Savoir qu’il y a des signes : mais ne pas s’y arrêter !

 

 

 

De nombreux chercheurs chérissent la pensée magique et voient des signes partout. J’en ai connu pour lesquels c’était une véritable pathologie, qui en plus détruisait leur équilibre et la qualité de leur Recherche. Bernard ne nie pas qu’il y ait des coïncidences, qui jalonnent la voie du chercheur et leur nature peut faire penser parfois qu’elles sont plus que du hasard. Dans ce dialogue avec un chercheur axé sur ce sujet Bernard met en garde contre les excès de signes et replace les choses à leur juste place.

 A : Et est-ce que l’on peut se baser sur les coïncidences, sur les événements qui viennent, comme par hasard, alimenter ou permettre ce cheminement ? Et est-ce que l’on peut se fier à ça en disant : « Eh bien oui puisque les choses se font c’est que je suis sur le bon chemin » ?

B : Je n’aime pas trop le langage (je ne sais pas si vous le dîtes mais on l’entend souvent chez les chercheurs) quand on dit : « ça se fera si ça se fera ! », « ça arrivera si ça doit arriver » ,« ce n’est pas moi qui fait », ça n’a rien à voir avec cela.

A : Non mais je dirais simplement qu’il y a des coïncidences qui font qu’à un moment donné l’on va s’apercevoir : « Eh bien oui il faut que j’aille là » parce que c’est le moment d’aller là, parce que tout semble m’y pousser et cela devient facile.

B : Aidez-moi, je ne saisis pas bien ce que vous voulez dire.

A : En fait ce que je comprends dans ce que vous dîtes c’est qu’au cours d’une vie il y a des signes, il y a des clins d’œil.

B : Oui tout le temps, ce n’est que ça en fin de compte, on ne les voit pas bien mais il y en a sans arrêt. Alors si c’est ça que vous voulez dire : oui.

A : L’idée c’est toujours la même chose, c’est de savoir si dans sa recherche, l’on est à la bonne place.

B : Non il ne faut pas se le demander. Si on se le demande ça va être par rapport à quoi ? Sans faire exprès on compare, tiens, moi je fais ça, lui il fait ça. Quand on le fait, on pense que c’est bien mais en fonction de quoi va-t-on dire que c’est bien ou pas bien ? Sinon en comparant avec autre chose.

A : Mais souvent l’individu, il vient projeter des choses dedans.

B : Oui ça c’est la vie de l’individu, en fait.

A : C’est en observant les signes…

B : Non encore une fois, il ne faut pas s’arrêter à ça en fait : simplement savoir qu’il y en a. Savoir que plus on est passionné, plus on va vouloir cela, plus ça deviendra clair. Plus ça nous attirera à Elle en fait : Notre Vraie nature.

Mais essayer de distinguer des signes, ce serait perdre du temps. Parce qu’on peut se tromper, ce ne serait qu’une interprétation.

Non, il faut allumer le feu là-dedans comme le dit Johnny Hallyday. (Rires) C’est le feu qui nous remue intérieurement, notre vrai guide c’est ça. Si c’est intellectualisé ce ne sera pas ça. C’est vraiment dans le pressenti : une histoire d’Amour en fait.

A : Effectivement c’est qu’à un moment donné il n’y a plus de difficultés.

B : Jusqu’au bout il y a des doutes et des difficultés. C’est quand même l’individu qui cherche, autrement on ne chercherait pas et de plus l’individu cherche quelque chose qu’il ne peut pas trouver en fait. On cherche des réponses, on cherche quand même beaucoup avec l’intellect, si on passe du côté cœur, on va être pris par ça, ça va nous attirer à lui sans arrêt. De plus en plus fort en fonction de notre ferveur toujours. On en revient toujours à ça. Après il y a (c’est vrai ce que vous dîtes) les signes. Il n’est pas important de savoir si c’est déterminé, car on va toujours se tromper si on veut mettre des étiquettes.

A : Par exemple, concrètement moi je voudrais dire : « Je suis là avec vous, je vous entends, j’entends cette parole-là qui me pénètre, et je pense qu’il y a deux ans, j’aurais pu être là et ça ne se serait pas passé de cette manière-là. Donc ça n’aurait servi à rien que l’on se rencontre il y a deux ans ! »

B : Oui ça c’est vrai mais ça ne sert à rien ! Et c’est trop compliqué pour moi. (Rires) Je comprends ce que vous voulez dire mais ça n’a pas tellement d’intérêt, puisque maintenant vous êtes là et il y a deux ans c’est passé.

A : C’est juste ça : le hasard fait bien les choses.

B : Oui alors le hasard fait bien les choses. Oui vous avez raison mais plus vous serez passionné, moins vous serez concerné par ce que vous appelez le hasard ou quelque chose de cet ordre. La question ne viendra même plus d’elle-même en fait.

Désirer intensément au fond de vous-même, fusionner dans ce que vous pressentez, ça c’est vraiment le conseil d’une évidence.

En fait je me rends compte que ça me semble évident à moi, mais est-ce que ça l’est vraiment ? Après vous pouvez vous demander : « Tiens, j’aurais peut-être pu venir avant, est-ce que c’est un hasard ? » c’est inutile.

Plus vous aurez confiance plus tout semblera se faire de soi-même.

Je n’aime pas trop le terme abandon car il me rappelle de mauvais souvenirs chrétiens…(Rires) mais disons, confiance. Ensuite concentrez-vous sur vos modèles. Moi par exemple j’avais Ramana, Nisargadatta, Élisabeth, les trois comme je dis et finalement un jour (sans même se le dire avec des mots) on leur accorde notre confiance. Quand on voit Ramana, qu’on l’écoute, sur un DVD avec sa petite canne, ce n’est pas un Pape, il est tout nu avec un petit pagne et puis là derrière transparaît (enfin pour celui qui l’aime) quelque chose dont on se dit : « c’est ça que je cherche ! » Donc il y a une espèce de confiance qui va s’installer et avec l’Amour, ça va aller tout seul. Ou alors on va douter toute sa vie et on n’en finira pas. C’est vraiment une détermination qui va tout changer.