Nisargadatta.

Dans les temps qui viennent j’ai décidé, vu la demande et l’assiduité de certains lecteurs de publier un ensemble de ce que j’appellerai « 101 questions essentielles à Bernard. » Ces 101 questions qui sont extraites soit d’entretiens oraux, soit de réponses à des mails ou lettres, couvrent à mon avis l’essentiel de ce dont a besoin un chercheur sérieux pour découvrir sa Nature Véritable.
Une petite mise au point est indispensable afin de préciser à chaque lecteur, à chaque chercheur, la nécessité de s’imprégner du sens profond des réponses qui vont suivre sans trop s’attarder sur la forme particulière donnée à chaque réponse.
En effet, la forme concerne spécifiquement la personne qui a posé la question et qui a obtenu la réponse qu’elle « pouvait entendre ». Ce qu’elle peut entendre est fonction de sa personnalité propre, de ce qu’elle est capable d’accepter, de son évolution à l’instant même où la question a été posée et d’autres facteurs plus subtils.
Le fond de la réponse va directement au Cœur et concerne tout chercheur sérieux et passionné. L’impact produit est alors fonction de la ferveur de chacun.
Il est indispensable que la réponse soit « absorbée » sans que l’intellect ait le temps d’interpréter ce qu’il a entendu. Plus tard la personne y réfléchira, retournera les paroles dans tous les sens et fera agir son sens critique.
La compréhension intellectuelle est utile pour prendre conscience de l’existence des concepts, mais elle est incapable de les dépasser tout simplement parce qu’elle en fait partie.
Il ne faut donc pas donner trop d’importance à la compréhension, et se souvenir avec passion que seule l’Expérience personnelle nous conduira au but tant désiré.
De nombreuses personnes pourront se dire : que de répétitions ! C’est vrai et tous les sages un peu sérieux ont répété des milliers de fois, sous des formes différentes les mêmes recommandations. Le mental humain a tellement tendance à se figer, à se scléroser, à se durcir, qu’il faut marteler sans cesse les mêmes évidences ,pour que par chance une ou l’autre arrive à pénétrer et transpercer la couche de notre ignorance (qui est rappelons le un des trois poisons du bouddhisme). En préparant ce travail, j’ai moi-même relu ce que j’avais lu tant de fois et à chaque lecture, un petit plus apparaît dans la compréhension et l’intégration de ces vérités de base.
Abordons donc ces pépites, gracieusement offertes, avec Amour et humilité, qu’elles nous accompagnent dans notre voyage merveilleux , à la découverte de notre Nature Véritable.
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Dans les questions qui suivent, Bernard insiste sur le point fondamental de la ferme détermination nécessaire à tout chercheur sérieux pour atteindre le but qu’il s’est fixé au départ.Comme il le dit souvent, il est important de bien savoir lorsqu’on se met en route, ce que l’on veut. Or la plupart des gens, même parmi ceux qui prétendent être spirituels, désirent en fait améliorer leur quotidien et confondent souvent la Recherche avec ce que l’on appelle communément de nos jours : développement personnel. Bernard précise bien dans une de ses réponses, un point fondamental que l’on oublie souvent : Le Bonheur (avec un grand B) n’est pas une expérience sensorielle : tout est dit à qui veut entendre . Pour Réaliser ce Bonheur il faut en effet y consacrer toute sa vie et toute son énergie et cette Recherche trouve chacun là où il en est avec ses conditionnements, ses croyances, dont il faudra sortir peu à peu. Mais ce ne sera pas par un coup de force volontaire, qui ne ferait qu’envenimer les choses mais par une attention de chaque instant à Celui qui subit ces conditionnements. Revenir toujours à la Base de telle manière que les croyances tombent d’elles-mêmes, n’étant plus alimentées par le mental.
