101 questions essentielles à Bernard : Partie 13 : Méthodes, pratique, expériences .

 

Dans les temps qui viennent j’ai décidé, vu la demande et l’assiduité de certains lecteurs de publier un ensemble de ce que j’appellerai « 101 questions essentielles à Bernard. » Ces 101 questions qui sont extraites soit d’entretiens oraux, soit de réponses à des mails ou lettres, couvrent à mon avis l’essentiel de ce dont a besoin un chercheur sérieux pour découvrir sa Nature Véritable.
Une petite mise au point est indispensable afin de préciser à chaque lecteur, à chaque chercheur, la nécessité de s’imprégner du sens profond des réponses qui vont suivre sans trop s’attarder sur la forme particulière donnée à chaque réponse.
En effet, la forme concerne spécifiquement la personne qui a posé la question et qui a obtenu la réponse qu’elle « pouvait entendre ». Ce qu’elle peut entendre est fonction de sa personnalité propre, de ce qu’elle est capable d’accepter, de son évolution à l’instant même où la question a été posée et d’autres facteurs plus subtils.
Le fond de la réponse va directement au Cœur et concerne tout chercheur sérieux et passionné. L’impact produit est alors fonction de la ferveur de chacun.
Il est indispensable que la réponse soit « absorbée » sans que l’intellect ait le temps d’interpréter ce qu’il a entendu. Plus tard la personne y réfléchira, retournera les paroles dans tous les sens et fera agir son sens critique.
La compréhension intellectuelle est utile pour prendre conscience de l’existence des concepts, mais elle est incapable de les dépasser tout simplement parce qu’elle en fait partie.
Il ne faut donc pas donner trop d’importance à la compréhension, et se souvenir avec passion que seule l’Expérience personnelle nous conduira au but tant désiré.
De nombreuses personnes pourront se dire : que de répétitions ! C’est vrai et tous les sages un peu sérieux ont répété des milliers de fois, sous des formes différentes les mêmes recommandations. Le mental humain a tellement tendance à se figer, à se scléroser, à se durcir, qu’il faut marteler sans cesse les mêmes évidences ,pour que par chance une ou l’autre arrive à pénétrer et transpercer la couche de notre ignorance (qui est rappelons le un des trois poisons du bouddhisme). En préparant ce travail, j’ai moi-même relu ce que j’avais lu tant de fois et à chaque lecture, un petit plus apparaît dans la compréhension et l’intégration de ces vérités de base.
Abordons donc ces pépites, gracieusement offertes, avec Amour et humilité, qu’elles nous accompagnent dans notre voyage merveilleux , à la découverte de notre Nature Véritable.

Dans les réponses qui suivent Bernard va tenter de toujours ramener le chercheur à l’essentiel. La réponse notamment au premier chercheur est très intéressante dans la mesure où elle concerne une personne qui a déjà un long parcours et qui parfois à ce titre là peut croire qu’elle est extrêmement avancée, alors qu’elle n’a eu, comme le dit clairement Bernard, que des « états passagers ». Toute expérience ajoute-t-il souvent, a un début et une fin. Et beaucoup des « éveillés d’internet », en toute sincérité souvent, ne se rendent pas bien compte de cela et se mettent à enseigner de suite, à faire des satsangs, à rendre des personnes dépendantes d’elles, alors qu’elles-mêmes n’ont pas eu accès à la désidentification totale, au « tomber de scène ». La clarté de ces réponses nous mène à beaucoup d’humilité et renforce notre ferveur, seul outil totalement nécessaire pour parvenir au but.

