu’elles nous accompagnent dans notre voyage merveilleux , à la découverte de notre Nature Véritable.

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Dans ces quelques réponses Bernard aborde le problème fondamental que tout homme se pose un jour ou l’autre : celui du déterminisme et de la liberté. Des étagères entières de livres ont été écrits à ce sujet. Bernard y répond très clairement en quelques phrases, mais nous met, à juste titre, en garde de ne pas trop vite utiliser ce qu’il dit par sa propre expérience et Réalisation, comme des concepts que nous autres qui sommes en marche, allons asséner sans une intégration profonde. Oui nous sommes plus déterminés que nous le croyons et beaucoup de choses dont la génétique, le prouvent amplement. On pourrait aussi parler de l’astrologie sérieuse et de bien d’autres choses. Mais est-ce si important de vouloir rentrer dans le détail ? Cela ne restera que dans le domaine des concepts mentaux que nous brandissons à longueur de journée. Revenons donc à l’essentiel que Bernard énonce en une phrase : « nous ne pouvons être ce que nous regardons. » Et avançons avec cette certitude et cette intuition confirmée par Bernard et tout sage réalisé, que notre profonde liberté consiste à ne pas nous identifier à ce que nous croyons être.

33) « L’identification résulte du concept imaginaire d’une entité autonome indépendante qui se croit l’auteur de ses actes et par ce fait prend livraison des actions et de la responsabilité de leurs conséquences. » Cela signifie donc que nous n’agissons pas mais que les choses « arrivent » !
Cela implique-t-il que nous ne devons plus rien faire et que nous devons laisser les éléments agir sur nous ?
Au contraire, devons-nous continuer à nous sentir responsables de nos actions tant que nous sommes identifiés au corps ? Cela ne représente-t-il pas un obstacle dans notre quête de la vérité ?

Bernard : Qui pose de telles questions ? Pour dire que nous n’agissons pas mais que les choses arrivent, il faut être libre ou, comme l’on dit, « réalisé ». Avant ce jour, il est bon de le savoir en arrière-plan, comme base de travail et uniquement dans ce sens. Sinon, cela ne veut absolument rien dire. Celui qui entreprend une quête spirituelle ne doit tenir pour Vrai que ce qu’il expérimente lui-même et prendre tout le reste pour des « on dit ». Il ne faut absolument rien accepter en dehors de ce que nous expérimentons. C’est le meilleur moyen de réussir ! Il suffit de regarder l’histoire des religions avec leurs montagnes de credo, leurs multitudes de rites, cultes, affirmations de toutes sortes, que les hommes ont acceptés comme on est obligé d’accepter qu’après le lundi vienne le mardi, c’est-à-dire passivement, pour se rendre compte que cette façon de faire mène à la catastrophe et ne conduit pas l’homme au But ultime, quel que soit le nom que l’on donne à ce But.
Les religions, philosophies diverses,etc… nourrissent le mental et donc la personnalité, l’individu et fortifient l’Ego : comment pourraient-elles de ce fait parvenir à un résultat qui, en l’occurrence, est de rendre l’homme libre ?
Quant à cet éternel problème qui consiste à dire : « Si les choses arrivent et que je n’y peux rien changer, je ne fais plus rien ! » La réponse est simple : essayez !
Tant qu’il existe un individu, l’action est inévitable parce que c’est un tout. Là encore, il est bon d’avoir cette éventualité en arrière-plan, comme base de travail, mais tant que l’on ne sera pas libéré de la personnalité, ce ne seront que des mots…
Alors, en effet, doit-on se sentir responsable de nos actions tant que nous sommes identifiés à cet ensemble corps-mental ? Nous sommes responsables de ce que nous pouvons changer. Mais que pouvons-nous changer dans notre vie, dans les événements qui se succèdent à chaque instant ? En réalité : Rien ! Nous n’avons aucune emprise sur ce qui arrive, la seule chose que nous pouvons changer, c’est notre attitude. En tant qu’individu, nous n’avons aucune responsabilité quant aux événements qui se déroulent dans le monde. Mais avant d’être libéré de l’illusion provoquée par la dualité, tous ces mots, ces affirmations n’ont certes aucun sens…

34) Il me semble que la volonté se manifeste à travers le mental. Lorsque le mental cesse son activité, il n’y a donc plus de volonté ? Le libre-arbitre est-il une illusion nécessaire ?

