Est- t’il nécessaire pour progresser de vivre dans l’intimité d’un Être Réalisé?

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Swami Ramdas.

 

Ce passage qui va suivre du grand Swami Ramdas: ce fou amoureux de Dieu, m’a beaucoup touché car il concerne un domaine assez délicat et qui pose question.
Au départ il m’ a heurté me rappelant trop ces gens qui disent qu’il vaut mieux ne pas vivre avec une personne pour pouvoir garder toutes ses illusions en ce qui la concerne.

Cet adage populaire que reprend d’ailleurs Ramdas sous une forme similaire « La solidarité entraîne le mépris », m’a toujours irrité car il semble faire fi de l’Amour véritable entre les êtres qui s’approfondit justement avec le vécu du quotidien.(Un autre adage populaire similaire dit que: « nul n’est prophète dans son pays »).

Comme Ramdas applique son adage à  l’Être Réalisé lui même, cela pourrait dans un premier temps chez certains créer des doutes sur la réelle Réalisation d’une personne qui , pourraient-ils penser, ne tiendrait qu’au fait qu’on ne la connaît pas suffisamment et que l’on n’a pas eu le temps de découvrir ses failles.

Mais bien sûr il n’en est rien et en allant plus loin, on voit évidemment  que Ramdas  ne remet pas la Réalisation de l’Être Réalisé en question mais que s’il affirme un tel adage c’est qu’il contient une part de vérité dont la teneur est à chercher chez le chercheur lui-même.

Car en fait c’est bien la qualité du chercheur spirituel qu’il remet en question.

Ce dernier en effet a trop souvent tendance à voir les branches plutôt que le tronc et les racines, le superficiel au détriment de l’essentiel.
Et Bernard m’a souvent affirmé de son côté que peu de personnes comprennent ce qu’est un Être Réalisé et qu’elles le jugent souvent à l’aune de leurs propres projections, de là où elles en sont ,en fait.
C’est pour cela qu’il dit également que l’on devrait rencontrer un Être réalisé sans à priori, en laissant tomber le mental pour que le cœur puisse s’ouvrir et bénéficier au mieux de l’Amour absolument gratuit qui s’écoule.

Le fait est que bien souvent, même si le chercheur dans un premier temps arrive à laisser tomber ses concepts, troublé favorablement qu’il est par cet Amour débordant de l’Être Réalisé, il reprend vite dans un second temps ses habitudes critiques et utilise toutes les excuses possibles pour s’éviter le travail de changement énorme qu’il a entrevu et il puise dans la vie de l’Être Réalisé tous les éléments qui ne conviennent pas à ses propres concepts pour éviter toute remise en question.
C’est donc dans ce sens que Ramdas met en garde le chercheur sur le danger de la fréquentation « inintelligente » des Êtres Réalisés.
Et cela est amplement confirmé par ce qui se passe dans certains ashrams où des personnes peuvent rester des années auprès d’un Être Réalisé sans progresser réellement.
C’est pour cette raison que de nombreux Êtres Réalisés renvoient régulièrement dans le monde du social des personnes dont ils perçoivent l’attachement « névrotique » et dont ils voient qu’elles ne progressent plus.

Je l’ai moi même constaté au premier plan près de Ma Ananda Mayi : un de ses plus proches disciples m’a confirmé lui-même qu’à un moment donné de sa recherche, à lui, qui pourtant avait un lien sincère profond et sérieux avec Ma, elle lui avait demandé de se retirer seul et loin d’elle pour que sa recherche puisse progresser.
Bernard de même m’a souvent dit qu’il ne voulait en aucun cas faire un « ashram » d’une part parce que ce n’était pas une coutume occidentale, que ce n’était pas son charisme et d’autre part en rapport avec tout ce que je viens d’évoquer et ce que dit Ramdas .

Cette liberté par rapport à sa personne à laquelle nous convie l’Être Réalisé est d’ailleurs un des signes parmi d’autres, mais essentiel de sa Réalisation et débusque de suite tous les imposteurs sectaires qui attachent les « disciples » à leur ego pour les exploiter.
L’ESSENTIEL EST DANS LE CŒUR !