Lorsque j’ai rencontré Bernard, j’étais encore dans le Zen et de nombreuses personnes, même les mieux intentionnées, ont critiqué vivement cette insistance que met Bernard sur la ferme détermination alléguant le fait qu’il fallait être totalement désintéressé . On m’a même dit que j’étais un gamin qui voulait sa sucette. C’est ne rien comprendre à ce que dit Bernard, qui m’a d’ailleurs précisé que durant toute sa Recherche, il ne pensait même pas , en toute humilité, que cette Réalisation était pour lui, mais son seul pressentiment du but, lui donnait une ferveur et une détermination totales. Sans cette dernière on ne peut arriver, les forces d’opposition étant trop intenses, car comme le répète inlassablement Bernard, même si cela peut surprendre : la Réalisation n’est absolument pas naturelle, elle va totalement à l’encontre des mécanismes humains qui nous poussent justement à développer les sensations et non pas à faire ce retour à LA BASE d’où tout émerge. Le mental, en aucune façon, n’a envie de disparaître et il entretient constamment la croissance de l’individu : il est donc nécessaire paradoxalement, d’aller à contre-courant pour retrouver la simplicité de CE QUI EST .
9) En relisant toutes les questions et surtout les réponses données, il apparaît que pour parvenir au but, c’est-à-dire réaliser ma Vraie Nature : le Soi, l’essentiel réside dans la détermination, pour ne pas dire le Désir intense d’y parvenir. Est-ce que vraiment cette ferme détermination suffit ?
Et question peut-être indiscrète : parmi toutes les personnes que vous avez rencontrées, intéressées par une recherche spirituelle et qui vous ont posé des questions à ce sujet, y avait-il des personnes possédant cette détermination nécessaire ?
Bernard : Oui, la ferme détermination est suffisante ! Dans votre vie de chaque jour, vous constatez que ceux qui arrivent dans ce qu’ils entreprennent sont des passionnés, ils consacrent tout leur temps, toute leur énergie pour parvenir au but qu’ils se sont fixé. On ne peut pas réussir si l’on est dispersé. On doit se fixer un but et tout faire pour y parvenir. Dans cette recherche du Soi, il en est de même.
Cette détermination sera progressive, en fonction de l’intérêt grandissant que nous aurons pour cette découverte de notre Nature Véritable, seule capable de nous donner le réel Bonheur puisque seule permanente.
Non, je n’ai pas encore rencontré un chercheur possédant la détermination nécessaire. ( NDLR : ceci était écrit autour des années 2000 quelques années après sa Réalisation, depuis Bernard a dit plusieurs fois que le nombre de tels chercheurs pouvait se compter sur les dix doigts de la main et ceci trente ans après sa Réalisation).
Ces êtres sont rares et c’est à cause de cette rareté que l’on entend toujours dire qu’il n’y a qu’un chercheur sur un million qui Réalise sa Vraie nature. Cela veut essentiellement dire qu’un seul sur un million possédera la détermination indispensable à cette fameuse Réalisation !
On peut donc dire que cette réalisation n’intéresse pas beaucoup de monde et la responsabilité est à attribuer aux religions.
Pourquoi si peu d’intérêt pour notre Nature Véritable ? Nous l’avons vu dans une des questions précédentes : tout le monde recherche le Bonheur et c’est naturel, mais les religions promettent un Bonheur que les hommes, à travers les multitudes de rites, de crédos, de moyens, n’arrivent pas à percevoir clairement. D’autant plus que les paradis promis ne sont pas permanents puisqu’ils sont « à venir ». Si l’on réfléchit sérieusement à ce fameux « salut » dont parlent toutes les religions, on s’aperçoit que cela n’a absolument aucun sens. « Être sauvé » suppose que l’on soit au départ « perdu ». Supposons donc que Dieu a créé l’homme et qu’il l’a mis sur terre en lui disant en quelque sorte : « Voilà tu es mauvais, tu vas commettre des péchés, tu es en quelque sorte perdu, sauf si , malgré tous les handicaps dont je t’ai doté, tu arrives à t’en tirer. Je t’ai créé totalement imparfait, à toi de devenir meilleur et tu pourras accéder au paradis. » après toutefois, soit le jugement dernier pour certaines religions, soit par exemple un capital de bonnes actions suffisant, pour la plupart des religions orientales !
Si l’on se rappelle que l’homme n’a absolument jamais demandé à Dieu de venir sur terre, l’addition à payer est sévère !
Les religions donnent des conseils, souvent des instructions en échange de promesses qu’elles ne pourront jamais tenir : voilà la triste réalité, on se moque du monde ! pas étonnant avec ça que très peu de monde soit intéressé !
