Une fois atteinte: la connaissance doit être abandonnée, car tout ce qui apparaît doit disparaître (Partie 4 de Siddharameshwar)

 

Dans ce quatrième extrait Siddharameshwar finit de décrire le cheminement du disciple pour arriver au-delà des quatre corps, c’est-à-dire en fait : Réaliser. Et à cette lecture on se rend compte à quel point le travail sur le mental est de première importance pour la mort du corps subtil qui lui-même s’est construit à partir de ce même mental : il ne peut donc se dissoudre que par lui. Cette démarche ne peut aboutir que par une pratique intense du chercheur qui peu à peu par cette détermination pourra dépasser tous les pièges prêts à resurgir. On pourrait s’attrister dans un ressenti primaire et superficiel d’avoir à faire mourir non seulement le corps physique , mais en plus les trois autres corps, mais la réponse du maître éclate lumineuse dans cette simple phrase :*
« Ces quatre corps se sont surimposés à la Pure Nature : ils doivent mourir ! »
Quel merveilleux voyage de retrouver sa Vraie Nature.

 

« Voyons maintenant comment la conscience elle-même mourra. Avant que la conscience du corps supra-causal ne disparaisse, les trois autres corps doivent mourir dans l’ordre, c’est-à-dire le corps physique, le corps subtil, le corps causal. Lorsque nous regardons un homme mourir, nous ne mourrons pas avec lui ! De même nous pouvons regarder calmement comment ces quatre corps meurent à l’intérieur de nous.

Voici un principe concernant la mort : « Lorsque la croissance s’arrête, la dissolution commence ». Une chose qui cesse de croître commence à se désintégrer et prend le chemin de la mort. Il n’y a rien de particulier à faire pour que le processus de la mort s’enclenche car la destruction est inhérente à la croissance. Dans la naissance il y a la mort et dans la mort il y a la naissance, c’est dans leur nature. Une chose qui naît meurt de sa propre mort même s’il semble y avoir d’autres causes, la racine de la mort n’est rien d’autre que la naissance.

Ces quatre corps se sont surimposés à la pure nature, ils doivent donc mourir. Comment meurent-ils ? C’est ce que nous allons voir.

En partant du principe que tout ce qui naît meurt, la mort du corps physique est inévitable. Et si ce n’est pas aujourd’hui ce sera au maximum dans 100 ans. Le corps croît jusqu’à l’âge de 25 ans, puis il commence à décliner pour s’avancer sur le chemin de la mort et un jour il meurt. Comme le corps grossier n’est que la forme physique du corps subtil, il n’a pas d’existence indépendante ou séparée. Un arbre dans sa forme physique n’est rien d’autre que le prolongement de sa graine qui est le corps subtil, et cet arbre finira par se dessécher. Le corps subtil est la graine de la naissance et de la mort, mais la graine ne se détruit pas aussi facilement que l’arbre. Sa propre croissance est énorme et si elle n’est pas détruite par l’effort conscient de l’homme, elle continuera de proliférer éternellement. Cette croissance devient la cause d’un nombre infini de formes physiques projetant ainsi l’être dans le tourbillon des vies successives. Tandis que la croissance du corps physique s’arrête automatiquement, le corps subtil continue de croître et c’est là que nous ressentons le besoin des conseils de l’Être Réalisé pour pouvoir l’arrêter.

Pour arrêter la croissance du corps subtil et de son cortège de rêves, de volontés et de doutes, il nous faut renoncer au désir. Les désirs, les rêves et les peurs sont produits par le mental et c’est également par le mental que nous pouvons les déraciner. Ce qui est créé par le mental ne peut être détruit par la main et inversement ce qui est créé par la main ne peut être détruit par le mental.

Quand nous essayons de supprimer ces désirs et ces rêves par la force, ils semblent se multiplier, le mental est si insaisissable que lorsque l’on essaye de le maîtriser, il s’agite de plus belle. Mais si vous essayez de vous apaiser intérieurement, petit à petit la volonté et le doute se dissoudront.

