La précieuse vie est utilisée pour passer le temps d’une manière ou d’une autre!

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Dans ce percutant passage, Nisargadatta fidèle à ses habitudes nous emmène au-delà du « JE SUIS » et de notre pseudo-connaissance.Si on lit et relit ses mots et en intègre toute leur substance, on ne peut que relativiser le théâtre de nos vies et au moins se mettre en route pour un changement radical de perspective.
Mais comme il le dit si bien : il ne fait que nous dire « ce qui est » comme tous les Êtres Réalisés d’ailleurs qui n’ont plus de temps à perdre pour développer des concepts creux.
Il nous dit « ce qui est »mais l’intégrer ou pas ne dépend que de nous !
Nous sommes si imperméables à la Vérité qu’elle doit être redite sans relâche, répétée, relue, digérée, et le travail est plus ou moins long selon l’épaisseur du mur de nos concepts.

Nisargadatta :Notre connaissance « JE SUIS »(conscience ) est une connaissance empruntée. Elle est vouée à partir.
Votre état il y a 100 ans , était similaire à votre état actuel de sommeil profond.
Il n’y avait pas de pensées dans ces deux états.
Donc essayez de rester sans pensée(méditation) aussi longtemps que possible, vous recevrez ainsi la véritable connaissance.

Auditeur : Qu’est ce que la véritable connaissance ?

N : Vous faites l’expérience du monde à cause de vos états de veille et de sommeil. Quand vous connaissez «  le pourquoi et le comment » de ces états , c’est la fin de toute votre recherche de connaissance.

A : Où irai-je à la fin de cette vie ?

N : Vous savez que vous n’êtes pas venu ici de quelque part. Vous êtes apparus sans le savoir et presque soudainement : vous disparaîtrez de la même manière.
Si vous êtes assez audacieux, vous pourrez dire « adieu » à la fin.
Tout comme votre monde a commencé avec la conscience, il finira aussi avec la séparation de la conscience.Votre être et le monde sont un. Tout comme le soleil et sa lumière, vous êtes le soleil et le monde est votre lumière.
Vous n’avez rien fait pour qu’apparaisse votre conscience et quand elle se sépare(à la mort) vous ne pouvez pas l’arrêter. Aussi ce n’est pas de votre ressort de vous en débarrasser

A : Le sentiment de connaissance est-il la même chose que la conscience ou le sentiment d’être ?

N : Oui c’est votre principal capital. Vous devez réfléchir au sentiment de connaissance, qui sait, et comment cela arrive. Tout ce qui est vu dans le sentiment de connaissance est la transformation de la connaissance. Tout ce que vous savez est en raison de votre sentiment de connaissance. Que pouvez-vous savoir sans lui ?
Les gens s’intéressent à ce qu’ils savent et non pas au sentiment de connaissance lui-même.
Quand vous arriverez à connaître le secret de ce sentiment de connaissance (son origine) vous atteindrez la plénitude et tous vos désirs cesseront.

Rappelez vous que vous n’êtes ni le connu, ni le sentiment de connaissance.

Aujourd’hui, je parle du sentiment de connaissance et je ne m’éloignerai pas de ce sujet. Je ne vous permettrai pas de revenir au niveau corporel.
Vous allez au théâtre et au cinéma, moi je n’y vais pas. Pourquoi ?
Parce que vous aimez votre sentiment de connaissance, mais vous ne pouvez pas le supporter sans vous occuper avec une chose ou une autre.

Afin de rester confortable vous devez occuper votre sentiment de connaissance .
Dans mon cas je n’ai pas besoin de mon sentiment de connaissance. De plus ce n’est pas un problème pour moi.
Je ne suis pas le sentiment de connaissance mais celui qui le connaît.
Avant l’apparition de ce sentiment de connaissance, y avait-il un besoin quelconque d’exister ou de continuer à exister ?
Tout comme le sentiment de connaissance a un début : il a une fin.
C’est comme un prisonnier condamné à la mort par pendaison : il ne reste plus qu’à fixer une date.

A : Quelle est la relation entre les cinq éléments et le sentiment de connaissance ?

N : Ils sont le contenu du sentiment de connaissance et ne peuvent pas exister indépendamment du sentiment de connaissance ;

A : Si la Vérité est si simple, comment sommes-nous encore dans des concepts ?

N : Cela relève de votre propre contribution. Mon travail est de vous dire « ce qui est ».
Comment vous le comprenez ou le comprenez mal, dépend de vous.

Vous recherchez une vérité simple rendue difficile. De ce fait vous ne pouvez pas vous empêcher de l’emballer dans vos propres concepts.

On peut excuser vos erreurs mais il y a des soi-disant « gurus » qui ne sont pas très différents de vous.Leur concept le plus cher est leur Brahman, ils sont impatients de partager leurs grandes découvertes avec leurs disciples.
La grandeur du « guru » n’est pas mesurée par sa Réalisation du Soi, mais par le nombre de ses partisans. Plus les partisans sont nombreux, plus le « guru » est grand. Je ne les accuse pas car ils ne savent pas qu’ils sont ignorants.
Leurs espoirs, désirs et envies sont une mesure de leur ignorance.
Comment le sans forme peut-il avoir un espoir ou un désir quelconque.

A : Pourquoi est-il si difficile de transcender tous les concepts ?

N : C’est votre goût et votre amour pour ces concepts qui vous y attachent. Vous attribuez la stature de Brahman à vos concepts ;

A : Mais pourquoi y a-t-il tant d’amour pour exister ?

N : Dans le cas de chaque être humain, ce qui naît est l’amour du moi, l’amour d’exister.C’est un signe d’ignorance .

La précieuse vie est utilisée par les êtres humains pour passer le temps d’une manière ou d’une autre.
La valeur de la vie est seulement comprise à la fin, quand il ne reste plus que quelques jours ou quelques heures. On demande au médecin de garder le patient en vie coûte que coûte.
Cet amour du moi disparaît quand le secret de la transition de l’état de « non-connaissance » à l’état de « connaissance » est découvert.
Un sage n’a pas d’amour du moi.
Donc il n’a pas besoin de gardes du corps, il laisse tomber le corps volontairement ce qui est appelé Maha Samadhi yogique, ou il le laisse à la nature, ou au destin.
Quels étaient votre nom, votre forme et votre qualité, il y a cent ans ?

A : Rien !

Ce passage est extrait du merveilleux livre paru en 2015 aux éditions DERVY :
« Être rien c’est Être tout. »