101 questions essentielles à Bernard : Partie 7 : Rien à faire?

Dans les temps qui viennent j’ai décidé, vu la demande et l’assiduité de certains lecteurs de publier un ensemble de ce que j’appellerai « 101 questions essentielles à Bernard. » Ces 101 questions qui sont extraites soit d’entretiens oraux, soit de réponses à des mails ou lettres, couvrent à mon avis l’essentiel de ce dont a besoin un chercheur sérieux pour découvrir sa Nature Véritable.
Une petite mise au point est indispensable afin de préciser à chaque lecteur, à chaque chercheur, la nécessité de s’imprégner du sens profond des réponses qui vont suivre sans trop s’attarder sur la forme particulière donnée à chaque réponse.
En effet, la forme concerne spécifiquement la personne qui a posé la question et qui a obtenu la réponse qu’elle « pouvait entendre ». Ce qu’elle peut entendre est fonction de sa personnalité propre, de ce qu’elle est capable d’accepter, de son évolution à l’instant même où la question a été posée et d’autres facteurs plus subtils.
Le fond de la réponse va directement au Cœur et concerne tout chercheur sérieux et passionné. L’impact produit est alors fonction de la ferveur de chacun.
Il est indispensable que la réponse soit « absorbée » sans que l’intellect ait le temps d’interpréter ce qu’il a entendu. Plus tard la personne y réfléchira, retournera les paroles dans tous les sens et fera agir son sens critique.
La compréhension intellectuelle est utile pour prendre conscience de l’existence des concepts, mais elle est incapable de les dépasser tout simplement parce qu’elle en fait partie.
Il ne faut donc pas donner trop d’importance à la compréhension, et se souvenir avec passion que seule l’Expérience personnelle nous conduira au but tant désiré.
De nombreuses personnes pourront se dire : que de répétitions ! C’est vrai et tous les sages un peu sérieux ont répété des milliers de fois, sous des formes différentes les mêmes recommandations. Le mental humain a tellement tendance à se figer, à se scléroser, à se durcir, qu’il faut marteler sans cesse les mêmes évidences ,pour que par chance une ou l’autre arrive à pénétrer et transpercer la couche de notre ignorance (qui est rappelons le un des trois poisons du bouddhisme). En préparant ce travail, j’ai moi-même relu ce que j’avais lu tant de fois et à chaque lecture, un petit plus apparaît dans la compréhension et l’intégration de ces vérités de base.
Abordons donc ces pépites, gracieusement offertes, avec Amour et humilité, qu’elles nous accompagnent dans notre voyage merveilleux , à la découverte de notre Nature Véritable.

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Dans ces quelques réponses vraiment essentielles, Bernard résume avec une simplicité déconcertante, mais cependant avec une exactitude totale le chemin qui reste à faire au chercheur. Trop souvent les chercheurs , épuisés qu’ils sont par leur parcours inutile dans des tas de voies spirituelles, sont très heureux et se sentent libérés d’un grand poids quand ils découvrent ce témoignage. Mais ils oublient trop vite son corollaire : c’est que pour accéder à cette apparente évidence, une forte détermination est nécessaire pour sortir des griffes de l’identification au corps, à l’individu. Cette identification  n’est certes  pas une erreur et est normale mais simplement provisoire. Il va donc falloir passer du « farniente » espéré à une recherche passionnée et exigeante.

27) Pourquoi Swami Poonjaji insiste-t-il autant sur le fait qu’il n’y a absolument rien à faire, sinon à rester tranquille ? il dit également : « pas de recherche, pas de Guru, pas d’enseignement ».Et cependant il donnait le darshan presque tous les jours et a affirmé que la rencontre avec un Être Réalisé était indispensable.