Bernard : La volonté est une impression et cette impression est totalement illusoire. Mais qui est prêt à admettre cette éventualité ? Quelle est l’activité du mental dans le sommeil ? Où se trouve la volonté quand nous dormons profondément ? Quelle expérience a-t-on du libre-arbitre ? Tout cela n’a aucun sens pour celui qui cherche sa Véritable Nature et qui ne doit tenir pour vrai que ce qu’il expérimente directement et non par ouï-dire. D’autre part peut-on dire que l’illusion est nécessaire ou qu’elle ne l’est pas ? Ce qui est certain c’est qu’elle est inévitable pendant un certain temps. Mais l’essentiel est de « comprendre » Qui est concerné par ce que l’on appelle le « libre-arbitre ».

35)  D’un côté Ramana dit qu’il est impossible de changer le cours de cette vie. De l’autre il affirme qu’il est possible de réaliser notre Véritable Nature dès cette vie. Comment doit-on comprendre cela ? la Réalisation survient-elle tout à fait indépendamment de nos actions ? Ou bien, le moment de notre Réalisation est-il déjà déterminé ?

Ramana a souvent expliqué ce qu’est le « libre arbitre ». Dans la question posée il n’y a pas contradiction. Que dit Ramana à propos de ce fameux et bien incompris « libre arbitre » ?
« Toutes les actions que le corps accomplira sont déjà décidées au moment où le corps naît à l’existence. La seule liberté qui vous est accordée est de vous identifier ou de ne pas vous identifier à votre corps. »
Vous avez lu ces paroles, une fois, peut-être plusieurs fois, et cependant vous n’avez pas compris le sens ! faisons une petite révision de base au sujet de la quête du Soi, c’est-à-dire de notre véritable Nature ; passons sur les préliminaires et arrivons aux premières constatations.
Tout d’abord, le corps et les cinq sens ne sont pas moi ; Ensuite , nous constatons que le mental, lui non plus, n’est pas moi. Ces deux constatations nous conduisent à la question suivante : si je ne suis ni le corps, ni le mental, alors d’où s’élèvent les pensées ? On se rend compte alors que le champ d’action des pensées est le mental. La question suivante est donc : qui prend conscience de l’existence de ces pensées ? la réponse est l’individu ou ego. En continuant notre recherche, on découvre que cette individualité ou ego ne peut pas être notre Véritable Nature puisque cette conscience d’être un individu n’est pas permanente, elle apparaît le matin au réveil puis disparaît dans le sommeil profond. La Vérité doit être permanente et elle doit exister d’elle-même. L’ego n’est donc pas permanent de même que les trois états de veille, de rêve et de sommeil profond. Mais pour pouvoir constater l’impermanence de tout cela, il faut bien que quelqu’un soit présent ! Ce quelqu’un est le Témoin, on l’appelle le Soi et le Soi est tout simplement l’Existence, l’Êtreté.
Si cela est bien compris, c’est tout à fait suffisant pour réaliser notre Vraie Nature. Qu’est-ce que réaliser notre Nature véritable ? C’est Réaliser que nous ne sommes pas un individu et donc pas une existence particulière, mais simplement l’Existence elle-même. Il ne s’agit pas, cette fois, d’une compréhension quelconque, ni d’une expérimentation de plus, mais bien plutôt d’une désidentification totale et donc définitive.
