les gens parlent de méditation: mais que font-ils vraiment?

méditation

De nouveau dans ce merveilleux passage du livre l’ultime guérison de Nisargadatta paru aux éditions de Mortagne, Nisargadatta nous emmène au cœur de l’essentiel répondant à une question non moins essentielle mais naïve d’un auditeur qui comme beaucoup d’entre nous demande des recettes, un itinéraire détaillé pour aller vers la Réalisation ;
Comme tout Être Réalisé qui se respecte, Nisargadatta ne va pas dans son sens mais l’amène beaucoup plus loin que prévu au cœur de l’impensable.

A une époque où la méditation est prônée dans tous les magazines des kiosques de gare il est bon d’entendre un sage de cet acabit pour remettre les pendules à l’heure.

Question : Est-il possible de me dire quoi faire, étape par étape, pour m’approcher de la Réalisation ?

Nisargadatta : Pourquoi a-t-on besoin d’accomplir quelque exercice que ce soit, et dans quel but ?

Q : Alors il n’y a aucun exercice à effectuer ?

N:Vous demeurez confus tant que vous demeurez identifié à votre corps.
Même votre question, à savoir ce qu’il faut faire, procède de votre association au corps.
En tant qu’individu concerné par le corps, que ferai-je ? Voilà votre question véritable !
Tant que vous demeurerez identifié à votre corps, votre confusion se perpétuera.

Q : Oui, intellectuellement c’est clair. Mais lorsqu’un Être Réalisé dit que tout le monde est déjà réalisé, cela signifierait que je suis réalisé, mais que je ne le sens pas.

N : La personne qui affirme : « je ne le sens pas » est encore identifiée au corps.

Q : Alors je suis incapable d’exprimer ce que je ressens.

N : N’est ce pas quelque chose qui est présent et que vous utilisez ?
Sans cette Conscience, vous ne pourriez ni penser, ni faire quoi que ce soit.
Ce que vous utilisez est déjà présent.

Il n’y a aucun autre exercice à accomplir, sauf comprendre(c’est à dire vous le dire avec conviction) que c’est cette connaissance que vous êtes qui est elle- même la connaissance, et non la façon dont vous utilisez cette connaissance sur le plan individuel.
La connaissance elle-même est ce qui existe et elle doit demeurer pure en tant que connaissance ; vous devez demeurer séparé d’elle.
Cette connaissance que vous êtes s’est identifiée par inadvertance au corps, et vous croyez que vous êtes le corps.
Mais en fait vous êtes la connaissance.
Renforcez votre conviction que vous êtes la connaissance, cette qualité d’être, et non le corps.

Q : Comment y arrive-t-on ?

N : PAR LA MÉDITATION : DHYANA.
Dhyana signifie que la connaissance doit rester en méditation sur la connaissance.
Qu’est ce que la méditation ?
La méditation est la connaissance « je suis » qui demeure en cette connaissance.
Il y a l’état de veille, l’état de sommeil et la connaissance que vous êtes.
J’existe, je sais que j’existe .
Quel autre capital possède -ton- que cette simple connaissance : « je suis » ?

Q : J’en vois en effet l’importance car tout le reste change.

N: Sur quoi pouvez vous fonder vos questions ?
Tout ce que vous avez est la connaissance que vous existez.
A part cela quelle autre connaissance avez-vous ?

Q : Aucune connaissance, aucune autre connaissance !

N:Par conséquent, soyez en cela.
Ne présumez pas que vous êtes quelqu’un qui agit.
C’est tout ce que vous pouvez faire à cette étape, demeurez en cela.
Toutes les questions viennent par l’intermédiaire de votre mental et de votre corps, duquel vous devez vous séparer.
C’est la totalité du message : demeurez en cela !
Si vous pouvez accepter ce message, vous pouvez venir ici, parce que vous allez entendre répéter la même chose.
Mais si vous ne pouvez accepter cela, alors ne perdez pas votre temps.
Avez vous lu Ramana Maharshi et « JE SUIS » ?

Q : Continuellement : les livres de Ramana et ceux de Nisargadatta.

N : Vous avez donc une image claire de votre Nature véritable, de ce que vous êtes ?

Q : verbalement oui !