Non, laissez ces paradis imaginaires, et comprenez que le réel Bonheur est permanent, qu’il ne peut pas surgir à un moment ou à un autre, c’est tout simplement notre Nature Véritable, toujours présente et ne dépendant de rien et surtout pas de mérites illusoires! Ce Bonheur, nous l’appelons le Soi, par opposition au moi individuel ou ego, et ce Soi ne se mérite pas, ne survient pas, il n’apparaît ni ne disparaît, il est permanent et Je suis cette permanence ou Présence éternelle.
10) Je suis convaincu qu’une forte détermination est suffisante et plus forte que tout. Mais je me rends compte que la confiance qui m’anime, et par conséquent l’intensité de ma détermination, est variable. En effet si quelques moments agréables peuvent parfois me distraire, c’est donc que ma détermination n’est pas profondément ancrée, non stable. Je voudrais donc savoir, d’une part, si le fait d’être témoin fera en sorte que je sois de plus en plus convaincu de la non-réalité de cette limitation arbitraire à une forme. Et d’autre part, tout ce qui est nécessaire à un chercheur viendra-t-il de soi ?
Bernard : Demandez-vous qui éprouve cette limitation arbitraire ? Pourquoi ne pas voir les choses simplement au lieu de toujours compliquer ce qui est ? Et que veut dire être témoin ? La vérité est simple : pour que le monde et tout ce qu’il contient existe, votre présence est indispensable ! Tout est dit.
De votre présence dépend toute existence. Si cela est compris, tout est réalisé.
Toutes ces idées de limitation viennent, encore une fois et comme tout le reste, des habitudes mentales véhiculées par l’éducation, la culture, les idées religieuses qui toutes, prennent comme point de départ l’individu, c’est-à-dire un ensemble corps-mental provisoire qui n’a pas d’existence indépendante. Le corps n’existe pas de lui-même, mais celui qui constate qu’il a un corps est réel et c’est le Soi ! Si le point de départ est faux, comment pourrait-on arriver à quelque chose de réel ? c’est un peu comme ces hommes, sur cette petite planète qu’est la terre, qui pensent qu’ils sont seuls dans l’univers et qui ont cru, très longtemps, que la terre était le centre de l’univers. Les chrétiens aujourd’hui encore sont persuadés qu’il n’existe pas de vie intelligente ailleurs que sur la terre ! Quelle misère ! Les idées sont si fortes qu’elles se transforment rapidement en convictions, puis en croyances et enfin en dogmes et c’est comme cela que l’on arrive à des catastrophes tout simplement à cause d’idées, de simples idées. Le monde est esclave de convictions, certitudes, crédos et dogmes en tous genres et pourtant, ce ne sont que de simples concepts. La seule chose à connaître est notre Nature véritable et tant que cette connaissance n’est pas réalisée, tout ce qui est connu est relatif et dépend du « connaissant ». toute compréhension est relative à l’aptitude de l’individu à comprendre et cette compréhension n’est pas la même pour tous les individus. Tant que la Base d’où s’élance le mental et tout ce qu’il contient n’est pas connue, rien ne peut être défini comme réel.
Et, lorsque le réel est connu, la connaissance elle-même disparaît.
N’acceptons pas les idées religieuses ou politiques par habitude. Car c’est cela dont il s’agit, les trois quarts de nos conceptions découlent des habitudes engendrées par notre culture, notre éducation etc… Un exemple simple : un Français qu’il le veuille ou non, bercé par sa culture judéo-chrétienne- qu’il soit croyant ou incroyant-a une idée de Dieu chrétienne. Aussi lorsqu’il dit : « je ne crois pas en Dieu », cela veut dire essentiellement qu’il n’accepte pas le Dieu proposé par les chrétiens. Ce qui est terrible, c’est que dans 90% des cas, les mêmes personnes ne savent pas qu’il existe d’autres conceptions du Divin. La cause vient de l’habitude !