 Bernard : Cela semble contradictoire mais ça ne l’est pas. Il est indispensable de bien faire comprendre au chercheur que pour être le Soi, il n’y a rien à faire de particulier. Le fait d’être est simple et naturel et personne ne peut douter un seul instant qu’il existe. Comme ce que tout le monde cherche en le nommant de différents noms est le Soi et que c’est notre Véritable Nature, c’est dans ce sens qu’il n’y a rien à trouver de nouveau, rien à découvrir que nous ne sommes déjà et donc pas d’efforts à faire. Connaître le Soi c’est Être le Soi.
Il est impossible de connaître le Soi, parce que la connaissance est intellectuelle et donc mentale .
Tout ce qui est connu n’est pas le Soi, de même que toute expérience est mentale et donc conceptuelle.
Si cela est bien enregistré, allons plus loin.  Donc, nous venons de le redire une fois de plus, le Soi est déjà présent, nous sommes en ce moment même le Soi. Il ne peut donc faire l’objet ni d’une recherche, ni d’une quelconque découverte. Et c’est dans ce sens que l’on peut affirmer qu’il n’y a rien à faire sinon rester tranquille, c’est-à-dire Être simplement.
Pas de recherche, pas de Guru, pas d’enseignement. Nous l’avons compris, ceci concerne le Soi, notre Véritable nature. Cette compréhension doit être très forte, par la pratique, elle deviendra une forte conviction. Cela est indispensable et essentiel puisque cette conviction est la seule qui doit rester à la fin de notre cheminement pour ensuite disparaître à son tour. Soyons convaincus que nous sommes réellement le Soi ici et maintenant. À chaque instant nous expérimentons le Soi et c’est cela le paradoxe puisque toute recherche du Soi, alors que nous le sommes déjà, va nous conduire partout sauf là où il est en permanence.
La difficulté réside essentiellement dans l’illusion de la recherche de quelque chose de nouveau, d’inconnu. 
Encore une fois, comprenons ce que cela signifie et le chemin sera court.
Par contre tout ce qui vient d’être dit est juste vu depuis le Soi et c’est l’état de l’Être réalisé. Mais pour celui qui est encore identifié à l’ensemble corps-mental, il existe bien une recherche, un Guru et un enseignement.
Recherche : oui, mais de ce que nous ne sommes pas( étant admis au départ que nous sommes le Soi)
Guru : celui qui a accompli la traversée et qui, connaissant le chemin, peut nous guider dans la compréhension erronée que nous avons de notre Nature réelle.
Enseignement : Montrer le faux comme faux pour enfin être ce que nous sommes réellement, le Soi. L’enseignement essentiel étant : « Vous n’êtes pas votre corps, découvrez ce que vous êtes réellement. »

28) Poonja répète très souvent que pour réaliser sa Véritable Nature, il suffit de rester tranquille, simplement être tranquille. J’ai essayé de nombreuses fois. J’arrive à une certaine tranquillité, mais je n’ai pas pour autant réalisé. Que veut dire Poonja par rester tranquille ?

 Bernard : Poonja insiste sur le fait qu’il n’y a absolument rien à faire pour être le Soi tout simplement parce que nous Le sommes dès à présent. Nous sommes le Soi : cette affirmation nous la lisons au moins une fois par jour dans un livre relatant les propos de Ramana, Nisargadatta, Poonja et peut être d’autres encore. Alors pourquoi n’avons-nous pas FOI en leur témoignage ?  Au moins essayons de voir le pourquoi de notre manque de foi afin d’y remédier et de trouver ce qui nous empêche d’être totalement conscient de ce Soi qui est notre Véritable Nature. Il faut un jour se décider, on ne peut pas douter éternellement. La confiance est nécessaire, alors si nous ne l’avons pas suffisamment, cultivons -la avec sérieux. Comment cultiver cette confiance ? En examinant attentivement les paroles de Ramana (par exemple) puis en s’examinant soi-même avec la même attention : la concordance devrait s’établir rapidement.
Puisqu’il est entendu que nous ne pouvons devenir ce que nous sommes déjà, il faut admettre une fois pour toutes que nous sommes le Soi. La question qui se pose alors, c’est : puisque je suis en ce moment même le Soi et que donc Je suis réalisé, comment se fait-il que je ne l’expérimente pas pleinement, et que dois-je faire pour en avoir une conscience totale ?
C’est en ce sens que Poonja affirme inlassablement qu’il suffit de rester tranquille. Donc, rien à faire pour Être le Soi, mais puisque pour le moment nous n’en avons pas pleinement l’expérience, cherchons de toutes nos forces, de toute notre énergie et avec une intense nostalgie du Bonheur ce qui perturbe cette claire perception de notre Véritable Nature.
En résumé , disons que le fait d’Être ne demande aucun effort et qu’il n’y a rien à faire pour Être . par contre s’identifier à un corps et donc à un individu particulier demande énormément d’efforts et nous le constatons à chaque instant. La seule solution est d’éliminer tout ce que nous ne sommes pas en permanence, tout ce qui n’existe pas de lui-même et si nous allons jusqu’au terme de cette recherche, nous trouverons facilement la réponse essentielle. Pour qu’une chose existe, que ce soient les individus, le monde et tout le reste, il faut que Je sois présent ! le plus merveilleux spectacle au monde ne peut exister que si Je suis présent pour le voir. Le spectacle n’existe pas de lui-même, il ne peut jamais dire : « j’existe » et son existence dépend uniquement du spectateur. Ce n’est donc pas ce qui est perçu qui est important, mais celui qui perçoit et Je préexiste à toute forme d’existence.
Si cela est correctement compris, un énorme pas sera fait.

29)  J’ai déjà posé cette question sous une autre forme, mais je dois y revenir une nouvelle fois car je n’arrive pas à bien comprendre : Ramana, Nisargadatta, Poonja répètent sans cesse que nous sommes déjà le Soi, que notre Véritable Nature que nous recherchons est déjà présente et qu’il n’y a donc rien à réaliser : Pourquoi alors ne suis-je déjà pas réalisé au moment même ? Existe-t-il une « recette » pour réussir dans cette quête de notre Véritable Nature ?