54)  La recherche du Soi me passionne depuis plusieurs années. Elle m’a conduit en Inde où j’ai séjourné pendant plus de cinq ans. J’y ai rencontré un maître de « kriya yoga » qui m’a enseigné différentes techniques préparant à la méditation. Curieusement j’ai rencontré ce Guru alors que je n’étais pas du tout attiré par ce genre de relation. J’étais influencé à cette époque par des lectures de Krishnamurti. Cette rencontre a bouleversé ma vie. Il m’avait laissé porte ouverte pour accéder dans la pièce où il vivait et recevait les gens. Je n’ai jamais réussi à comprendre rationnellement cet homme. Les situations se dénouaient autour de lui de manière si simple et naturelle. Il régnait autour de lui une atmosphère de paix et de liberté.
Après quelques années de pratique intense de méditation j’ai pu atteindre un état de paix intérieure, une certaine maîtrise de soi et des expériences spirituelles.
Puis j’ai commencé à avoir l’intuition que ces états, bien qu’agréables, n’étaient que des « expériences » et que pour trouver « la source », la recherche devait s’orienter ailleurs. J’ai alors lu les traductions de dialogues entre Ramana Maharshi et certains de ses visiteurs, puis des livres de Ramesh Balsekar. Ces enseignements m’ont beaucoup touché.
Un jour m’est venu la conviction que le « je » que je croyais être n’était qu’une conséquence du fonctionnement de la pensée. Ainsi « le moi » que je croyais être n’existait pas réellement et il n’était que l’auteur apparent de « mes » actions. Cette « évidence » a engendré une expérience, une émotion très forte, je pleurais (de soulagement probablement) et riais de la situation comique dans laquelle je me trouvais, en tant que chercheur espérant obtenir « l’éveil ». Je me rendais compte que l’objet tant désiré, « l’éveil » n’existait pas et celui qui désirait l’atteindre non plus. Pendant un mois j’étais dans un état de bonheur intense. Puis cet état s’est estompé. J’ai accepté la situation et une sorte de paix intérieure est restée.
Depuis cet événement j’ai perdu la motivation à pratiquer les techniques de Kriya Yoga que je pratiquais depuis plusieurs années. Je « médite » de moins en moins. Je me pose des questions par rapport à cela, j’ai un grand respect pour le maître qui m’a donné cet enseignement, mais je sens m’éloigner petit à petit l’intérêt pour cet enseignement.
De plus, bien que me sentant paisible je ressens un sentiment d’incomplétude, d’une compréhension partielle.
J’aimerais beaucoup connaître votre avis, vos remarques et conseils sur la situation dont je vous ai parlé ci-dessus.

 Bernard : Vous avez beaucoup pratiqué et vous avez donc normalement eu des expériences, connu des états puis pris conscience que cela n’était sans doute justement que des états.
Tout ce que vous avez entrepris, vos pratiques, la méditation, ne sont pas vains puisqu’ils vous ont amené à ce que vous dites à la fin de votre message : « Bien que me sentant paisible, je ressens un sentiment d’incomplétude, d’une compréhension partielle. ». Et c’est là que commence la véritable recherche que l’on appelle « spirituelle » et qui n’est en fait que la réponse à la question « Qui suis-je ? » et que je préfère appeler recherche du bonheur car si ce que nous trouvons ne nous donne pas le bonheur à quoi cela pourrait-il servir ?
Puisque vous me demandez mon avis ou conseils, je vous dirai ce que je répète inlassablement aux divers chercheurs que je rencontre : seule une passion démesurée et une ferveur exceptionnelle vous permettront de vous extraire de la formidable attraction qu’exerce le mental sur la forme particulière de la Vie qu’est l’individu.
Et puisque vous parlez d’une « compréhension partielle » je vous dis également qu’il ne peut en être autrement. La compréhension totale n’est pas possible parce qu’elle ne peut-être qu’intellectuelle et l’intellect ne concerne que le mental : or, vous n’êtes pas le mental. Mais je m’empresse de vous dire qu’il ne faut surtout pas me croire, cela ne servirait à rien.
Continuez de faire le point, d’observer inlassablement le fonctionnement du mental, de la conscience et vous réaliserez, dans votre cœur, et au-delà de l’intellect qu’à aucun moment vous ne pouvez être à la fois celui qui perçoit et ce qui est perçu !
Sans vous-le Témoin permanent-aucun spectacle n’est possible.
Découvrez, réalisez que vous êtes LA BASE d’où tout s’élance chaque matin et où tout retourne chaque soir. Il n’y a rien d’autre ! Et cela ne peut être compris, cela ne peut qu’être réalisé.
Ce que l’on appelle Réalisation n’est pas une grande compréhension, mais une gigantesque émotion dans laquelle la vie particulière de l’individu que l’on a cru être si longtemps fusionne dans la Vie tout court. Et cela est une grande histoire d’AMOUR dans lequel ce fameux intellect-bien fragile et impermanent-n’ a vraiment qu’un second rôle sans grand intérêt.