Ce qu’il faut comprendre par contre, c’est qu’une personne ne peut pas Réaliser sa Vraie nature, mais on réalise que l’on n’est pas cette personne.
La différence est essentielle. En effet, une personne, un individu demeure un individu avec son corps et les fonctions qui l’accompagnent, que ce soit avant cette réalisation ou après. Ce n’est donc pas la personne dans son corps qui change en quoi que ce soit, mais l’on réalise que l’on n’est pas une personne.
Au regard des nombreuses questions posées au sujet de la Réalisation, il est évident que personne ne semble vouloir comprendre cela ! Là encore Ramana constatait que malheureusement, les chercheurs bien qu’ils étaient certainement persuadés de la Réalisation de Ramana, continuaient malgré tout à ne voir que les apparences et donc son corps. Il disait, alors que la maladie rongeait son corps : « Ils pensent que je vais partir, mais où irais-je, Je suis ici ! Ils prennent ce corps pour Ramana, quelle pitié ! »
Pourquoi n’y a-t-il pas contradiction lorsque Ramana affirme que toutes les actions que le corps doit accomplir sont déterminées à l’avance et que, malgré tout il existe une liberté, celle de s’identifier ou de ne pas s’identifier avec notre corps ? En effet Ramana parle bien d’une Liberté que nous avons ! Une seule peut-être mais elle est de taille ! Mais en y regardant de plus près, c’est une bonne nouvelle, une énorme nouvelle, car il semble bien que la Liberté veut dire CHOIX ! Ramana affirme donc que nous avons le choix, un seul c’est bien entendu, mais quel choix ! Celui de s’identifier ou de ne plus s’identifier avec ce corps qui nous perturbe tant. Mais alors, par quel processus vais-je pouvoir faire ce choix puisque j’ai cette formidable liberté ? Ce choix se fait au moyen de la conscience tout simplement et cette conscience personnelle c’est l’ego ou Âme .
Ne perdez pas toute votre énergie et tout votre temps à comprendre cela, mais sachez que c’est la vérité en ce qui concerne ce que l’on nomme Karma, destin, libre arbitre etc…La plupart des textes qui traitent de ce sujet ne sont pas sérieux et induisent les chercheurs dans l’erreur. Ce que dit Ramana est en fait très clair et c’est bien ainsi que les événements se produisent. Ne confondons pas les actions avec celui à qui elles arrivent.
Comprenez bien ce que signifie Réalisation : Réalisation de quoi et par qui ? Celui qui constate qu’il possède un corps, n’est pas ce corps, cela peut se comprendre : on ne peut pas être ce que l’on voit ! Après la compréhension qui ne peut-être qu’intellectuelle et c’est normal, vient ce que l’on nomme réalisation et c’est simplement l’application de cette compréhension et « l’expérience » totale et définitive que « Je ne suis pas le corps ».

36)  J’ai rencontré beaucoup d’éveillés ces derniers temps, éveillés ou non : je ne sais pas ? En tous les cas ils m’ont certainement aidé à y voir plus clair, je crois que de toutes les manières, tout est programmé et que donc il est vain de se soucier de ces histoires d’éveil et de réalisation.

