Nous sommes des « oiseaux de peu de foi »!

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Le Simorgh.

Voici un passage du merveilleux livre : « Le cantique des oiseaux » du soufi : Farid al din Attar(1142-1229)

on remarquera au passage une fois de plus à quel point cette époque de 1200 était fertile en grands maîtres de différentes traditions(Maître Eckart pour le christianisme, Attar-et Rûmî pour l’Islam,Dogen pour le japon etc.….)

De nombreuses personnes à notre époque, soit abandonnent toute spiritualité pour se réfugier dans un consumérisme affligeant, soit tout en reconnaissant une autre dimension possible abandonnent tout espoir en déclarant que ce Bonheur total n’est pas fait pour elles : en tout cas pas dans « cette vie » ajoutent elles avec malice utilisant naïvement la croyance en la réincarnation , pour laquelle elles n’ont aucune expérience, mais qui est tant à la mode et vient à point pour les dispenser de toute recherche

Des êtres comme Ramana, Bernard, Attar viennent nous secouer, chacun à leur manière mais pour dire au fond la même chose : « arrêtez de vous lamenter hommes de peu de foi, ce bonheur total est possible mais vous devez vous y mettre avec passion, détermination , comme un homme à qui l’on tiendrait la tête sous l’eau et qui aspirerait de toutes ses forces à remonter pour respirer. »

Mais encore faut-il les entendre et mettre en pratique leur conseil qui n’est en rien une injonction, un ordre, mais une proposition de pur AMOUR

Le cantique des oiseaux décrit d’une manière allégorique le voyage des oiseaux pour atteindre l’oiseau mythique : le Simorgh qui est en fait LE SOI et qui est au cœur de nous mêmes.

Les oiseaux dirent à la huppe
Notre faiblesse d’âme et de corps, la vois-tu ?
Nous sommes déplumés, nos ailes sont coupées
Au SOI sublime pourrions nous arriver ?
Ce serait un miracle si un seul le pouvait !
Dis nous ce qui nous lie à cette haute merveille ?
Car jamais à l’aveugle on ne trouve les secrets.
S’il y avait entre nous un lien qui nous liait
Nous serions plein d’élan pour l’aller retrouver
La Réalisation du SOI c’est Salomon et nous, pauvres fourmis
Nous sommes aux antipodes, vois-tu ce que nous sommes ?
La fourmi retenue tout au fond d’un grand puits
Pourra-t’-elle même atteindre la poussière de ses pieds ?
A-t’-on vu un mendiant prétendre au rang de roi ?
Et cela n’est-il pas au-delà de nos forces ?
La huppe répondit :
« Oiseaux de peu de foi
Quel Amour pourrait naître d’un cœur timoré ?
N’êtes vous donc pas las, mendiants, de vivre en vain ?
On ne peut à la fois Aimer et être lâche.
Quiconque a su ouvrir son regard à l’Amour
Entre entier dans la danse, prêt à jouer sa vie.
Sachez que quand le Soi, en enlevant son voile
Révéla son visage, tel l’éclatant soleil
Il jeta sur la terre des ombres par milliers
Puis jetant un regard sur ces ombres si pures
Il fit don de son ombre à l’univers entier
Et des oiseaux parurent, sans nombre à chaque souffle
Sache donc que la forme de chaque oiseau du monde
Même si tu l’ignores, est reflet de son ombre
Sache le car enfin lorsque tu le sauras
Avec sa majesté tu trouveras ton lien
Lorsque tu le sauras, contemple et ne dis rien !
Lorsque tu le sauras garde le en secret !
Quiconque devient LUI est submergé en LUI
Dans l’état de Fusion, crois- tu qu’on pourrait croire
à une incarnation?Ou être déviant ?
Celui qui sait de qui il est l’ombre portée
Se trouve libéré, qu’il vive ou bien qu’il meure
Si LE SOI jamais n’avait voulu paraître
jamais toutes ces ombres se seraient projetées
Et si LE SOI maintenant s’occultait
Il ne resterait pas en ce monde une seule ombre
Tout ce qui ici bas apparaît tel une ombre
Fait son apparition d’abord dans l’autre monde
Si tu n’as pas les yeux qu’il faut pour voir LE SOI
C’est que ton cœur n’est pas poli comme un miroir.
Comme nul ne peut voir l’éclat de sa beauté
Ni ne peut soutenir sa Beauté déployée
Comme on ne peut aimer sa face sans ployer
Dans son bonté extrême LE SOI fit un miroir
Ce miroir c’est le CŒUR, regarde dans ton cœur
Peut-être y verras -tu enfin briller sa face

Court extrait du livre de Farid od din Attar
Le cantique des oiseaux(merveilleuse traduction de Leili Anvar)
J’ai remplacé le terme Simorgh : oiseau mythique atteint à la fin de la recherche, par :
LE SOI