55)  Concernant ma quête spirituelle et d’après ce que je comprends à travers ce que tu dis et ma propre expérience, il n’y a rien d’autre à faire qu’observer la conscience d’être, puisque tout est mental : sensations, expériences, pensées…Mais alors Qui observe ?
Bernard : Les mots sont parfois bien impuissants pour exprimer ce qui ne peut l’être avec de simples mots. Vouloir nommer ce que l’on appelle « le Soi » avec l’aide de concepts, d’idées ou tout autre qualificatif est impossible et heureusement ! Si l’on pouvait concevoir ce que représente réellement ce fameux Soi, alors ce ne serait sans doute plus Lui !
En revanche se poser de telles questions est normal, mais c’est aussi sans fin. Alors d’accord, tout est mental, mais comme tu le suggères ensuite : Qui observe ? Qui peut constater que tout est mental ? Tout ce qui apparaît est contenu dans le mental, mais le mental peut-il se voir lui-même ?
Pour que la constatation que « tout est mental » soit possible, il faut bien que quelqu’un soit présent pour faire ce constat !
Alors qui ? la seule réponse possible est de Réaliser notre Nature Véritable, mais pour ne pas te laisser sans réponse, oui il est bon d’observer le fonctionnement de la conscience et du processus mental qui en découle.
Chaque matin, lorsque se produit le réveil, la conscience d’être apparaît et ce sentiment d’exister est immédiatement interprété par le processus mental qui identifie le fait d’être à la forme particulière dans laquelle il se trouve- c’est-à-dire le corps-et ceci est le mode de fonctionnement de la manifestation.
Si l’on observe avec une passion et une ferveur de chaque instant comment se produit chaque matin cette identification à une forme particulière, et ensuite comment s’arrête chaque soir -avec le sommeil profond- cette même identification, il est absolument certain que la réponse sera trouvée !
Sans la BASE d’où surgit et retourne cette fameuse sensation d’être une forme particulière, il ne se passerait absolument rien ! Cette Base est le Soi et elle est permanente, tout le reste apparaît puis disparaît sans cesse. Seul le Témoin, Celui qui constate le phénoménal, l’événementiel, existe et c’est tout simplement l’existence.
De cette existence qui est la Base, surgit l’existence particulière dont le seul problème, si l’on peut dire, réside dans le simple fait qu’elle n’est pas permanente. À partir de cette constatation n’est-il pas évident que le processus mental qui n’est pas dissociable de cette vie particulière qu’est l’individu ne puisse, à aucun moment, comprendre ou mieux encore appréhender que quelque chose d’autre que lui puisse exister ?

56) La conscience d’être que je connais en ce moment est si intense ! Je voudrais l’attiser précieusement et trouver la force de la maintenir !
Bernard : Oui c’est cela simplement conscience d’être…
Si l’on reste de plus en plus dans cette attitude témoin, alors même cette conscience d’êtreté fusionnera dans ce que l’on appelle le Soi, c’est-à-dire tout simplement l’existence.
Il n’y a absolument rien à faire pour être, mais puisque ce processus mental apparaît chaque matin et s’arrête chaque soir, il y a tout de même un individu pendant cette durée et pour lui, cette existence dans un corps particulier est bien réelle. Ce que l’on appelle recherche »spirituelle »va consister à observer, avec une ferveur, une passion et un Amour totalement fou, le fonctionnement de cette conscience et de ce qui apparaît en même temps qu’elle, le processus mental et donc le corps dans lequel il habite.
C’est la force de notre amour du bonheur total, la passion excessive d’atteindre le but et la folie démesurée de notre ferveur, qui feront que le mental, las de lutter, va un jour rendre les armes.
C’est comme si le mental disait alors : « cet homme me fatigue, je m’en vais ! ».
Demeure simplement dans la conscience de cette êtreté, mais n’oublie pas , à aucun moment, que chaque matin, la conscience d’être apparaît et que chaque soir, cette même conscience d’être disparaît. À présent, constate simplement que cette apparition et cette disparition ne peuvent se produire que parce que TU es présent. Cette unique Présence est ta Véritable Nature et c’est simplement cela le Soi

57) L’investigation du Soi est-elle supérieure à la méditation pour parvenir au But ultime ?
Bernard : Il a déjà été répondu à cette question de nombreuses fois. Citons un verset d’Ulladu Nârpadu Anubandham, un des poèmes de Ramana, qui traite de la nature de la réalité. Ce verset dit :
« L’état suprême, objet d’éloge, que l’on peut atteindre ici-même, en cette vie, par la claire investigation du Soi qui s’élève dans le cœur quand on bénéficie de la compagnie d’un Être réalisé (jnani) , ne saurait être atteint ni en écoutant des prédicateurs, ni par l’étude et la connaissance des écritures, ni par des actions vertueuses, ni par un quelconque autre moyen. »
Le sens de ces paroles est très clair et il est à prendre à la lettre. Lisez et relisez ce verset et comprenez !