Q:Même si vous ne l’acceptez que verbalement, c’est déjà beaucoup !
Qui accepte ce qui a été dit verbalement ?
Ce qui accepte ce qui a été dit en mots, ce principe n’est-il pas séparé des mots ?

Q : Je suis encore une personne douée de mémoire. J’espère progresser au-delà de cela.

N : Qu’est ce qui vous fait considérer comme une personne?Votre identification au corps.
Cette personnalité individuelle va-telle durer ?
Elle va demeurer aussi longtemps que votre identification au corps ?
Mais quand il y a une conviction ferme que vous n’êtes pas le corps, alors cette individualité est effacée.C’est la plus simple des choses !
Dès que vous êtes convaincus de ne pas être le corps, alors automatiquement, instantanément, vous devenez le tout manifesté.
Vous assumez cette individualité à l’intérieur du tout manifesté tant que vous vous identifiez au corps.

Quand il n’y a aucune individualité, qu’est ce que celui qui médite, et qu’est ce que la méditation ?
Lorsque cette individualité n’est pas là : qui médite et sur quoi ?
Les gens parlent très librement de méditation mais que font-ils vraiment ?
Ils se servent de leur conscience individuelle pour se concentrer sur quelque chose.
Dhyana : méditer, c’est quand cette connaissance , cette connaissance que « je suis » médite sur elle-même, et non sur quelque chose d’autre qu’elle-même.

Q : Sur elle-même ?

N : En aucun cas la connaissance n’a de forme.

Q : Alors quand « je suis » se retourne sur lui-même, il revêt encore une forme, parce que c’est comme cela que je me vois maintenant.

N : Quand vous affirmez que vous devez vous asseoir pour méditer, la première chose à faire consiste à comprendre que ce n’est pas cette identification au corps qui s’assied pour méditer, mais plutôt cette connaissance « je suis », cette conscience qui s’assied et médite sur elle-même.
Quand ceci est bien compris, alors ça devient facile.
Quand cette conscience, cette présence consciente se fond en elle-même, l’état de samadhi s’ensuit.
Quand ce mana, buddhi, chitta, peu importe le nom, se fond en cet état, alors même la connaissance « je médite » est perdue ; ceci aussi se fond dans cet état.
C’est le sentiment conceptuel que j’existe qui disparaît et qui se fond dans l’être lui-même.

Cette connaissance se déploie et commence à avoir la connaissance de tout ce qui bouge et de tout ce qui ne bouge pas.
Cette connaissance commence à se connaître elle-même et qu’arrive-t’il finalement ?

SEULE LA PRÉSENCE CONSCIENTE DEMEURE : ceci veut dire qu’il n’y a que la présence consciente : ni « moi » ni « toi » ni rien !
Je le répète c’est une présence totale. C’est une manifestation totale : ni moi, ni toi, ni rien d’individuel !
Cette conscience qui est dans le corps et qui a, par conséquent présumé par erreur être le corps, prend graduellement conscience de sa nature véritable, qui est d’être seulement présence consciente sans aucun aspect individuel inhérent.
Finalement, elle se considère comme la présence consciente de la manifestation totale, et toute individualité est perdue.

PAR CONSÉQUENT : CE QUI COMMENCE COMME DE L’ÉGOÏSME( dans le sens individuel, comme identification avec l’individu) DEVIENT A LA FIN, LA CONNAISSANCE DU SOI EN TANT QUE PRÉSENCE CONSCIENTE.

Parmi tout ce qui arrive quand vous méditez, contemplez simplement les visions qui vous viennent, mais comprenez que vous n’êtes pas en train de regarder
IL N’Y A AUCUN « vous » EN TANT QU’ENTITÉ QUI EN EST LE TÉMOIN !
L’OBSERVATION A LIEU D’ELLE-MÊME.
Soyez simplement dans votre méditation et l’observation de ce qui doit être observé se déroule.
NE VOUS IMPLIQUEZ PAS VOUS-MÊME DANS L’OBSERVATION.
La lumière du jour luit dehors : nous la voyons et nous n’avons pas besoin d’émettre un communiqué :
«  ah ! Je vois la lumière du jour. »
nous ne sommes pas en train d’observer, l’observation prend place automatiquement.