La plus haute clarté que l’on puisse avoir sur la terre: c’est d’être vrai ! : (Hadewijch d’Anvers)

Hadewijch d’Anvers.

 

Faisant suite à mon article sur les béguines j’ai voulu vous faire partager sans aucun commentaire ces passages extraits de lettres de la fameuse béguine Hadewijch d’Anvers à ses consœurs. ils sont tellement forts que tout commentaire serait superflu.

 

« Soyez sur vos gardes et ne laissez point troubler votre paix. Faites le bien en toutes circonstances, mais sans nul souci de profit, ni de la béatitude, ni de la damnation, ni du salut, ni des peines infernales. Ne faites rien, ne laissez rien que pour l’honneur de l’Amour. Si telle est votre conduite, vous guérirez bientôt.
Souffrez volontiers de sembler stupide aux hommes : on s’approche beaucoup de la vérité en acceptant de le paraître. »

 

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« Si vous voulez avoir ce qui est à vous, renoncez à vous-même autant que vous le pouvez, demeurez humble ne tirant aucune élévation de ce que vous aurez pu faire, ainsi vous pourrez devenir parfaite et enfin posséder ce qui est à vous- si vous le voulez ! »

 

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« En voulant maintenir une règle de vie, on s’embarrasse de maintes choses dont il faudrait être libre.
C’est encore un point où la raison s’égare. Un esprit de bonne volonté assure intérieurement plus de beauté à notre vie que nulle règle n’en saurait prescrire.

dans les larmes on s’égare aussi : la raison prétend que l’âme déplore l’absence de son vrai bien, mais c’est souvent la volonté propre qui se désole et nous trompe. »

 

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« Jette toi en Dieu de toute ton âme et sans réserve, loin de toutes ces choses qui ne sont pas l’AMOUR, quoi qu’il nous arrive. Car les coups qui nous sont portés sont nombreux, mais à les recevoir sans faiblir, nous gagnerons la plénitude de notre maturité. Hélas très chère, le violent AMOUR ne t’a pas encore vaincue ni engloutie en son abîme ! Il est si doux, qu’est ce donc qui te retient d’y tomber plus avant ? Pourquoi ne pénètres-tu pas assez dans ses profondeurs ? »

 

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« Sous le couvert des saints désirs, la plupart des âmes aujourd’hui s’égarent et cherchent leur consolation dans les biens inférieurs qu’elles peuvent saisir. Chacun peut s’en rendre compte en lui-même : nous savons si peu souffrir et supporter à tous égards ! Un petit ennui soudain qui nous pique, une médisance, un mensonge que l’on nous rapporte, tout ce qui nous dérobe un peu d’honneur, de repos ou de liberté : comme cela nous blesse vite et profondément !
Comme nous sommes si soigneux de nous-mêmes en toute occasion, prompts à manifester notre volonté, conscients de nos besoins, amants de notre petite personne en tout ce qui lui plaît, avides d’avantages extérieurs et intérieurs. Car tout avantage nous délecte et nous fait croire que nous sommes quelque chose, alors que justement se révèle notre néant ! »

 

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« Dans le souci de paraître, certaines personnes manquent d’Être : le moindre obstacle qu’elles rencontrent manifeste le défaut de leur fond Elles sont vite exaltées dans la ferveur, vite abattues dans l’épreuve, parce qu’elles ne s’appuient pas sur la vérité : leur base reste incertaine et changeante. Quoi qu’elles bâtissent sur de tels fondements, leurs œuvres et leur conduite seront sans foi ni fermeté. Elles ne restent point debout ni ne vont jusqu’au but. Dans les vertus mêmes qu’elles déploient, leur intention n’est ni pure ni sincère.
Avant que l’AMOUR rompant ses digues, ne ravisse l’homme à lui-même pour en faire un seul esprit, un seul être avec l’AMOUR, il est nécessaire que l’âme serve noblement dans l’exil. »

 

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« Ne cessez pas de cultiver l’AMOUR en œuvres toujours nouvelles, et laissez-le opérer lui-même, pour insuffisante que soit la jouissance par quoi nous pouvons le goûter. S’il nous fait défaut hors de lui-même, sachez-le, il se suffit en soi Qui lui donne tout le possède enfin tout entier- que cela plaise ou déplaise à qui ne sait aimer ! »

 

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« L’homme qui ne prend nul repos et n’accepte aucune consolation étrangère, et s’efforce à toute heure de satisfaire à l’AMOUR, commence sur terre la Vie Éternelle. L’AMOUR est à lui-même satisfaction plénière et parfaite récompense.
Mais trop souvent aujourd’hui on fait obstacle à l’AMOUR et c’est par mainte injustice que ses droits sont blessés. Nul ne veut renoncer à ses penchants pour l’honneur de l’AMOUR, chacun veut aimer et haïr à son gré, s’indigner et pardonner selon ses goûts. C’est grande pitié que de voir les hommes s’égarer. Il nous est ordonné de vaquer jour et nuit à l’AMOUR, lui vouant sans réserve notre cœur et notre âme, nos sens, nos facultés, nos pensées.
L’INCENDIE ÉCLATERA CHEZ LES AUTRES DÊS QUE VOUS-MÊMES SEREZ DE FLAMME ! HÂTEZ-VOUS D’AIMER ! »

 

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« POUR CETTE CHOSE IL N’EST POINT DE LANGAGE ET NULLE EXPRESSION QUE JE SACHE N’Y CONVIENT ! »

 

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« Qui veut goûter cet AMOUR véritable
dans la quête ou la découverte
ne doit suivre ni voie ni sentier.
Errant à la recherche de la victoire d’AMOUR

par monts et par vaux, au-delà des vaines consolations,
au-delà des peines et des tourments.
C’est hors des chemins de la pensée humaine,
que le puissant cheval d’AMOUR l’emporte.
Car la raison ne peut comprendre
comment l’AMOUR par l’AMOUR
voit au fond de l’Aimé, et comme il vit libre en toute chose.
Ah ! Lorsque l’âme arrive à cette liberté que donne l’AMOUR,
elle n’épargne ni vie ni mort,
elle veut l’AMOUR, pas moins ! Que dirais-je de plus, il faudrait parler avec son âme ! La matière d’un tel discours est beaucoup trop vaste.
C’est sur le plus haut secret que je dois garder le plus profond silence, mais les gens croient que le mystère est facile, et s’ils ne comprennent pas, ils doutent aussitôt Ainsi je n’ose dire aux hommes ce qui en vaut la peine, ni aucune parole selon le fond de mon âme. »

 

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« Trouvez Dieu en toute créature mais ne le recevez de personne, sinon de la pure plénitude de sa simple essence.
On ne peut enseigner l’AMOUR à personne, mais qui pratique ses vertus ne peut manquer de l’apprendre. »

 

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« Comme vous avez trop peu souci de l’AMOUR qui me possède et dont j’éprouve si terriblement l’étreinte et la violence. Mon cœur, mon âme, mes sens ne reposent ni jour ni nuit, pas une heure : cette flamme ne cesse de brûler dans la moelle de mon être :

L’AMOUR EST TOUT ! »

 

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