Et la Réalisation n’a rien à voir avec le temps, passé auprès de l’Être Réalisé.

Puissions nous continuer à ne nous attacher qu’à l’essentiel et faire de notre recherche une histoire de vie ou de mort avec ce sentiment d’urgence auquel nous confrontait un grand Maître Zen qui disait que l’on devait vivre sa recherche comme si un feu brûlant était sur le sommet de notre tête !

Passion et détermination en allant droit à l’essentiel comme le martèle souvent Bernard.

Recherchez la compagnie des Êtres réalisés par tous les moyens, mais ne restez pas indéfiniment avec eux . Car l’adage : « la familiarité entraîne le mépris » s’applique même à eux.
Il ne fait aucun doute que la croissance spirituelle dépend largement des fréquentations appropriées. La compagnie des Êtres Réalisés est donc considérée comme essentielle pour un chercheur de Vérité. Mais cela n’implique pas qu’il faille rester attaché à leur présence d’une façon permanente.

Le chercheur peut rester en leur compagnie pour une courte période et, en se laissant inspirer et guider, il s’éveillera parfaitement à la Conscience de la Réalité inhérente.Il serait bien pour lui de s’en séparer avant que la lumière et l’inspiration reçues diminuent ou disparaissent.

J’ai connu beaucoup de cas et j’ai entendu parler de beaucoup d’autres où la présence continue dans la compagnie d’un Être Réalisé a non seulement diminué la ferveur et l’aspiration des chercheurs, mais a même fait d’eux des êtres railleurs et sceptiques.

Or le déclin de la foi, de la pureté et de l’aspiration chez un chercheur cause à celui-ci des dommages incalculables.

Un jeune arbrisseau qui pousse à l’ombre d’un arbre géant ne peut pas déployer sa force, ni sa stature. Son développement en sera entravé et il deviendra faible.
Si en revanche , le même arbrisseau est mis en terrain découvert, exposé aux tempêtes, à la chaleur, au froid et à toutes les intempéries, il aura toutes les chances de grandir et de devenir un arbre majestueux, tirant sa substance à la fois d’en haut et d’en bas.
Cette analogie avec l’arbrisseau illustre ce qui arrive à un chercheur attaché à la seule personnalité extérieure d’un Être Réalisé et qui passe toutes ses journées en étroite association avec lui.

L’initiative pour exprimer librement les possibilités spirituelles qui lui sont propres est étouffée.
Il ne parvient pas à cultiver les qualités fondamentales, nécessaires à son avancement : l’intrépidité, l’indépendance et l’endurance.
Le seul grand guide qui doit maîtriser son mental ,sa parole et son corps ne pouvant être que le Soi qui l’anime.

Son but doit être de s’abandonner à ce Soi , d’en devenir l’incarnation.
Se tenir sur ses propres jambes, combattre et grandir par ses propres forces, par sa propre expérience et finalement se livrer de son propre gré au Soi, amène la vraie Réalisation et la paix.

De tout ce qui a été dit ci-dessus, il ne faut pas conclure que la grandeur et l’efficacité de la Présence des Êtres Réalisés soit mise en cause.
Un tel contact est le moyen le plus efficace pour une rapide évolution spirituelle. En fait la Présence des Êtres réalisés est une aide inestimable pour le chercheur, en son absence, le chercheur est comme un oiseau martelant vainement ses ailes contre les barreaux de sa cage pour trouver la liberté.
Les Êtres Réalisés sont des sauveurs et des libérateurs
La conception hindoue d’un Être Réalisé, c’est qu’il est une incarnation du SOI(de Dieu) lui-même.
Aussi faut-il l’honorer, profiter du bénéfice exceptionnel de sa compagnie, le servir d’un cœur franc et pur, écouter attentivement ses conseils et s’efforcer de suivre son exemple pour parvenir ainsi à la pleine connaissance de la Vérité(Réalisation) dont nous sommes en quête.
Mais il faut veiller à ne pas rester attaché à sa personne et à perdre ainsi les présents spirituels obtenus de lui lors des premiers contacts.