Galilée soutenait (entre autres découvertes) que la terre tournait autour du soleil. Il fut condamné en 1633, à la prison à vie, peine ensuite adoucie en assignation à résidence surveillée. Motif retenu par l’inquisition : « sérieuse suspicion d’hérésie ». ces fameuses certitudes qui avec le temps deviennent des dogmes ont conduit l’église aux guerres de religions et à six siècles d’inquisition ! Est-ce là l’application du nouveau commandement de Jésus : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ? C’est tout simplement le contraire ! Quelle misère…Pour finir cet exemple revenons à Galilée. En octobre 1992, le Vatican reconnaissait l’erreur commise par l’église en 1633 qui avait condamné injustement cet homme qui a passé sa vie entre autres, à lutter contre les idées reçues. Le Vatican a donc mis 359 ans pour reconnaître qu’il aurait mieux fait de se taire. Mais à l’époque c’était chose courante que de condamner. Aujourd’hui l’église n’emprisonne plus personne pour hérésie, mais elle continue à condamner par la parole tout ce qui n’est pas conforme à l’idée qu’elle se fait de la vérité, donc de « sa vérité ». L’histoire de cette religion (entre autres religions) montre que cette vérité qu’elle pense détenir, a conduit à tant d’erreurs et a fait tant de victimes totalement innocentes qu’il n’y a rien à rajouter pour montrer qu’il ne peut évidemment pas s’agir de la vérité que tout chercheur sérieux désire réaliser.
Pour ce qui est de la confiance, comme toutes les impressions, elle est une fonction du mental. De ce fait, elle est obligatoirement variable. La nature du mental est changeante et donc tout ce qui provient du mental est de même nature.
Ne confondez pas la recherche « spirituelle » et la détermination indispensable qui doit vous animer avec les moments agréables ou désagréables éprouvés par les sens et qui est le propre de tout individu.
Les différentes sensations ressenties chaque jour et que l’on trouve bonnes ou mauvaises sont naturelles puisqu’elles résultent de l’expérience sensorielle que tout un chacun, en tant qu’individu, expérimente en permanence. En quoi des sensations quelles qu’elles soient, pourraient perturber la détermination indispensable à la recherche de notre Véritable Nature ? Demandez-vous simplement : à qui ces diverses sensations apparaissent-elles ? Celui qui constate cela ne doit pas en être affecté. L’attitude témoin, avec la pratique régulière, arrangera tout cela.
Oui tout ce qui est nécessaire à un chercheur dans sa quête de l’Absolu arrivera de lui-même si la détermination est totale et inconditionnelle.
11) en m’interrogeant sur l’origine de cette question, je prends conscience que ce dont j’ai réellement besoin en ce moment, c’est de cette totale confiance en moi. J’ai besoin de vous entendre dire que je ne peux manquer le But. Le problème, me semble-t-il, est que je n’arrive pas à me considérer comme prêt, comme si La Réalisation du Soi se situait dans un temps futur. J’ai l’impression de ne pas en être capable. C’est stupide puisque je suis déjà ce que je cherche. Pourquoi donc est-ce que je n’arrive pas à avoir cette conviction profonde que c’est déjà là, qu’il n’y a rien à faire ou à acquérir, que c’est à ma portée ? Est-ce par peur ? Est-ce à moi de trouver la réponse à cette question ?
C’est comme lorsque j’entends Ramana dire : « Pourquoi ne pas y retourner (au Soi) ici et maintenant ? ». Cela me fait frémir tellement cela paraît simple et puis c’est comme si je me raisonnais et que je me disais à moi-même que ce n’est pas possible, que ce n’est pas aussi facile que ça. Parfois je me dis qu’il suffirait de prendre Ramana au sérieux, ne serait-ce qu’un instant, d’être absolument convaincu que ce qu’il dit est valable pour moi aussi. D’où viennent tous ces doutes ?
Bernard : Oui si nous avons une ferme détermination, le but sera atteint, si toutefois nous comprenons bien que lorsque nous parlons du but, c’est en fait de Nous -le Soi-dont il s’agit. Ceux qui effectuent une recherche dite « spirituelle », c’est-à-dire qui veulent connaître -tout simplement-leur Véritable Nature, réussiront dans leur démarche si leur motivation est totale. Ceux qui ne réalisent pas leur Vraie Nature n’ont pas la détermination nécessaire, c’est une certitude ; regardez autour de vous : vous voyez bien qu’en apparence, de très nombreuses personnes sont « intéressées » par ce que l’on désigne à l’aide de noms différents : Dieu, spiritualité, Soi, Bonheur etc… Mais dans la majorité des cas, cet intérêt est conditionné, variable et très rarement inconditionnel, total, inébranlable, absolu. Tous ces adjectifs sont indispensables et c’est la seule condition pour réussir dans notre recherche.