Bernard : Ce que tu dis est vrai, une personne peut en aider une autre, sans pour cela être réalisée, du moins jusqu’à un certain point.
Par contre et uniquement parce que c’est mon expérience, je ne peux me taire lorsque l’on me dit qu’absolument tout est programmé.
Ceux qui disent que la réalisation se fera si elle doit se faire et que l’on ne peut rien changer, n’en ont pas fait l’expérience, sinon ils ne pourraient dire cela. D’accord : l’individu est un robot et il est plus vécu qu’il ne vit ! c’est une certitude parce que c’est mon expérience. Par contre je ne suis pas cet individu et la conscience que j’ai de cet individu est totalement libre.
Tout le monde continue à se complaire dans la confusion entre le spectacle et le spectateur, les événements quotidiens et celui à qui ils arrivent.
N’accepte pas non plus ce que je dis, mais laisse une place à une hypothèse en ce sens.
En gros, nous n’avons aucune emprise sur les événements qui arrivent, mais la conscience que nous en avons est libre.
De même pour la Réalisation, ce fameux programme concerne uniquement l’événementiel. Le Soi est le témoin privilégié de la manifestation et donc du film.
Le film est complet en lui-même, et rien ne peut en sortir. Donc pour réaliser un jour que tout cela n’est qu’un film, il faut quelqu’un d’extérieur à ce film et c’est le Soi.
Ce qui veut dire simplement que ce qui permet la réalisation ne peut pas faire partie du film puisqu’il constate l’existence de ce film. On ne peut pas être ce que l’on voit, ni être à la fois sujet et objet et tout fonctionne comme cela.
Qu’est ce qui permet de s’identifier ou pas à cet ensemble corps-mental ? la conscience qu’on en a !La conscience est donc libre et c’est une nouvelle formidable !
Tout existe en fonction de la conscience qu’on en a et en tant qu’individu, si tu n’as pas conscience d’être, tu n’es pas.
Il n’est pas nécessaire de croire que l’on existe pour exister et donc inutile de croire quoi que ce soit, il est par contre indispensable de VOIR soi-même. Pour base de réflexion : si possible sans l’intellect.

37) Dans la mesure où la non-dualité n’est pas compréhensible en dehors de l’expérience directe, comment savoir si nos actions favorisent une situation ou un état propice à la Réalisation du Soi ? Est-il possible de le savoir ? Y a-t-il seulement une influence quelconque de nos actions à ce sujet ?

Bernard : L’expérience n’étant possible qu’en présence de l’expérimentateur, comprenons bien qu’il n’existe jamais une expérience de la non-dualité. Mais en fait on ne peut pas réellement le comprendre. Comme le Soi est toujours et en permanence « réalisé », c’est plutôt lorsque les actions cessent que nous sommes dans un « état » propice à la perception intuitive de ce que nous sommes en réalité. Mais, là encore les mots sont insuffisants pour comprendre, parce que dans ce que l’on appelle la non-dualité, les actions n’existent pas puisqu’il n’y a pas d’acteur. Où sont donc passées les actions durant le sommeil profond ? Et le corps ? Et le monde ? On compare très souvent la Réalisation au sommeil profond. C’est justement à cause de l’absence d’expérience que cette comparaison peut être faite.
Le Soi est au-delà de l’expérience, mais il permet que celle-ci soit possible.
Quant à « l’influence de nos actions » : Que pouvons-nous changer au déroulement de notre vie ? Toutes ces questions ne concernent en fait que l’individu, donc l’ensemble « corps-mental ». Ce que l’on appelle la recherche du Soi pose comme condition, au départ, de supposer très sérieusement que nous ne sommes justement pas cette forme que nous percevons et il ne faut jamais l’oublier ! Qui est concerné par les actions et qui peut être influencé par elles ?

38) Dans la cuisine pendant que tu préparais le café, nous avons abordé la forme que prenait la conscience dans la manifestation. Tu me disais que tout pouvait arriver, comme si cette forme en tant que manifestation était due au hasard. Je t’ai écouté avec intérêt et surprise. Car pour moi, tant que l’individu n’a pas réalisé sa Véritable Nature, soit de son vivant ou à sa mort, le complexe corps-mental en tant qu’énergie poursuivait sa course. Pas d’une manière hasardeuse mais plutôt avec un suivi dans la conséquence de tout ce qu’il avait engendré par l’ignorance de sa véritable nature. Non pas en tant qu’être existant par lui-même mais en tant qu’énergie s’ignorant elle-même. Peux-tu m’éclairer sur ce point ?