58) Lorsqu’on est à la recherche de sa véritable nature, ne risque-t-on pas de s’identifier à une entité individuelle telle que l’âme, plutôt que de reconnaître la non-dualité de toute chose ? Comment faire pour éviter ce piège ?
Bernard : Il n’existe aucun piège pour celui qui désire réellement connaître sa Vraie Nature.

59) Le japa (répétition rythmée du mantra donné par le Maître) est-il autre chose qu’une technique pour calmer le mental ? Se concentrer sur autre chose peut-il avoir le même effet ?
Bernard : Au cours de cette recherche spirituelle que nous entreprenons avec une passion sans mesure et avec la ferme conviction de parvenir au But, différentes pratiques sont utilisées et toutes, ont une utilité à partir du moment où nous en avons besoin. Lorsque nous avons épuisé une technique, elle n’a dès lors, pas plus d’intérêt qu’une voiture sans roues. N’oublions jamais que cette fameuse recherche est comme un chemin et que nos besoins changent tout au long du parcours. Un nouveau-né ne peut pas marcher et c’est pourtant le même qui plus tard sera capable de courir. Il en est de même du cheminement spirituel.
NDLR : à ce sujet le Bouddha lui-même utilisait l’exemple du radeau dont on pouvait se débarasser et qui n’avait plus aucune utilité, lorsque l’on était passé sur l’autre rive.

60) Comment la méditation sur l’image (forme physique) du Guru ou d’une divinité permet-elle de comprendre la Nature véritable de ce Guru ? Comment cette compréhension peut-elle mener à la reconnaissance de la Nature véritable de celui qui médite ?
Bernard : Ce genre de méditation est essentiellement pratiqué par les dévots. Pour ceux qui recherchent le Soi, c’est-à-dire leur Vraie Nature, l’introspection est le chemin le plus simple et le plus direct. D’autre part la véritable Nature du Guru c’est le Soi et cette Nature sera connue en même temps que sera découverte notre nature réelle, pas avant. Comprendre la Nature du Guru correspond donc à réaliser le Soi.

61) Est-il préférable de méditer sur l’image du Guru ou alors sur le « moi », c’est-à-dire celui qui est témoin des pensées ?
Bernard : Méditons pour trouver un calme favorable à l’introspection qui suivra cet instant privilégié afin d’aller peu à peu à la source d’où jaillissent les pensées et d’où tout concept s’élance. Si nous parvenons à la source, les pensées disparaîtront d’elles-mêmes.

62) Sri Ramana Maharshi assigne au « cœur spirituel » une localisation bien précise dans le corps humain, c’est-à-dire dans la poitrine, à droite du milieu. Quelle est la nature exacte de ce cœur spirituel ? En quoi sa localisation peut-elle être utile au chercheur ?
Bernard : Les paroles des sages s’adaptent toujours à la personne qui pose la question et tiennent compte inévitablement de la réponse que cette personne est capable d’accepter pour son évolution spirituelle. Si la personne a encore besoin de localiser Dieu, ou le Soi, ou dans cet exemple le cœur spirituel, on peut toujours aider le chercheur en indiquant un endroit. Ramana, en donnant une localisation bien précise pour le « cœur spirituel », ne faisait que confirmer certains textes védantiques que la personne avait certainement lus. Il est simple de comprendre que ce qui peut être localisé ne concerne que la forme. Ce que l’on appelle « le cœur spirituel », c’est simplement le Soi. Mais tant que l’homme demeure identifié à son corps physique, il comprend mieux avec des exemples formels.
En de multiples autres occasions, Ramana a dit très clairement que vouloir localiser le Soi avait autant de réalité que de se prendre pour un corps particulier.

63) Est-ce que seule compte l’intensité de la recherche ou est- ce que les moyens de la recherche ont aussi leur importance ?
Bernard : L’intensité fournira les moyens. Seul le But que l’on s’est fixé est important, les moyens sont secondaires. Il n’y a que dans les religions qu’une importance exagérée est donnée aux moyens, mais à trop s’attarder sur les moyens, on en oublie le But. Alors ne craignons pas d’insister encore, seule la passion sans mesure, la conviction que l’échec est impossible et une intense nostalgie de cette sensation d’éternité que nous ressentons au fond de nous, pour peu que l’on y prête attention, nous mèneront au But.