D’autre part pour parvenir au but, il faut bien savoir ce qu’est le But. Cela semble évident et cependant il est indispensable de ne pas l’oublier en route. Comprenez clairement ce qui est cherché : Qui cherche quoi ?
La conscience personnelle -ou moi ou encore ego- qui, ne l’oublions jamais est le Soi manifesté, n’est pas permanente, elle apparaît chaque matin au réveil et se résorbe chaque soir dans le sommeil profond. Bien que cette conscience personnelle soit impermanente, la source dont elle provient (le Soi) est, elle, permanente. Si l’on observe attentivement le fonctionnement de cette conscience personnelle, on constate qu’elle ne supporte pas cette impermanence, parce qu’elle sait de façon tout à fait naturelle, instinctivement que la source dont elle provient (et sans laquelle elle n’a aucune existence) est permanente. Le fait de prendre conscience de cela nous pousse à l’investigation intérieure et c’est ce que l’on nomme généralement « recherche spirituelle ».
Pour être ce que l’on est, le Soi, est-il besoin de se sentir prêt ? la réponse est évidente. D’autre part il est également certain que le Soi est déjà notre Véritable Nature. Mais, du point de vue de l’individu qui pense qu’il doit L’atteindre, cette prise de conscience que l’on nomme réalisation, se situe effectivement dans le temps. Dans l’exemple bien connu en inde, le collier est autour du cou de la reine, il est déjà là. Cependant il va s’écouler un certain temps avant que la reine en prenne conscience. Lorsqu’elle voit le collier autour de son cou, elle est persuadée de l’avoir retrouvé et pourtant, il n’avait jamais disparu. Elle « Réalise » enfin que ce qu’elle cherchait était déjà là. Il en est exactement de même de notre Nature Véritable. Nous mettons un certain temps pour prendre conscience, donc « réaliser » que nous sommes déjà là !
C’est tout à fait cela : il suffirait de prendre Ramana au sérieux, c’est ce qu’a fait Poonja, c’est également ce qu’a fait Nisargadatta avec son maître. À partir de cette confiance, le temps n’a plus d’importance. Et c’est encore notre détermination qui fait naître en nous cette confiance indispensable. En premier lieu, il est indispensable d’avoir confiance en soi, en ce que l’on recherche et être persuadé que le But sera atteint. Cette confiance en soi fera le reste et les circonstances nous apporteront tout ce qui est nécessaire pour parvenir au But. Alors prenez Ramana au sérieux une fois pour toutes parce qu’il est l’exemple parfait du but à atteindre pour découvrir le Bonheur que nous désirons ardemment. Découvrez qui est Ramana, au-delà des concepts et vous découvrirez votre Nature Véritable.
12) « Tout ce qui n’est pas permanent ne vaut pas la peine de se donner tant de mal ». Cette affirmation de Ramana signifie-t-elle que rien ne devrait avoir de l’importance à nos yeux, excepté le Soi ou au contraire que nous devrions attacher de l’importance à tout en tant que manifestation du Soi ?
Bernard : En fait les deux réponses peuvent être données. Cela dépend de quel point de vue on se place. Si l’on considère l’individu uniquement, c’est-à-dire l’être humain : tout est important. Inutile d’ajouter « en tant que manifestation du Soi » car en fait, cela ne veut pas dire grand-chose.
La réponse que donne Ramana a sans aucun doute été faite à un chercheur sérieux, prêt à entendre une réponse qui représente malgré tout la réalité. C’est Ramana qui affirme que ce qui n’est pas permanent ne vaut pas la peine de se donner tant de mal. Ce n’est pas un homme politique, ni un commerçant, ni un homme d’affaires, non c’est un Être Réalisé. Donc la réponse qu’il donne est faite du point de vue d’un Être qui n’est plus identifié avec le principe corps-mental. Ce n’est pas le point de vue d’un individu, ni un avis quelconque, c’est la Réalité expérimentée en permanence, la Réalité du Soi. Cette affirmation n’est pas interprétable, elle dit bien ce qu’elle veut dire, seulement rappelons-nous qu’elle ne relève pas d’une expérience sensorielle et donc du mental.
La poupée de sel qui rentre dans l’océan et se dissout instantanément reste consciente d’Être, mais pas d’être une poupée de sel puisque cette poupée a totalement disparu, mais d’Être en tant qu’océan. Comment à présent pourrait-elle attacher d’importance à cette forme de poupée de sel qu’elle eût jadis ?