Nous comprenons sans peine ce qu’est la quiétude en observant les yeux d’un enfant endormi et avec quelle facilité il se laisse glisser dans le sommeil, s’oubliant lui-même ! C’est pour nous une bonne leçon de détente, et par le simple fait de l’observer, nous nous laissons glisser dans l’état d’oubli sans rêves, sans désirs ni inquiétudes Pour enlever une épine nous utilisons une autre épine, de la même manière le mental ne peut être brisé que par le mental. L’apparition et la disparition, la naissance et la mort sont les deux faces opposées d’un même état de conscience, lorsqu’une face apparaît l’autre disparaît et vice-versa. La mort se produit d’elle-même. Ainsi lorsque les constructions mentales sont anéanties, le corps causal se révèle sous la forme du pur oubli et le disciple a connaissance de cet état. Ici un doute peut subsister, car même si le mental est brisé et que l’état de pur oubli est atteint, ne peut-il pas ressurgir ? (le mental). En effet le mental ne meurt pas, la solution réside alors dans la pratique assidue du mantra donné par le maître. L’entreprise d’arrêter l’expansion du mental une fois commencée, le mental prendra inexorablement le chemin de la mort jusqu’à l’extinction totale, mais il faut persévérer dans la pratique du mantra. Quand un arbre commence à se dessécher, tous les efforts que l’on veut déployer pour le maintenir vert seront vains, il finira un jour par se déraciner et tomber. Le mental s’épuisera s’il est constamment freiné dans sa croissance, et il s’éteindra automatiquement, mais le disciple ne doit pas cesser de pratiquer.

Le corps causal se dévoile après la mort du corps subtil, mais voyons maintenant comment le corps causal, producteur du corps subtil, s’éteint lui-même. Lorsqu’un état apparaît de manière imprévue nous en faisons l’expérience, mais quand il se dissipe, nous n’en gardons pas le souvenir ; Lorsque cela se produit cet état est puissant et s’étend, mais dès que son flux décroît son souvenir s’efface. Après nous avoir un instant submergé, il se détériore et disparaît complètement.
Quand un homme épuisé par la chaleur du soleil se réfugie dans l’ombrage d’un arbre, inondé soudainement d’une paisible fraîcheur il pousse un soupir de satisfaction. Néanmoins un instant après, ce soupir est oublié et l’homme repose tranquillement sans faire attention à ce qui l’entoure.

Ainsi lorsque le plus subtil du corps subtil, avec son agitation et ses luttes, se résorbe, le corps causal sous la forme d’oubli et de vide paisible s’évanouit automatiquement. Quand cet état négatif est renié il n’en résulte que négation et pour l’anéantir point n’est besoin de l’épée de l’état positif : « Je Suis » car comme le disait Samartha Ramdas : « Le négatif est nié par sa propre négation. ». Quand l’état d’oubli (de vide) est dissous, l’état de connaissance Turya, quatrième état, dans lequel l’âme s’unit au Brahman, se dévoile.

Mais cet état de connaissance vient à l’existence en se nourrissant de l’ignorance et, bien qu’il développe une grande puissance, il devra également disparaître. UNE FOIS ATTEINTE LA CONNAISSANCE DOIT ÊTRE ABANDONNÉE, CAR TOUT CE QUI APPARAÎT DOIT DISPARAÎTRE, et comme l’ignorance, la connaissance est elle-même apparue. A la mort du corps supra causal, « cela » qui est inhérent aux quatre corps se dévoile, c’est PARABRAHMAN, le non né qui ne mourra jamais.

CELUI QUI VOIT LA MORT DES QUATRE CORPS DEMEURE ET CELA EST NOTRE VÉRITABLE NATURE. »

NB : Je rappelle que tous les textes cités de Siddharameshwar ont été publiés dans deux livres parus aux éditions « Les deux Océans » :

-La clef de la Réalisation de soi.

-Embrasser l’immortalité