L’Anubhavamrita : Partie 8 : Invalidation de la connaissance .

                                                                         Glou-Glou !!!!!!!

 

Continuons notre exploration du merveilleux texte de Jnaneshwar, si prisé par Nisargadatta et sa lignée. Après le premier chapitre qui relatait en détails l’identité de Shiva-Shakti, le second qui était un hommage vibrant au Guru, le troisième qui développait les quatre paroles fondamentales de l’hindouisme, le quatrième qui allait au-delà du vide et du plein, le cinquième qui décrivait finement les limites des mots Sat-Chit-Ananda, le sixième qui invalidait le mot et commençait à invalider l’ignorance, le septième: chapitre très long qui finissait d’invalider totalement l’ignorance, le huitième en seulement 19 vers, va faire son affaire à la connaissance  , et nous faire entrevoir cet état au-delà des concepts interreliés. Le dernier vers du chapitre pourrait d’ailleurs en totalité être une phrase employée par Nisargadatta, la similitude est flagrante.

Jnaneshwar était un poète, philosophe et yogi Hindou très influent du 13eme siècle. Il a été influencé par la tradition Nath Yogi, mouvement philosophique de son temps. Il a écrit un commentaire éminent sur la Bhagavad Gita : le Jnaneshwari. La légende stipule que après avoir écrit ce texte, son Guru (par ailleurs son frère) le félicita grandement mais lui fit remarquer qu’il avait écrit un commentaire sur ce que quelqu’un d’autre avait dit et qu’il serait préférable qu’il écrive quelque chose venant de sa propre expérience, c’est ainsi que naquit l’ Anubhavamrita qui est considérée comme l’une des œuvres spirituelles les plus influentes au monde, très prisée par Nisargadatta et les sages de toute sa lignée. 

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1- Ainsi (comme expliqué au chapitre précédent), il n’y a jamais eu rien de tel que « l’ignorance », et par la grâce de mon Guru, j’en suis venu à connaître ma Véritable Nature, qui n’est ni la connaissance, ni l’ignorance (les deux étant des concepts interreliés), mais cette Connaissance Pure indiquée par mon nom (Jnanadeva).

2- Toute tentative pour voir sa véritable nature doit échouer et faire rougir (pour avoir fourni cet effort).

3- Mon Guru m’a ainsi transformé dans cet état dans lequel je trouve à présent qu’il est difficile de dire si j’ai été contenu dans cet état ou si cet état a été contenu en moi.

4- Réellement, il est difficile de voir le moindre changement dans ma condition, parce que cela entraînerait une distinction entre les deux états. (Mon état originel n’a jamais subi la moindre transformation.)

5- Les mots qui pourraient décrire cet état n’ont pas encore été créés, pas plus que la vue qui pourrait percevoir cet état.

6- Personne ne peut faire de cet état un objet. Si je n’ai pas été moi-même capable de le faire, quelqu’un d’autre le pourrait-il ?

7- Il n’est pas surprenant que cet état ne soit ni visible ni caché, parce que dans cet état je ne suis même pas conscient de mon propre être.

8- Cet état dans lequel mon Guru m’a placé n’est pas à la portée de la pensée et des mots.

9- Depuis cet état nouménal, comment serait-il concevable que l’expression objective du Noumène soit due à l’ignorance ? Comment un concept stérile comme l’ignorance (Maya) produirait-il un enfant comme la manifestation phénoménale ?

10- Là où il n’y a pas de place pour l’ignorance, quel serait le besoin de son concept interrelié : la connaissance ?

11- Une lampe n’est nécessaire que quand il y a obscurité ; quel besoin d’une lampe dans la journée, quand le soleil brille ?

12- Dans l’état nouménal, il n’y a pas d’ignorance, et par conséquent il n’y a pas besoin non plus de connaissance. L’état nouménal transcende les concepts opposés interreliés de connaissance et d’ignorance.

13- Cela à quoi l’on peut donner le nom d’ignorance ou de connaissance, qui sont opposés, ne peut avoir aucune valeur à moins de les transcender toutes deux.

14- Si le mari et sa femme décident de se couper la tête et de les échanger, le résultat sera qu’ils auront tous les deux perdu leur vie sans la moindre transformation dans leur existence relative, masculine et féminine.

15- Ou bien la lampe attachée dans le dos n’a aucune utilité ; ou bien si la lumière ne peut pas dissiper l’obscurité, elle ne peut pas du tout être nommée : « lumière ».

16- L’ignorance est cela à cause de quoi rien n’est connu. Comment cela grâce à quoi tout est connu, pourrait-il être nommé : « ignorance » ?

17- Ni l’ignorance, ni la connaissance n’ont la moindre signification, excepté dans leur relation réciproque, et quand on les considère ensemble, elles s’annihilent mutuellement totalement, et rien ne demeure, les rendant de ce fait toutes deux absolument inutiles.

18- La connaissance et l’ignorance étant conceptuelles, celui qui connaît peut penser qu’il ne connaît pas, et celui qui pense qu’il connaît peut ne pas connaître.

19- Et ainsi ce qui prévaut est la Conscience, le sentiment : « JE SUIS », et elle a avalé les deux concepts d’ignorance et de connaissance.

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La traduction est issue du livre: Ramesh Balsekar : l’Expérience de l’immortalité : éditions Acarias L’Originel.