 Bernard : Le Soi c’est l’existence que l’on peut qualifier de Présence, totale et permanente. Je suis toujours présent. Dans la vie d’un individu, des événements se succèdent sans cesse, des pensées arrivent inlassablement dans le mental, les états de veille, rêve, sommeil profond, chaque jour reviennent puis disparaissent. Tout cela arrive, et celui à qui cela arrive est le Soi qui, pour un individu, dans un corps particulier, est manifesté et prend le nom de conscience. La source de la conscience est simplement le Soi.
Lorsque Ramana dit qu’il n’y a rien à réaliser, il veut dire rien de nouveau, rien qui ne soit déjà présent à chaque instant. Le Soi, notre Nature Véritable non seulement existe en permanence, mais il est l’Existence même, il n’y a rien d’autre.
Celui qui prétend ne pas être réalisé se trompe parce qu’il est encore identifié à l’ensemble corps-mental et il pense qu’il doit « devenir » un être réalisé, c’est-à-dire différent, meilleur, avec une connaissance particulière et c’est cela la véritable difficulté.
Le Soi n’est pas un état à atteindre, ni une expérience transcendante à obtenir, mais au contraire,et comprenez cela une fois pour toutes, c ’est lorsque les expériences s’arrêtent et uniquement à ce moment-là, que le Soi est réalisé.
Toute expérience relève des sens et n’est donc qu’un concept. Mais encore une fois, il faut bien que cela soit constaté par quelqu’un : Qui constate cela ?
Quant à une recette pour réussir à découvrir notre Vraie Nature pourquoi pas…

  • Tout d’abord ne tenir pour vrai que ce que l’on expérimente soi-même directement. Tout le reste est à écarter : lectures, certitudes diverses, convictions, ouï dire etc…une fois tous ces bagages déposés, vous serez plus légers.
  • Désirer intensément « connaître » notre Nature Véritable. C’est le point essentiel. Il est indispensable d’avoir une motivation qui surpasse tout et à laquelle rien ne pourra résister. Une ferme détermination est synonyme de réussite et l’échec est alors impossible.
  • Sentez-vous LIBRES intérieurement parce que c’est la réalité ! Vous êtes, au niveau de la Conscience, totalement libre, vous n’avez donc pas à le devenir ! Cela aussi est très important. La pensée : « je ne suis pas réalisé » ou « je ne suis pas libre » n’est encore qu’un concept. Alors remplacez ces concepts par un autre concept : « je suis libre et j’ai toujours été libre. » Ce n’est peut-être qu’un nouveau concept, mais il représente la Réalité, c’est donc différent.
  • Une fois compris que je ne peux pas devenir le Soi parce que je suis déjà le Soi, cherchons très sérieusement ce qui nous fait dire que « nous n’avons pas l’expérience totale ». C’est vrai, nous entendons dire en permanence : « je comprends bien tout cela, je suis le Soi, Je ne suis pas le corps etc…mais cette compréhension n’est qu’intellectuelle. Alors que dois-je faire pour passer d’une compréhension intellectuelle à l’expérience en elle-même ? La réponse est simple : Qui constate que cette compréhension n’est qu’intellectuelle ? Il faut bien que quelque chose ou quelqu’un soit présent pour constater tout cela ! Ce qui est présent en permanence et qui constate tout cela est le Soi. Pour passer d’une compréhension intellectuelle à l’expérience réelle du Soi, il suffit donc d’enlever cette idée tenace et fausse que la compréhension intellectuelle est nécessaire. Toute compréhension, aussi grande soit-elle n’est que conceptuelle. La source d’où tout s’élève, y compris moi-même en tant qu’individu, y compris le monde et tout ce qu’il contient, cette source c’est Moi, c’est-à-dire le Soi et c’est la seule réalité permanente qui existe d’elle-même. Rien de ce qui est perçu n’a d’existence propre. Tout ce qui Existe n’a d’existence que parce que Je suis présent pour le constater. Et seule cette présence est réelle.
  • Comme le Soi est éternelle Présence, cultivez cette présence en étant de plus en plus présent à vous-même. Observez ce qui fait que vous vous savez existant. Observez attentivement d’où surgit cette sensation d’Être parce que, à partir de cette source, tout surgit : le « je » dans un corps, dans le monde etc…Tout cela arrive à cause de l’identification au « je ». Une fois encore, demandons-nous très sérieusement : lorsque le « je » qui surgit au réveil, chaque matin avec son flot de pensées et donc de problèmes en tout genre, lorsque ce « je » est englouti chaque soir dans le sommeil profond. Qui existe durant cette période où ce « je » n’a aucune existence ? la réponse est évidente. Alors prenez simplement conscience de cette réalité et il n’y aura plus rien à chercher.