64) Il est souvent rappelé que la recherche du Soi n’est pas une question de temps puisque l’on est déjà, ici et maintenant, ce que l’on cherche. Mais il me semble que seul le temps peut, avec la pratique spirituelle, détruire nos fausses identifications, nos vâsanas, et atteindre ce que l’on nomme une maturité spirituelle. En effet, je sais que je ne suis pas ce corps et que ma Véritable Nature est Pure Conscience ; cependant le temps est nécessaire afin de me détacher progressivement de mes fausses identifications. Ainsi, l’intensité de la recherche et le temps seraient les deux facteurs à prendre en compte dans la recherche du Soi.
En est-il autrement ? Le Samâdhi est-il possible si de telles tendances subsistent ?
Bernard : Oublions pour le moment le Samâdhi. Être le Soi n’est pas une question de temps, mais le rechercher demande obligatoirement du temps puisque cette recherche, qui suppose que L’on ne L’a pas encore trouvé, a un commencement (l’idée qu’il faut rechercher le Soi) , une durée (la recherche par elle-même : la sadhâna) et une fin (la libération ou réalisation). Toute recherche n’est possible que dans la dualité et le propre de la dualité c’est d’exister grâce justement à l’espace-temps.
Tout n’est que concept et la dualité réside uniquement dans le fait que nous pensons être un individu, un ensemble corps-mental. Cette idée serait vraie si elle était permanente, mais elle ne l’est pas, puisqu’elle ne résiste pas au sommeil profond.
Abordons maintenant un point très important à comprendre. Lorsque tu dis dans la question posée : « je sais que je ne suis pas ce corps et que ma véritable nature est pure Conscience », de quel savoir s’agit-il en fait ? Quelle est cette connaissance dont tu parles ? Car en fait, si vraiment tu sais que tu n’es pas le corps et si tu sais également que tu es Pure Conscience : alors tout est bien, où pourrait-il y avoir un problème, tout est accompli !
Tout cela simplement pour dire que cette connaissance dont tu parles n’est réellement qu’un concept, qu’une idée, une conviction aussi forte qu’elle soit. Ce savoir, cette connaissance relève du mental qui lui, n’a aucune réalité. C’est la raison pour laquelle le fait de « savoir »que je ne suis pas ce corps, pas ce mental, mais que je suis Pure Conscience, est une aide, une aide très efficace, mais ce n’est toutefois qu’un concept puisqu’il ne me permet jamais, en aucun cas d’avoir une totale conscience d’être le Soi. C’est uniquement lorsque l’identification avec le corps cesse que ce que l’on nomme « Connaissance » disparaît à tout jamais.
La connaissance est toujours intellectuelle, mentale et ne concerne que le spectateur (l’ego) et le spectacle (le monde). Mais si l’ego disparaît, la vision du monde cesse immédiatement.
Pourquoi songer au temps qu’il nous faudra pour réaliser ? Celui qui est totalement déterminé à connaître sa Véritable Nature ne devrait penser qu’à une seule chose et s’y maintenir en permanence jusqu’à la victoire finale.
Par exemple ceci : Ramana affirme que si l’on observe d’où surgit la notion « Je », le mental est absorbé en Cela. Alors après cette superbe affirmation qui devrait nous faire tomber de notre siège chaque fois que nous l’entendons ! Pourquoi perdre son temps et son énergie à se demander combien de temps nous devrons mettre pour y parvenir ? Pratiquons avec détermination, sans faire intervenir volontairement ni le facteur temps ni aucun autre facteur. Soyons convaincus que Ramana a raison et faisons -lui confiance et alors il n’y aura besoin de rien d’autre : croyez fortement cela !

65) Plutôt que de formuler des questions, je trouve plus profitable de me concentrer sur la conscience d’être. Une telle attitude est-elle efficace, ou la formulation de questions est-elle absolument nécessaire ?
Bernard : Ce qui est nécessaire, c’est justement d’arriver au point où il n’y aura plus de questions, mais de façon naturelle, sans effort particulier, tout simplement parce que les réponses à nos différentes interrogations auront été assimilées. Jusqu’à ce jour il est « profitable » de formuler des questions, mais surtout essentiel de bien Entendre les réponses.
Quant à la conscience d’Être, il n’est pas nécessaire de se concentrer pour être. C’est pratiquement le contraire qui est vrai ! C’est lorsque la concentration, c’est-à-dire l’effort, cesse que l’Être est ce qu’il Est. Être tout simplement, sans mot pour le dire