Cet exemple nous fait comprendre facilement que ce que l’on trouve aujourd’hui « important », demain risque fort de nous faire sourire.
13) Pourquoi ne ressentons-nous pas ce Bonheur, pourquoi n’avons-nous pas pleinement conscience d’être le Soi ?
Êtes-vous certain de n’avoir pas conscience d’exister ? L’existence est le Soi donc vous avez cette conscience d’exister et d’être en fait le Soi ! Le problème provient uniquement des habitudes mentales, c’est-à-dire de tout ce que vous pensez savoir, de la vie, du monde, de vous et des autres. Tout ce que vous avez appris comme étant des vérités bien établies et qui ne sont que des « on dit » résultats des convictions des parents qui eux-mêmes l’ont appris de leurs parents etc… Il en est de même de toutes les convictions, de toutes les croyances : de simples conceptions, de simples idées et pourtant, elles font marcher le monde depuis si longtemps. Constatez sérieusement que les plus belles idées, les plus grands principes, les plus grands personnages, n’existent que si j’en prends conscience ! C’est de ma présence que dépend l’existence de toute perception. N’est-ce pas évident ? Tout ce qui est perçu est contenu dans le mental. Quand le mental apparaît (au réveil) , le monde et tout ce qu’il contient, apparaissent, mais Qui constate cela ?
Le Soi est toujours « expérimenté », mais les habitudes mentales que nous entretenons sans cesse font que nous nous prenons pour ce que nous voyons, c’est-à-dire un individu avec une forme corporelle. À partir de cette fausse identification, il est certain qu’il n’est pas possible de trouver le Bonheur puisque l’ensemble corps-mental fonctionne au moyen des sens et que les sens ne peuvent nous procurer que des sens-ations qui, elles-mêmes, nous font expérimenter les plaisirs.
Dans le sommeil profond, les sens sont absents, les plaisirs ne peuvent être ressentis et pourtant nous sommes parfaitement heureux ! cela prouve clairement que le Bonheur n’a aucun rapport avec les plaisirs procurés par les cinq sens. Le Bonheur n’est pas une expérience sensorielle : la poupée de sel recherche l’océan ; elle sent très fortement son origine et veut goûter à ce Bonheur de retourner en Lui. Mais elle ne goûtera ce Bonheur qu’en rentrant toute entière dans cet océan. Une fois plongée dans l’océan, que restera-t-il de sa forme de poupée ? Rien, sa conscience individuelle d’être un être séparé s’est totalement dissoute dans cet océan, et elle devient l’océan tout entier. Le Bonheur est notre véritable Nature, le Soi, il nous attire à lui et c’est Lui que nous recherchons sans cesse. Mais très souvent, nous le confondons avec les plaisirs. Nous ne goûterons ce Bonheur que lorsque nous prendrons pleinement conscience que nous ne sommes pas un être particulier, mais l’existence tout entière. Et c’est cela que l’on appelle Réalisation.
En fait, le rapport entre le Bonheur et les plaisirs est le même que celui existant entre le Soi et l’ego. Les plaisirs n’existent que parce que la Base d’où ils s’élancent est le Bonheur qui réside dans l’unique Soi.
14) Pendant les périodes d’auto-investigation, lorsque le mental est bien calme, il m’arrive, pendant un bref instant, de perdre toute notion d’espace et de temps et d’être envahi par un immense bien-être. D’où provient cette béatitude ? Quelle est sa signification ? Pourquoi ne dure-t-elle qu’un bref instant ?
Bernard : Tout ce qui arrive ne peut pas durer, cela ne peut être qu’impermanent. Tout état, toute expérience, toute impression, aussi agréable soit-elle, est sensorielle ; de même qu’elle est arrivée elle repartira inévitablement comme l’ego apparaît au réveil et disparaît dans le sommeil profond. La béatitude comme toute réelle expérience de Bonheur qui envahit notre être au point de nous faire perdre toute notion d’espace et de temps, vient du Soi et de Lui uniquement. La béatitude nous rappelle notre véritable Nature et nous incite à La retrouver. N’oublions jamais que, bien qu’une expérience soit sensorielle, elle ne peut exister que parce que le Soi en est la base permanente. Tout ce qui existe est le Soi et donc son expression.