Bernard : la véritable nature de l’individu est l’individu, cette forme particulière de vie est apparue à la naissance et se termine logiquement par la mort du corps et c’est tout ! Lorsque je parle de notre Véritable nature, ce n’est pas du corps dont il est question, mais de la Vie tout court, la Base, l’Existence d’où chaque matin apparaît la vie particulière qu’est l’individu. Cette Nature Véritable est nommée le Soi et Réaliser le Soi c’est simplement Être cette Existence sans l’interprétation du processus mental.
Il est nécessaire, pour continuer ce cheminement, de voir les choses telles qu’elles sont et non comme nous souhaiterions qu’elles soient.
Quelle est ton expérience lorsque tu dis : « Car pour moi, tant que l’individu n’a pas réalisé sa véritable nature, soit de son vivant ou à sa mort, le complexe corps-mental en tant qu’énergie poursuit sa course » ? cela tu l’as entendu, mais tu ne l’as pas expérimenté et la différence est essentielle. Ce n’est en fait qu’une croyance, certes parmi d’autres, mais les autres sont également à rejeter car il est nécessaire d’aller au-delà de tout concept.
Au cours du sommeil profond, as-tu une quelconque idée de ton corps, du monde et des autres ? La réponse est bien entendu : non ! Donc, ce n’est qu’à l’apparition de la conscience et du processus mental qui en découle que, chaque matin, ces questions se présentent, elles n’existent pas d’elles-mêmes. Tout ce qui existe pour l’individu, n’existe qu’en fonction de la conscience qu’il en a.
Quant à cette éternelle croyance, je dis bien croyance parce que dans mon expérience il n’en est pas ainsi, qui prétend que tout serait écrit ? Non, tout n’est pas écrit : ce qui arrive, arrive tout simplement sans aucune détermination.
De la même façon le monde n’a pas un but déterminé et il existe pour rien.
Il y a bien ce fameux film de la vie, mais pour constater l’existence de ce film, il faut bien qu’un témoin soit présent ! les yeux ne peuvent se voir ! Le film concerne uniquement les événements, or je ne suis pas ces événements, mais celui à qui ils arrivent. Oui, c’est dur à entendre au début, nous sommes tellement habitués à faire en vue de, et bien non, c’est comme le Véritable Amour, il est totalement gratuit, pour rien ! Aimer avec excès, sans aucune raison, simplement pour l’amour de l’Amour parce que c’est ma nature, et ne rien en attendre car celui qui n’attend rien en retour ne peut être déçu.
Pour aller au-delà des concepts, des « on-dit », il est nécessaire d’abandonner toute croyance et donc tout conditionnement. Pour aider cette démarche il suffit de constater que rien, dans ce monde et y compris le monde d’ailleurs, n’existe de lui-même. Le monde ainsi que tout ce qui gravite autour ne peut dire « j’existe ». Toi seul, l’unique sujet peut dire « j’existe » c’est tout ! le plus beau spectacle de l’univers n’a d’existence que si Tu es présent, toi le spectateur ! C’est ce que veut dire Nisargadatta lorsqu’il affirme : « Tout est parce que vous êtes ! »
Mais en fait tout cela n’est pas très important car il est si simple de constater que seule la base, c’est-à-dire le Soi, est permanente et que c’est de cette base toujours présente, que s’élance chaque matin la sensation d’être une vie particulière et cette sensation d’être un individu s’arrête chaque soir avec le sommeil profond. Cela est à comprendre, le reste est une fusion de ce qui apparaît dans ce qui Est, une fusion de l’amour particulier dans l’Amour total, une fusion extraordinaire de tous les concepts dans celui qui constate l’existence de ces concepts. À chaque instant, à chaque seconde, Tu es l’unique témoin de tout ce qui arrive, c’est-à-dire l’événementiel, le particulier, le ponctuel.Ne confonds plus le sujet avec les compléments, ce qui apparaît avec ce qui est.

La conscience est totalement libre et existe sans le mental, alors que le mental est totalement dépendant de la conscience que l’on en a.